Articles parus dans le bulletin "Démocratie Directe

Démocratie Directe Copyright Fortuner, 2005, 2006, 2007, 2008 – Publication irrégulière – ISSN : 1770-4529 Prix : 3 € – Abonnement : 10 € (4 numéros)
Directeur de la publication et impression : Renaud Fortuner, La Cure, 86420 Verrue, fortuner@orange.fr

 Année 2005
 Numéro 1
 Numéro 2
 Numéro 3
 Numéro 4
 
 Année 2006
 Numéro 5
 Numéro 6
 Numéro 7
 Numéro 8
 
Année 2007
Numéro 9
Numéro 10

Année 2008
Numéro 11
Numéro 12
Numéro 13
Numéro 14






 Numéro 1  Janvier 2005
 
 UN NOUVEAU BULLETIN, POUR QUOI FAIRE ?
 De récents événements m'ont prouvé que je n'étais pas fait pour la vie associative (ou qu'elle n'était pas faite pour moi). Ils m'ont également apporté la preuve que rares sont les gens qui s'intéressent aux discussions théoriques et idéologiques au point de lire les articles sur la démocratie que je publiais jusqu'ici dans le bulletin d'une autre association. J'ai donc décidé de créer un journal libre de toute attache associative afin de pouvoir me faire plaisir en discutant de thèmes qui me sont chers avec les quelques personnes qui s'intéressent à mes idées. Pour bien mettre les choses au clair, ce journal s'appelle "Démocratie directe". La démocratie directe est encore une utopie dans le cadre de la constitution actuelle de notre pays mais c'est en parlant qu'on arrivera  peut-être un jour à la mettre en œuvre. Bien entendu, le journal parlera également de participation et de durabilité, deux concepts bien réels et appliqués dès à présent un peu partout en France et dans le monde… pourquoi pas dans le Loudunais ?Je connais l'identité de quelques-unes des personnes intéressées mais d'autres lecteurs du bulletin de l'association "Verrue Quoi ?" y lisaient peut-être mes articles sans s'être fait connaître. Ce premier numéro sera donc distribué gratuitement à tous les membres de cette association et à tous les habitants de Verrue. La distribution gratuite à Verrue des numéros suivants (quatre par an j'espère) dépendra du nombre de personnes qui accepteront de m'aider à diffuser ce journal en s'y abonnant.  Il est évident que, au moins au début, je serai le principal rédacteur des articles que vous trouverez dans "Démocratie directe" : tout article non signé devra donc m'être attribué. Les pages du journal seront cependant ouvertes à toutes les personnes intéressées, qu'elles soient abonnées ou non, et le nom des autres auteurs d'articles ou de "lettres à l'éditeur" acceptés pour publication sera donc indiqué.J'ignore si ma tentative réussira : le nombre des abonnements me l'apprendra vite. En tout cas, elle me permettra enfin de parler sans entrave d'idées qui me travaillent depuis toujours. Renaud Fortuner
 
 LA DEMOCRATIE DIRECTE DANS UNE ASSOCIATION
 Le nouveau bulletin ne doit pas inclure seulement d'arides études idéologiques ; l'idéal de la démocratie directe y sera aussi présenté par des exemples concrets.Je connais ainsi un club dont certaines pratiques sont un modèle de participation. Par exemple, lors de l'assemblée générale, chaque membre peut proposer sa candidature au bureau du club. Après un vote symbolique, tous les candidats sont admis car le bureau n'est pas composé d'un nombre fixe de membres mais comprend tous les gens qui acceptent de consacrer au club une partie de leurs loisirs.L'avantage par rapport à la règle de mise dans la plupart des associations est énorme. Le bureau n'est pas composé de personnes élues qui en tirent un certain prestige social et un réel pouvoir au sein de l'association, il regroupe toutes les bonnes  volontés et les membres du bureau ne se distinguent des autres que parce qu'ils veulent bien travailler davantage.Les élus traditionnels devraient en prendre de la graine et se comporter, non comme des notables élevés par l'élection au-dessus du commun des mortels, mais comme des gens qui se dévouent au bien de la communauté.
 
 DE LA DISCUSSION BIEN COMPRISE  
 "La démocratie, c'est la majorité" disent certains. Ce n'est pas toujours juste. Si une action illégale est approuvée par la majorité, elle n'en reste pas moins illégale, qu'il s'agisse d'une action contraire aux lois, aux statuts d'une association ou aux principes fondamentaux de la moralité. De plus, la majorité peut parfois se tromper et prendre des décisions qui ne sont pas les meilleures pour atteindre le but recherché. C'est souvent le cas lorsque l'un des membres d'un groupe a pris l'ascendant sur les autres. Ces derniers ont tendance à le suivre sans vraiment s'interroger sur le bien-fondé de ses propositions. Je pense qu'il faut chercher l'origine de telles situations dans la façon habituelle de conduire les discussions. Lorsqu'une question importante se pose à un groupe de personnes et que plusieurs solutions sont possibles, l'un des membres du groupe donne son avis, les autres se forment immédiatement une opinion favorable ou défavorable sur la base d'une première impression subjective et irréfléchie. Les fortes personnalités manifestent leur opposition ou leur soutien, le ton monte, les plus timides n'osent pas faire entendre leur voix, d'autres, agacés par la discussion, se retirent dans le silence et on finit par accepter à contre-cœur un compromis qui ne plait à personne et qui est remis en cause à la réunion suivante. Pour avoir des discussions productives et moins acerbes, il suffit de faire exactement l'inverse.
1 - Partir d'une question et non d'une réponse
Si la discussion est lancée à partir d'une proposition ou de l'opinion de l'un des participants, les autres auront tendance à choisir immédiatement un camp sans avoir eu le temps de raisonner de manière objective. Une fois que quelqu'un a manifesté son choix, il va le défendre par tous les moyens, au mépris même des faits et de la logique. Se rendre aux arguments des autres est ressenti comme une défaite. Il faut au contraire commencer par poser une question et inviter les assistants à chercher ensemble une réponse.
2 - Le "remue-méninges" informel (brainstorming)
Pour commencer, le meneur de jeu (il en faut un) demande aux participants de dresser la liste de tout ce qui a trait à la question posée. Il laisse parler librement tous ceux qui le veulent mais, chose nouvelle, il inscrit sur un chevalet de conférence (un tableau peut faire l'affaire) les contributions de chacun en les classant dans les rubriques suivantes :- Les faits objectifs, avec deux sous-catégories : les faits connus et acceptés de tous et les faits inconnus ou controversés ;- Les opinions subjectives, qu'il s'agisse de préférences personnelles, de conflits perçus entre deux faits ou de toute autre contribution qui ne peut pas être démontrée objectivement.A ce stade, le meneur de jeu essaye d'écarter toute proposition de solution. S'il n'y arrive pas totalement, il inscrira les solutions proposées dans un coin du tableau et refusera de les discuter.
3 - La recherche des faits
L'un des avantages du tableau est qu'il permet d'éviter que les mêmes arguments ou faits soient répétés. Lorsque plus personne ne parle, plusieurs situations peuvent se présenter. Dans le cas le plus favorable, tous les faits sont connus et les déclarations inscrites au tableau permettent de supposer que l'assemblée s'est déjà mise d'accord sur le consensus à adopter. Il ne reste qu'à l'énoncer et à l'adopter. Si plusieurs solutions sont proposées,  il faut chercher s'il est possible de satisfaire tout le monde en les adoptant toutes, à condition qu'elles ne soient pas incompatibles. Dans le cas le plus fréquent, certains faits importants ne sont pas connus. Il faut alors interrompre la discussion et demander des volontaires qui se chargeront de trouver les données manquantes qui seront présentées lors de la réunion suivante.
4 - La seconde réunion
Une fois tous les faits connus et inscrits à la vue de tous, le meneur de jeu demande à chacun de mettre par écrit la réponse qu'il propose à la question posée. Le meneur de jeu ramasse tous les papiers et les lit à voix haute sans en citer l'auteur. Les différentes réponses sont classées et inscrites au tableau. On peut alors se retrouver dans le cas favorable évoqué plus haut. Si un consensus ou un compromis n'apparaît pas spontanément, il faut rechercher la cause profonde de cette divergence de vues. En effet, la plupart du temps, un désaccord apparaît, non parce que les divers membres du groupe ne raisonnent pas tous de la même façon sur des faits connus et acceptés, mais parce qu'il existe un conflit portant sur un point plus fondamental. A titre d'exemple, lors d'une discussion sur le bien-fondé de l'organisation d'une activité particulière par une association, un différend peut apparaître sur les buts et objectifs de l'association elle-même.Dans un tel cas, il faut impérativement interrompre la discussion en cours qui ne peut pas aboutir et lancer une nouvelle discussion portant sur la divergence de vue qui vient d'être découverte. Bien entendu, cette nouvelle discussion devra passer par les étapes qui viennent d'être évoquées : énoncé d'une question, brainstorming, recherche des faits, solution. On peut espérer que les conflits portant sur des points fondamentaux seront rares. Dans la majorité des cas, une réponse sera trouvée et, fait important et différence notable avec la méthode de discussion courante, cette réponse aura été découverte par l'ensemble du groupe. Il n'y aura plus ni vainqueurs, ni vaincus et le choix fait par tous ne sera plus remis en question. Les conflits irréductibles surgiront souvent lorsque différents membres du groupe ont une attitude ou des croyances différentes sur certains points (tels que l'importance à accorder à l'application stricte des principes démocratiques). Il faudra alors prendre une décision sur l'existence du groupe. La discussion structurée aura au moins permis de mettre les choses au clair.La méthode de discussion que j'évoque ici peut sembler lourde, comparée aux échanges habituels à bâtons rompus, mais le consensus peut se former très rapidement et surtout, élaboré par tous, il ne sera plus remis en question. L'emploi d'un tableau peut trop rappeler l'école à certains mais c'est une pratique très courante, aussi bien dans le monde des affaires que dans celui des sciences ou chaque fois qu'un groupe doit prendre une décision sur un sujet brûlant. Loin d'être une entrave à la liberté individuelle, cette méthode de discussion permet à tous de s'exprimer, même les plus timides, tout en interdisant à quiconque d'imposer ses vues en criant plus fort et plus longtemps que les autres. La recherche en commun d'une solution rapproche les membres du groupe au lieu de les diviser. La démocratie n'est plus la dictature de la majorité, c'est le consensus.
 
 DELIRES MUNICIPAUX  
 Ayant présenté ses vœux aux conseillers et aux nombreuses personnes venues assister à la séance du conseil municipal, le maire parla d'abord de l'étude de zonage. Les formalités administratives initiales étant achevées, il demanda au conseil de l'autoriser à faire effectuer par les experts les travaux qui permettront de définir les zones dans lesquelles il est techniquement possible d'installer la future station d'épuration. Une fois ces études achevées, une série de réunions publiques permettra de faire connaître leurs résultats aux habitants de la commune, puis de permettre à ces derniers de discuter des avantages et des inconvénients de chacune des options et de choisir la meilleure. L'attribution de noms à quelques voies de la commune a été un autre exemple de participation bien comprise. Les habitants concernés ont été consultés et, grâce à un "remue-méninge" très productif, une liste de noms de rues a été dressée. Elle sera soumise à un référendum. Quelques autres questions de gestion courante ayant été rapidement réglées, la séance officielle a été déclarée close et le maire a invité les personnes qui le souhaitaient à prendre la parole. La question du prochain départ à la retraite du boulanger de la commune a d'abord été soulevée. Le maire évoqua l'inquiétude de l'ensemble des habitants qui craignent de voir se fermer le dernier commerce du village et il déclara que le conseil allait rechercher activement un successeur. Le boulanger annonça alors qu'il avait trouvé un jeune couple prêt à reprendre l'affaire. Le maire s'en est réjoui et a promis de faire son possible pour que cette transition se passe dans les meilleures conditions. Le représentant de l'une des associations de la commune a alors annoncé une autre bonne nouvelle : l'organisation de séances de cinéma mensuelles. Il a indiqué au maire l'envoi prochain d'une lettre expliquant ce projet et demandant l'accès gratuit à la salle des fêtes pour ces séances qui profiteront à tous les habitants. Le maire l'a félicité de cette initiative et l'a assuré qu'il répondrait favorablement dès réception de cette lettre. Une conseillère ayant émis l'inquiétude de voir les autres associations du village réclamer elles aussi l'accès gratuit à la salle des fêtes, il lui a été répondu que si les autres associations étaient prêtes à se dévouer au bien de la communauté, il serait très heureux de les aider dans toute la mesure des possibilités.Moi, j'écoutais, heureux de voir la participation en action dans cette commune, heureux aussi de voir que les discussions se passaient dans le calme et en toute objectivité, sans les éclats de voix, les attaques personnelles, les déclarations grandiloquentes, les fausses sorties ridicules qui transforment trop souvent en pitreries méprisables ce genre de réunions…C'est à ce moment que le réveil a sonné. Je fais des rêves vraiment abracadabrants ces temps-ci et je perds le contact avec la réalité : il faudra que je me fasse soigner…
 
 LA DEMISSION D'UN MAIRE  
 Selon une information communiquée par une lectrice attentive, Geneviève Delachaume, le maire de Saint-Denis a annoncé sa démission prochaine au cours d'une interview accordée à France Inter, le 14 décembre dernier. La raison de cette démission explique pourquoi il en est fait état ici : le maire de cette commune démissionne parce qu'il a été élu président de sa communauté de commune.Les textes existants ne l'obligeaient pas à le faire et il est malheureusement légal d'être à la fois maire d'une commune et président d'une communauté de communes. Je dis malheureusement parce que, à moins d'être un saint, le président  sera naturellement tenté de favoriser sa commune, ne serait-ce qu'en y faisant financer par la communauté de communes des activités culturelles ou autres qui faciliteront sa réélection. Au cours de l'interview, le maire de Saint Denis a déploré que l'élection du président d'une communauté de communes ne se fasse pas au suffrage universel. Il n'est pas en notre pouvoir de changer la loi mais nous pouvons nous aussi regretter ce genre de dispositions. Qui sait ? Si l'opinion publique se prononce fermement contre le cumul absolu des mandats, les élus se décideront peut-être enfin à introduire ce concept dans la législation. Le maire de Saint Denis a également déclaré qu'il ne regrettait pas  d'abandonner sa mairie car, a-t-il dit, après 13 ans, des habitudes ont été prises, certaines bonnes, d'autres mauvaises : son successeur aura l'occasion de garder les bonnes et se débarrasser des mauvaises. Quel homme sensé et quel dommage que la loi ne limite pas la durée du séjour au pouvoir à tous les niveaux !
 
 APPEL AUX LECTEURS ATTENTIFS
Si vous vous intéressez à la démocratie sans pour autant vouloir écrire des articles, envoyez-moi les informations dont vous avez connaissance sur de bons ou de mauvais exemples de pratiques politiques. Elles seront publiées ici.
 
 ET VOUS VOULEZ QU'ILS VOUS AIDENT ?  
 Je collectionne des remarques ou des messages que l'on m'envoie de temps en temps. Un membre de Verrue Quoi, à un moment où j'essayais de nouer des liens entre l'association et la mairie de Verrue, m'a ainsi fait remarquer que l'association était issue de la liste "Démocratie Directe" présentée lors des élections municipales de 2001, que c'était donc une association "d'opposition", et il a conclu, comme si cela allait de soi : "Et vous voulez qu'ils vous aident ?"J'ai toujours trouvé cette attitude totalement anti-démocratique. Pour moi, elle consiste à dire que, une fois l'élection passée et les vainqueurs élus, la minorité n'a plus le droit de parler (ni d'être écoutée, ce qui revient au même). Le peuple, ce n'est pas seulement la majorité, c'est aussi la ou plutôt les minorités et même, c'est malheureux mais c'est ainsi, tous les extrémismes. Que la décision finale appartienne à celui qui a été élu, c'est normal dans le système actuel, mais que ce décisionnaire en profite pour ne tenir aucun compte de l'opinion et des désirs des minorités, ce n'est plus de la démocratie, c'est de la dictature.La remarque que j'ai citée montre que cette attitude est malheureusement bien ancrée et qu'elle est acceptée même par ceux qui en pâtissent. Il sera donc difficile de la faire évoluer mais il est indispensable d'essayer.
 
 POURQUOI L'AUBEPINE ?
J'espère que vous avez admiré dans l'en-tête du bulletin le symbole de Démocratie Directe : une fleur d'aubépine dessinée par mon fils, Aimery. Pourquoi l'aubépine ? C'est une fleur de chez nous, très commune dans les haies (quand il en reste) et pourtant très belle, d'une beauté naturelle puisque l'aubépine, c'est un peu l'ancêtre de la rose sans toutes les fioritures artificielles infligées à cette dernière.Mais surtout, la fleur d'aubépine, c'est cinq pétales égaux mais séparés. Cinq individus égaux et indépendants qui, unis, font une fleur merveilleuse dans sa simplicité : que pouvait-on trouver de mieux comme symbole de la Démocratie Directe ?

 

Numéro 2  Avril 2005

POUR DIALOGUER IL FAUT ETRE DEUX
La presse communale (Bulletin Verrue Quoi n° 21, page 5) a récemment fait état d'une interview accordée par Monsieur Abelin, député dont la circonscription inclut la commune de Verrue. A une question portant sur l'application de la démocratie participative dans une commune comme Verrue, M. Abelin a répondu que "Le conseil municipal dans une petite commune est déjà une bonne forme de démocratie participative" et que "avec un conseiller municipal pour une trentaine d'habitants (…) il est aisé pour le citoyen de Verrue qui en a la volonté d'intervenir par l'entremise de l'un de ses représentants au conseil municipal". Il est un fait que Monsieur Abelin, lui, joue le jeu de la participation. Je peux en témoigner car je corresponds avec lui depuis que je lui ai signalé dans le calcul des retraites une erreur technique qui se traduit par une injustice pour certaines personnes. Monsieur Abelin a déjà interpellé deux fois le Ministre responsable et je ne désespère pas, avec son aide, d'arriver à faire modifier la loi. La situation est tout autre dans notre commune. J'ai rendu compte ailleurs (voir le bulletin Verrue Quoi n° 13, page 4) de l'échec de mes tentatives de collaboration avec la municipalité à qui je demandais de soutenir diverses activités qui auraient été bénéfiques pour Verrue (balisage de sentiers en forêt, télétravail, etc.). Comme je l'expliquais dans l'article de juin 2003, après un entretien assez cordial, j'ai finalement appris que "la mairie n'était pas partie prenante pour ces deux projets". J'ai fait une nouvelle tentative en novembre 2004 en signalant au Maire l'existence de solutions techniques qui pourraient permettre d'installer le haut débit Internet sans attendre le bon vouloir de France Télécom. Cette lettre n'a jamais reçu de réponse. Il n'est donc pas possible de se reposer sur les élus pour mettre en oeuvre la participation car rien ne les oblige à écouter les suggestions de leurs administrés, encore moins à les entendre. Même si c'était le cas, une telle écoute ne suffirait pas. En effet, la participation ne se limite pas à écouter les doléances ou les commentaires des personnes qui ont la volonté d'intervenir. La participation, c'est la pierre angulaire du développement durable qui, au-delà de la bonne gestion des ressources naturelles, exige que ce soit l'ensemble de la communauté qui adopte les projets pour mieux les porter. En effet, si un projet n'est pas soutenu activement par tous les habitants d'une région donnée, il a peu de chances de durer. Ce soutien actif ne peut être obtenu que si les personnes en question ont participé à toutes les étapes du projet, depuis sa conception. Les élus doivent écouter les gens qui ont quelque chose à leur dire, c'est évident, mais ils doivent aussi faire en sorte que la majorité silencieuse puisse s'exprimer. J'ai décrit ailleurs (bulletins Verrue Quoi n° 9, page 8, n° 14, page 5, n° 15, page 7, n° 16, page 5, etc.) comment il serait possible de créer un climat permettant à l'ensemble de la population de participer réellement à toutes les grandes décisions. J'y reviendrai ici à l'occasion puisque, c'est évident, le message n'est pas passé. En attendant, en dépit de l'optimisme manifesté par Monsieur Abelin dans l'article cité plus haut, il est évident que l'application de la participation à Verrue ne passe pas par les élus. La question qui lui avait été posée reste donc sans réponse : comment dialoguer avec les élus quand ils se bouchent les oreilles ?
 
FAUT-IL S'EN REMETTRE AUX EXPERTS ?  
On parlait déjà l'année dernière du référendum sur la constitution européenne. Un lecteur attentif, Monsieur Provost, maire de Coussay, m'a transmis un article de la Nouvelle République dans lequel une lectrice se demande si elle sera assez compétente pour juger du bien-fondé du texte proposé. Elle considère que ceci est du ressort des "techniciens", c’est-à-dire des parlementaires qui la représentent. "Après tout, écrit-elle, ce sont eux et les partis politiques qui nous diront ce qu'ils en pensent et ce sera en fonction de leurs avis et des sensibilités qui s'exprimeront que nous nous déciderons".Quelle incroyable démission et quelle atteinte à l'idéal de démocratie et de participation ! Que les aspects techniques de la constitution soient du ressort des techniciens, c'est évident, mais ces aspects techniques ne sont que des solutions qui permettent d'atteindre un certain but. Ce but, cet espoir que représente la construction européenne, c'est quelque chose qui doit être choisi par chacun de nous. Ce n'est qu'une fois le but à atteindre défini qu'il faudrait faire intervenir les experts. En fait, dans le monde idéal, il faudrait que des questions aussi importantes que l'Europe soient définies au cours d'une longue discussion à laquelle participeraient tous les citoyens et qui serait facilitée par les experts, le rôle de ces derniers se limitant à expliquer le domaine des choses possibles et les conséquences des divers choix.Dans la réalité, que se passe-t-il ? Ce texte est long et complexe mais lisible. Cependant, les citoyens n'ont pas été préparés à le lire et certains concepts n'ont jamais été expliqués (tels que la différence entre une fédération et une confédération). D'autre part, certains politiciens se servent du référendum pour satisfaire leurs ambitions personnelles et certains électeurs risquent de profiter du vote pour exprimer leur mécontentement en oubliant l'importance de l'enjeu. Qu'allez-vous répondre à la question qui sera posée lors du référendum ? Allez-vous suivre les consignes d'un homme ou d'un parti politique ou allez-vous décider par vous-mêmes ? Vous ne disposez peut-être pas de toutes les informations mais vous en savez assez pour répondre à la vraie question : êtes-vous pour ou contre l'intégration européenne ?

LE REFERENDUM EUROPEEN
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez demander un résumé de 28 pages au 08 10 20 05 25 (prix appel local) ou consulter ces sites :www.constitution-europeenne.fr/  www.vie-publique.fr/actualite/dossier/constitution_europeenne/ Si vous n'avez pas accès à Internet, voici la liste des principaux arguments des partisans du non et du oui :
Pour le NON :
1. Le traité constitutionnel est un pas vers un Etat fédéral européen
2. Le traité diminue les pouvoirs des parlements nationaux sur le plan des lois, de la politique étrangère, de l'emploi, de l'immigration, de l'économie, etc.
3. Le traité risque de déstabiliser l'OTAN, seule organisation armée capable de résoudre les conflits internationaux (ça, on sait d'où ça vient : ça va Bush, retire ta fausse barbe, on t'a reconnu !).
4. Le traité n'accorde pas suffisamment de pouvoirs aux citoyens.
5. La constitution européenne n'est pas modifiable
5a. Le traité "fige dans le marbre" une Europe néo-libérale.
6. Le traité est un leurre pour éviter d'interroger les citoyens sur l'entrée de la Turquie.
Pour le OUI :
1. Le traité consolide l'Union européenne.
2. Le traité reconnaît un rôle aux parlements nationaux qui peuvent proposer de nouvelles lois. Il respecte l'identité et les "fonctions essentielles" des Etats membres.
3. La création du ministère européen des affaires étrangères et le renforcement de la coopération militaire (en attendant l'armée européenne) permettront à l'Europe de tenir sa place sur la scène internationale et de faire équilibre à la super-puissance américaine.
4. Le droit d'initiative populaire permettra aux citoyens de soumettre des propositions de lois (pétitions ayant recueilli plus de un million de signatures).
5. Même Giscard d'Estaing reconnaît que le texte est susceptible d'être amélioré.
5a. Le néo-libéralisme sévit déjà, avec ou sans Europe : rien n'empêche de lutter contre lui au sein de l'Europe.
6. La question de la Turquie n'est pas évoquée dans le projet de constitution et l'adoption du traité n'empêchera pas un débat sur ce point à l'avenir.
 
POLITIQUE ETRANGERE EUROPEENNE  
Voici la traduction du début d'un article paru dans le International Herald Tribune du 19 février dernier. "Quand le Président George W. Bush arrivera ce week-end, il sera confronté à un aspect du grand projet européen qui obtient habituellement moins d'attention que la monnaie commune ou le marché unique : une politique étrangère européenne commune."L'un des principaux architectes de la nouvelle politique, Robert Cooper, la décrit de cette manière : "Ce n'est pas la realpolitik" [Politique internationale basée sur des rapports de force et des possibilités concrètes sans influence idéologique]."Cooper a participé à l'élaboration de l'idée d'un "impérialisme libéral volontaire" : l'Union européenne persuade des pays d'adopter ses manières paisibles et démocratiques, non par une conquête armée mais en offrant un accès à ses marchés, ses budgets d'aide ou même le prix suprême que sont l'admission et l'entrée dans ses conseils. "C'est un style de politique étrangère non organisée qui cherche à changer le monde de manière autre que par une confrontation ou un conflit. C'est une philosophie, comme Bush le découvrira peut-être pendant sa visite, qui s'oppose à la pensée U.S., du moins dans son incarnation néo-conservatrice actuelle."Il y a quelque chose que les gens perçoivent dans l'U.E. : sa paix et sa prospérité, son idée d'une communauté de démocraties", a déclaré Cooper. (etc.)

UN EXEMPLE A NE PAS SUIVRE : LE SYSTEME ELECTORAL AMERICAIN
Vous vous êtes peut-être posé des questions en novembre dernier sur la façon dont était élu le président des Etats-Unis et vous vous êtes demandé comment il arrivait parfois que le candidat choisi par la majorité des votants ne remporte pas l'élection. La raison en est le vote en deux étapes appliqué là-bas. Les citoyens de base ne votent pas en novembre pour un des candidats mais pour élire 538 "grands électeurs" qui, eux, votent le mois suivant pour choisir le nouveau président. Les Etats-Unis comportent actuellement 50 Etats et chaque Etat dispose d'un certain nombre de grands électeurs en fonction de sa population. Par exemple, la Californie, avec plus de 11 millions d'électeurs, dispose de 55 grands électeurs tandis que l'Alaska (240 000 électeurs) n'en a que 3. Il faut savoir aussi que l'élection des grands électeurs est du type "tout ou rien" : le candidat qui obtient la majorité des voix dans un Etat remporte tous les grands électeurs de cet Etat. Bush a obtenu 60 608 582 voix qui lui ont donné 286 grands électeurs tandis que Kerry n'a eu que 57 288 974 voix et 252 grands électeurs. Maintenant, rêvons. Supposons que 107 568 électeurs du Colorado, 21 568 électeurs du Nevada et 6 048 électeurs du Nouveau Mexique aient changé d'avis et voté Kerry au lieu de Bush. Ce dernier aurait encore eu une majorité importante de voix sur l'ensemble du pays, 60 473 398 contre 57 424 158 pour son adversaire, mais Kerry aurait empoché les 19 grands électeurs de ces trois Etats et il serait devenu Président. C'est ce qui s'est passé en 2000 : Al Gore a eu 500 000 voix de plus que Bush mais c'est ce dernier qui a été élu.Ce système absurde remonte à la naissance des Etats-Unis quand il a été choisi pour s'assurer que l'élection du président ne soit pas soumise aux "passions de la populace". On ne faisait pas confiance aux citoyens ordinaires pour décider qui dirigerait le pays, tout ce qu'on leur permettait, pour leur faire croire en la démocratie, c'était de choisir des notables qui, eux, pourraient faire ce choix entre gens comme il faut. Les Américains ont horreur de toucher à leur constitution, c'est ce qui explique que ce système archaïque et parfaitement anti-démocratique persiste de nos jours mais des craquements se font entendre et il est question d'introduire une répartition proportionnelle des grands électeurs dans chaque Etat. Il faudra encore attendre pour que soit abandonné le principe même d'une élection à deux étages. Ces Américains quand même ! Ce n'est pas chez nous qu'on verrait des élus, des sénateurs par exemple, être choisis non directement par les citoyens ordinaires, par vous et moi donc, mais par des notables, des gens biens non soumis aux passions de la populace, des maires, des conseillers généraux et des députés par exemple…
 
LE COMPLEXE MILITARO-INDUSTRIEL  
Intéressante émission le 15 février dernier, sur Arte qui démontait les rouages du "complexe militaro-industriel" aux Etats-Unis. Il s'agit d'une alliance de fait entre les grandes sociétés qui travaillent pour la défense, les militaires et les politiques. Les unes veulent vendre toujours plus d'armes, les autres veulent de l'avancement et les politiciens s'empressent de les satisfaire en inventant des guerres dont l'Irak n'est que l'exemple le plus récent et le plus éhonté. L'existence de ce complexe est un fait bien connu, il a même été annoncé par Eisenhower qui a déclaré à la fin de son mandat de Président : "La présence simultanée d'un énorme secteur militaire et d'une vaste industrie de l'armement est un fait nouveau dans notre histoire. (…) Dans les organes politiques, nous devons veiller à empêcher le complexe militaro-industriel d'acquérir une influence injustifiée, qu'il l'ait ou non consciemment cherchée". L'histoire américaine récente nous montre que l'avertissement d'Eisenhower n'a pas été écouté.Et nous, en France ? Nous n'avons pas de complexe militaro-industriel et nous n'avons plus le poids international suffisant pour déclencher des guerres mais ceci ne veut pas dire qu'il n'existe pas une collusion entre le monde industriel et le monde politique. Chez nous, on appelle ça la "pompe à fric". Le procès Elf en a récemment démonté les rouages : Elf construit des installations en Afrique en faisant un devis nettement surévalué, disons 100 millions de francs pour fixer les idées. Les installations sont construites au coût réel, disons 50 millions de francs. Quelques années plus tard, les responsables africains annoncent que leur pays est incapable de payer cette dette. Dans un grand geste de générosité envers les pays défavorisés, la France annule la dette de 100 millions de francs. Le budget de l'Etat, c'est à dire votre argent, contribuables mes frères, couvre donc le montant total de la facture, soit 100 millions de francs. Cinquante millions vont régler les dépenses réelles de la construction et les cinquante autres disparaissent… Dans le passé, ces pratiques servaient au financement occulte des partis politiques. Ce financement est maintenant assuré de manière plus ouverte paraît-il (bien que l'argent vienne toujours de votre poche) mais la "pompe à fric" a-t-elle pour autant cessé de fonctionner ?

L'INITIATIVE POPULAIRE
L'article I-47 du projet de constitution européenne introduit un progrès considérable de l'idéal de démocratie participative. Il prévoit la possibilité de soumettre à la Commission européenne une proposition de loi dès que cette proposition a réuni un million de signatures de ressortissants d'un certain nombre de pays membres. Bien sûr, les partisans du non ont eu tôt fait de dire que cet article n'allait pas assez loin car la Commission peut refuser de donner suite à la pétition. Cependant, si une pétition recueille des dizaines de millions de signatures, comment la Commission pourrait-elle refuser d'en débattre ? J'admets qu'il aurait été préférable d'adopter un système ressemblant à celui qui est pratiqué en Californie et dans d'autres Etats américains. Là, les pétitions qui ont recueilli un nombre suffisant de signatures sont présentées aux citoyens lors de l'élection suivante. En Californie, lorsque vous allez voter pour le Président, le gouverneur de l'Etat, votre sénateur ou votre représentant, vous devez aussi donner votre avis sur un certain nombre de propositions. Celles qui obtiennent plus de 50 % de "yes" sont adoptées. L'article I-47 reste très en deçà d'un tel système, c'est vrai, mais il ouvre un droit européen qui n'existe même pas dans notre propre constitution. Ne ratons pas cette possibilité qui nous sera ouverte d'engager enfin un débat sur des questions encore tabou : la taxe Tobin, les OGM ou les droits des salariés, pour n'en citer que quelques-unes.
 
SEMI-MARATHON DE VERRUE
La troisième édition du semi-marathon de Verrue aura lieu le dimanche 8 mai. Rendez-vous sur la Ligne Verte à Genéton à 9 h 30.

Numéro 3  Juillet 2005

 APRES LE 29 MAI…
J'ai mal à l'Europe mais je ne veux pas m'écarter de la ligne de conduite que je me suis fixée pour rédiger "Démocratie Directe" et je vais essayer de n'examiner que les aspects purement idéologiques de l'échec du référendum. Si certains lecteurs attentifs trouvent que je n'ai pas respecté ce contrat, qu'ils n'hésitent pas à me le dire. On peut en effet tirer de cette consultation populaire plusieurs enseignements sur la manière dont la démocratie est vécue dans notre pays et je vais en examiner quelques-uns, en particulier la confusion faite par beaucoup entre les exercices pourtant bien différents que sont le plébiscite et le référendum, les mensonges qui ont faussé le processus démocratique et quelques autres points que je vous laisse découvrir. J'ai ajouté un petit rappel historique car "tout peuple qui ignore son passé est condamné à le répéter."Je reviendrai dès le prochain numéro à des sujets moins brûlants.

 REFERENDUM ET PLEBISCITE
Lors de la campagne sur la constitution européenne, Martin Schulz, chef du groupe socialiste à l'assemblée européenne s'est vu répondre par une personne qu'il interrogeait dans la rue : " Je vais voter non parce que Raffarin m'a volé mon lundi de Pentecôte !" (Le Monde). Au-delà de l'anecdote, cette réponse montre bien que beaucoup de gens ont voté non parce qu'ils n'étaient pas contents de la politique française actuelle. D'après une enquête auprès de personnes qui venaient de voter le 29 mai, 52 % de celles qui ont voté non l'ont fait en pensant "plutôt aux problèmes nationaux" qu'à l'Europe.On peut comprendre que des gens mal payés ou au chômage, incapables de joindre les deux bouts, expriment leur désespoir et leur colère par tous les moyens, y compris lorsqu'on leur pose une question sur une constitution  européenne, qui n'a donc rien à voir avec la politique française du moment.Il ne faut cependant pas confondre deux choses bien distinctes : le référendum et le plébiscite. Le plébiscite, c'est le vote direct du corps électoral par oui ou par non sur la confiance à accorder à l’équipe au pouvoir. Le référendum c'est le vote direct du corps électoral par oui ou par non sur une mesure qui lui est proposée ou sur une question qui lui est posée. Les deux ont souvent été considérés comme des modes de mise en œuvre de la démocratie directe, et le présent bulletin ne peut donc que les approuver a priori, mais ils sont malheureusement trop souvent dévoyés.Le plébiscite est discrédité car il a permis à des hommes sans scrupules  de prendre le pouvoir ou de s'y maintenir. Sa large utilisation dans la France napoléonienne, l'Allemagne nazie ou l'Espagne franquiste ne contribue pas peu à ce désaveu. Plus fondamentalement, il faut bien voir que le plébiscite ne demande pas aux citoyens ce qu'ils veulent mais qui ils veulent. Sous couvert de démocratie directe, il ne leur permet en fait que de se choisir un maître.Tout autre est le référendum qui permet aux citoyens de s'exprimer. Malheureusement, il est rarement bien employé. Bien des référendums dans l'histoire ont été des plébiscites déguisés. Le plus célèbre est celui que Napoléon III organisa en mai 1870 et qui demandait aux Français d'approuver à la fois la politique de l'Empereur et une
réforme de la constitution faisant des concessions à l'opposition. Le référendum, boudé par la IIIème et la IVème républiques est remis au goût du jour par De Gaulle qui s'en sert pour raffermir son pouvoir. En 1969, lors du référendum sur la régionalisation, il annonce qu'il démissionnera en cas de victoire du non. La suite est édifiante : le non l'emporte, De Gaulle démissionne, et le Président suivant (Pompidou) met en place la régionalisation sans que les électeurs s'en offusquent ! Le plébiscite a donc échoué mais la question effectivement soumise au référendum a été acceptée. Quelle salade !Le référendum du 29 mai évitait tous ces obstacles : absence de crise, simple constatation de la poursuite d'une évolution qui dure depuis 50 ans, absence de conflit entre les partis, puisque les quatre principales formations politiques étaient d'accord (UMP, UDF, socialistes et verts) mais ça n'a pas empêché les dérapages puisque, nous l'avons vu, beaucoup de gens ont voté non pour voter contre Chirac. Que s'est-il passé ? Je crois que les responsables politiques n'ont pas fait leur travail et n'ont pas expliqué aux gens la différence entre référendum et plébiscite. Il se peut que certains l'aient fait sciemment ("vous n'allez quand même pas voter comme Chirac") mais quand le non a pris de l'avance les partisans du oui se sont montrés incapables de réagir et sont restés dans l'optique habituelle des luttes entre les partis (ou des luttes d'influence entre responsables à l'intérieur d'un parti). Les responsables qui ont essayé de présenter un front uni se sont fait taper sur les doigts. Après la victoire du non, de nombreuses voix se sont élevées pour demander la démission de Chirac, qui s'en est tiré en changeant de gouvernement. Je n'ai rien contre le départ de Raffarin mais ce n'était pas le moment. Cette décision conforte dans l'esprit des Français l'idée que la question qui leur était posée était : "Faites-vous confiance aux hommes qui vous gouvernent ?"On peut espérer qu'une nouvelle consultation sera organisée un jour sur l'Europe (je suis optimiste de nature) et que vous aurez de nouveau à répondre à une question. Tout ce que je souhaite, c'est que tout ceux qui voteront non le feront pour des raisons valables et non parce qu'ils auront une fois de plus confondu référendum et plébiscite.
 
 "[En Suisse] le référendum se présente encore aujourd’hui sous un jour particulièrement heureux. Véritable « école de civisme », il permet aux électeurs de se prononcer sur des questions concrètes, nettement posées, excluant tout malentendu. Le choix effectué n’implique ni approbation ni rejet de la politique générale du gouvernement. Respectueux de ces règles, les partis politiques donnent rarement des consignes de vote. Par ailleurs, tout est mis en œuvre pour faciliter la tâche des électeurs et leur libre détermination." (Encyclopaedia Universalis, article "Référendum et plébiscite").
Heureux Suisses !… mais ils ont peut-être reçu une éducation civique digne de ce nom.

 L'INITIATIVE POPULAIRE AUX ETATS-UNIS
Le Monde du 7 juin nous apprend que le SMIG américain, bloqué dans l'ensemble des Etats-Unis à 5,15 dollars (4,22 euros) de l'heure depuis huit ans, a été récemment augmenté localement par 18 Etats : il a été porté par exemple à 7,35 dollars dans l'Etat de Washington. Des augmentations similaires adoptées au parlement dans d'autres Etats ont fait l'objet du veto de gouverneurs républicains comme Arnold Schwarzenegger, en Californie. Ce qui est passionnant du point de vue de la démocratie directe, c'est que des pétitions circulent dans ces Etats pour soumettre des "référendums d'initiative populaire" au vote des citoyens lors des prochaines élections, en 2006. D'après les sondages, le résultat ne fait pas de doute puisque 86 % des personnes interrogées sont favorables à une hausse du SMIG.Voici donc un exemple concret du pouvoir que donne aux citoyens ordinaires ce type de référendum inexistant en France mais que le projet de constitution récemment refusé aurait pu introduire en Europe.
Dommage…
 
LE POIDS DES MENSONGES  
Le référendum du 29 mai et les discussions passionnées qui l'ont précédé sont parfois présentés comme "une grande victoire de la démocratie". Il est vrai que les citoyens ont été consultés directement et qu'ils ont pu faire leur choix en toute liberté. Mais ont-ils vraiment choisi en toute connaissance de cause ? "Les uns disent une chose, les autres disent l'inverse, on n'y comprend plus rien." Combien de fois a-t-on entendu cette plainte au cours de la campagne ? Partisans et adversaires du projet interprétaient les mêmes articles de la constitution de manière totalement opposée. Il est trop tard maintenant pour convaincre qui que ce soit mais on peut au moins rappeler trois points précis qui permettront de déterminer qui s'était trompé… ou avait délibérément menti.
Le Plan B
Il a été dit que voter non allait permettre de mettre en œuvre un "Plan B" consistant en l'élection d'une Assemblée constituante chargée d'élaborer une constitution plus sociale et plus démocratique. Les partisans du oui ont dit qu'il n'y aurait pas de plan B et qu'il est illusoire d'espérer la réunion d'une telle Assemblée constituante. Maintenant que le non l'a emporté, on va pouvoir savoir qui avait raison : Dans les deux années à venir :- une assemblée constituante va-t-elle être réunie ? - un nouveau projet "plus social et plus démocratique" va-t-il être élaboré et accepté par les 25 pays européens ?- ou bien va-t-on assister à un replâtrage des institutions existantes mettant l'accent sur les aspects purement économiques de l'Europe ?
La Turquie
Certains partisans du non, Philippe de Villiers en tête, ont dit que voter oui, c'était faire entrer la Turquie dans l'Union européenne. L'hostilité de beaucoup de Français envers ce pays a donc incité certaines personnes à voter non. Rendez-vous le 3 octobre, date à laquelle doivent commencer les discussions concernant une éventuelle entrée de la Turquie : - soit ces discussions n'ont pas lieu et Philippe de Villiers avait raison,- soit elles ont lieu en dépit de la victoire du non et Philippe de Villiers est un gros menteur. Remarquez qu'il sera peut-être sauvé par le gong car la Turquie commence à se demander si ça vaut le coup de rejoindre la pétaudière qu'est devenue l'Europe et s'il ne vaudrait pas mieux pour elle se tourner vers les Etats-Unis !
La directive Bolkestein
Les partisans du non ont fait un lien entre la constitution et cette directive (libéralisation des services) et ont prédit une invasion de plombiers polonais si le oui l'emportait. Il faudra voir si, comme le disaient leurs adversaires, cette directive revient sur le tapis en dépit du rejet de la constitution. Je sais que les peuples ont la mémoire courte et que les mensonges des politiciens sont oubliés d'une élection à la suivante. Comptez sur moi pour vous tenir au courant !

 PETIT RAPPEL HISTORIQUE
19 juillet 1948 : la France (Georges Bidault puis Robert Schuman) propose la création d’une Assemblée européenne élue au suffrage universel et dotée de pouvoirs supranationaux. Les Anglais sont contre.
9 mai 1950 : Pour désamorcer un conflit latent entre la France et l'Allemagne au sujet de la Sarre, la France (Jean Monet) propose une Communauté européenne du charbon et de l’acier.
Octobre 1950 : la France (René Pleven) propose la création d'une armée européenne groupant les Six de la C.E.C.A. 27 mai 1952 : signature à Paris du traité sur la Communauté européenne de défense (C.E.D.) 30 août 1954 : l'Assemblée nationale française refuse de ratifier ce traité. Le "non" au traité regroupe les gardiens de l'indépendance nationale (à l'époque, c'était les gaullistes du R.P.F.) et ceux qui refusent la création d'une "Europe des trusts" (les communistes)
1-3 juin 1955 : la conférence de Messine relance la construction de l'Europe en proposant la création d'un "marché commun" purement économique.
2005 : la France (Giscard d'Estaing) propose un projet européen comportant à la fois un certain nombre d'avancées sociales et un premier pas vers l'intégration politique. Les Anglais sont contre.
29 mai 2005 : en France, les gardiens de l'indépendance nationale et ceux qui refusent une Europe "libérale" votent non.
18 juin 2005 : les dirigeants européens décident de faire une "pause" dans la construction européenne et de revenir à une intégration purement économique.
2055 : la France …
 
QUESTIONS A UNE PERSONNE DE GAUCHE QUI A VOTE NON
Parmi tout ce qui s'est dit à l'occasion de ce référendum, j'avoue que le "Plan B" que doit permettre la victoire du non me plonge dans des abîmes de perplexité. (Je rappelle que le Plan B n’a jamais été clairement défini par ceux qui l’annonçaient mais il semble passer par l’élection d’une assemblée constituante qui serait chargée de rédiger un nouveau projet de constitution.) Chacun est libre de voter comme il l’entend, bien sûr, mais je voudrais comprendre et j’espère qu’une personne de gauche ayant voté non acceptera de répondre.
La question principale est : Croyez-vous encore au plan B ?
Une réponse positive entraîne aussitôt les questions suivantes :
- D'après vous, comment va se présenter ce plan ?
- Comment le mettre en œuvre ?
- Comment en faire accepter l’idée par les 25 pays de l'Union européenne ?
- Des pays comme l'Angleterre ou les pays scandinaves souhaitent une Europe ultra-libérale. L'échec du référendum ne va-t-il pas leur donner l'occasion d'engager l'Europe dans cette voie ?
- Un certain nombre de Français ont voté non pour s'opposer à une intégration politique qui menace l'indépendance nationale. Comment leur faire accepter l'idée d'une assemblée constituante qui sera par nature au-dessus des parlements nationaux ?
Si la réponse à la première question est "non", une seconde grande question s’impose :
Est-ce que vous croyiez au plan B avant le 29 mai ?
Si oui, en somme vous vous êtes fait avoir par ceux qui promettaient que votre non allait tout arranger. J’espère que vous vous en souviendrez et que vous leur demanderez des comptes.
Si vous n’avez jamais cru au plan B et que vous avez quand même voté non, que croyez-vous qu’il va se passer maintenant ? Les commentateurs évoquent deux possibilités :
- au mieux (si on peut dire), un retour au traité de Nice, c’est-à-dire à la partie 3 du projet qui vient d’être rejeté ;
- au pire l’abandon de l’Europe politique et une évolution vers une Europe libérale entièrement tournée vers le marché.
Puisque vous avez voté non sans croire au plan B, vous devez être d’accord avec eux. N’est-ce donc pas un résultat assez paradoxal de votre vote ?
A gauche, on voit s'opposer ceux qui, comme vous, n'acceptaient aucun compromis et ceux qui considéraient que le projet allait aussi loin que possible dans l'état actuel des choses. Ne pensez-vous pas qu'on va voir se recréer deux camps, les purs et durs d'un côté, les réformistes de l'autre ?
Enfin, et pour revenir à la réflexion sur la démocratie qui est l’objet de ce bulletin, n'est-il pas plus démocratique de rechercher le dialogue et le compromis entre toutes les parties concernées que de vouloir la victoire totale de ses idées ?

 LE SEMI-MARATHON DE VERRUE
La troisième édition de la course a bénéficié d'un soleil radieux, d'une température propice et d'un léger vent favorable. Les coureurs ont été ravitaillés et encouragés par plusieurs cyclistes. La journée s'est terminée par un pique-nique à La Cure. La course a réuni 18 participants (5 de plus qu'en 2004). Voici les résultats :Course de 10,4 km : Geneviève Delachaume (1h01), Maryse Bodineau (1h02), Carol Yven (1h 08)Semi-marathon (21,165 km) : Pascal Morisseau (1h31), Sébastien Meunier (1h31), Jean-Noël Bodin (1h32), Patrick Delépine (1h33)  Yves Bodineau (1h38), Alain Guérin (1h47), Renaud Fortuner (1h47), Patrick Prinay (1h48), Philippe Savoie (1h49), Jean-Claude Mabilleau (1h55), Danielle Morisseau (1h57), Bernard Bourreau (2h), Michel Gaudin (2h01), Nadine Proust (2h05) et Bettina (2h17).
 
Numéro 4  Octobre 2005

 POUR EN REVENIR A LA DEMOCRATIE DIRECTE
Le dernier numéro était presque entièrement consacré au référendum européen, actualité oblige, mais il est temps maintenant de revenir au but principal de ce bulletin : la démocratie directe et sa mise en application pratique.Comme point de départ, je profite de la lettre reçue d'un lecteur attentif (qui m'a demandé de ne pas citer son nom pour des raisons professionnelles) qui réagit ainsi à l'article "De la discussion bien comprise" (voir DD, numéro 1, pages 2 et 3) :
"Je suis d'accord sur le fait que pour avancer il faut "partir d'une question et non d'une réponse". La méthode du "brainstorming" est bien connue, elle a fait ses preuves à travers de nombreux tests (le choix d'équipements de survie par exemple). Si elle est efficace à petite échelle je pense qu'elle n'est plus viable lorsqu'on discute à l'échelle d'une nation et ce pour plusieurs raisons : tout d'abord nous sommes trop nombreux, deuxièmement l'information disponible n'est pas fiable." "Il est impossible de réunir toutes les personnes d'une nation autour d'une table. C'est pourquoi nous élisons des représentants. Mais nous représentent-ils vraiment ? Je pense que non car ces représentants, sitôt élus, n'ont plus d'autres soucis que de conserver un maximum de pouvoir un maximum de temps. Certains échappent à cela bien évidemment, malheureusement les urnes ou les compromis politiques les ont éloignés du cercle décisionnel français.""Ensuite, pour réagir de manière constructive à une question importante, il faudrait que nous soyons bien informés. Mais les liens entre le pouvoir (nos représentants) et l'information sont tels que nous sommes plus soumis à un "brainwashing" qu'à autre chose. Tout est mis en place, plus ou moins habilement, pour que l'opinion ait la réaction choisie par les hommes politiques du moment.""Un bien bel exemple, deux personnes qui dirigent actuellement des nations très puissantes ont pu falsifier des documents des services secrets qui ont été diffusés sur des chaînes hertziennes (notez le degré de confidentialité de l'affaire) afin de déclencher une guerre. Vous ne connaissez pas la meilleure, un est toujours en place et l'autre a été réélu ! Lorsqu'un homme politique vous serre la main, regardez bien au fond de ses yeux, vous y trouverez des courbes de statistiques.""Veuillez excuser mon pessimisme, heureusement quelques personnes cherchent à me convaincre qu'il ne faut pas laisser l'Etat dans les WC où on l'a trouvé en entrant."
Cette lettre soulève plusieurs problèmes intéressants :
- Comment discuter au sein d'une population importante ?
- Comment disposer d'informations fiables (et indépendantes du pouvoir) ?
- Comment faire pour que nos représentants nous représentent vraiment ? Je vais essayer de proposer quelques réponses.
 
BOUCHE-TROU
Plutarque expliquait ainsi comment doit se comporter un tribun de la Plèbe : "Le tribun est élu pour représenter le peuple. Il est donc important qu'il ne se considère pas comme supérieur aux gens ordinaires et qu'il leur ressemble au contraire par son aspect et son mode de vie. Il ne doit pas faire le fier et ne doit pas être difficile à atteindre : sa porte doit rester ouverte à tous, même la nuit."Heureux Romains !
 
COMMENT DISCUTER QUAND ON EST NOMBREUX  
"Il est impossible de réunir toutes les personnes d'une nation autour d'une table."
Je veux tout d'abord faire remarquer à mon lecteur attentif que ce bulletin s'est fixé pour but de promouvoir l'idéal de démocratie directe au sein de la commune de Verrue, petite communauté de quelques centaines de personne pour laquelle le problème ne se pose pas. Je ne veux cependant pas m'abriter derrière cet argument technique et je vais essayer de proposer une solution. Bien entendu, il n'est pas question de réunir des millions de personnes (ni même des milliers) autour d'une table, mais il est possible d'adapter les quatre points de la méthode décrite dans ces pages. Reprenons-les dans l'ordre.
1 - Partir d'une question et non d'une réponse
A priori, ce premier point n'est pas lié à la taille de la population. Il suffit de décider qui a le droit de poser des questions. La réponse me semble évidente : vous et moi, c’est-à-dire n'importe quel citoyen a le droit de signaler l'existence d'un problème qui, d'après lui, doit être résolu par l'adoption d'une nouvelle loi ou par la modification ou l'abrogation d'une loi existante. Pour éviter la multiplication incontrôlée du nombre des questions à débattre, on peut imaginer un système calqué sur le principe du référendum d'initiative populaire. Je vous rappelle que ce type de référendum (qui nous était promis par la défunte constitution européenne) permettait aux citoyens ordinaires de soumettre un projet de loi à condition de réunir un nombre suffisant de signatures. Un projet de loi est une réponse. Il suffit de remplacer "projet de loi" par "question" et nous avons notre système. Si vous avez une question à poser, trouvez un nombre x de personnes qui se posent la même question. On peut alors passer à la suite des opérations.
2 - Le "remue-méninges" informel (brainstorming)
Une fois posée la question qui intéresse les signataires de la pétition, il faut faire connaître son existence au reste de la population à l'aide des médias habituels (presse, télé) et d'un site Internet créé à cet effet. Ce site comprend aussi un espace destiné à recevoir la liste de tout ce qui a trait à la question posée. Il s'agit d'une liste identique à celle évoquée dans l'article "discussion" et qui comprend des faits et des opinions. Là encore, le site (et la liste) doit être géré par un administrateur de site chargé de recevoir les messages de tous les citoyens et de les disposer comme il convient sur le site. Bien entendu, cet administrateur doit être objectif et n'écarter aucune idée, même celles qu'il n'aime pas. Ses activités doivent être surveillées par la branche judiciaire du gouvernement. Tout citoyen qui estime que sa suggestion a été écartée à tort (ou mal présentée) peut se plaindre auprès d'un juge responsable.
3 - La recherche des faits
L'administrateur répartit les faits soumis par les citoyens entre les faits connus et acceptés de tous et les faits inconnus ou controversés. (Là encore, son choix peut être contesté de la même manière que ci-dessus). L'administrateur dispose de moyens lui permettant de faire les recherches nécessaires pour préciser les faits inconnus ou controversés. Une fois que tous les faits proposés par les citoyens ou précisés par les recherches appropriées sont rassemblés dans le tableau, l'administrateur établit la liste des opinions subjectives, y compris les propositions de solution. Dans le cas idéal, un large consensus apparaîtra pour l'adoption d'une solution évidente. Dans le cas le plus probable, plusieurs solutions seront proposées entre lesquelles il faudra bien faire un choix. Il incombera à l'administrateur de les formuler et surtout de mettre en évidence le raisonnement qui permet d'aboutir à chacune d'elles à partir des faits acceptés par tous mais interprétés différemment en raison de croyances divergentes.
4 - La seconde réunion
La seconde réunion évoquée dans l'article du bulletin numéro 1 sera remplacée par un référendum qui permettra à chaque citoyen de choisir l'une des solutions proposées en conclusion de l'étape 3. Vous constaterez que la méthode proposée ici n'accorde aucun rôle aux représentants élus des citoyens, ce qui résout du coup le problème de la représentation des électeurs par les élus. Il est vrai que ceci est au prix d'un gros effort de participation de la part de tous les citoyens. S'ils ne veulent pas faire cet effort, on pourrait redonner aux élus le contrôle des opérations à un moment donné (à l'étape 3 par exemple). Restera à les forcer à nous représenter vraiment. Je reviendrai prochainement sur cette question.
 
LA RECHERCHE DES FAITS  
"… pour réagir de manière constructive à une question importante, il faudrait que nous soyons bien informés."
Il est bien évident que l'accès à une information objective est la condition sine qua non du système évoqué plus haut, et même de tout système démocratique. Il est vrai également que les moyens habituels, presse écrite et télévisée, sont des entreprises commerciales qui sont souvent la proie naturelle et consentante des hommes au pouvoir. Il existe en France et dans certains pays dits démocratiques une presse qui échappe au pouvoir en place en adoptant une position engagée : on connaît les journaux "de droite" et ceux "de gauche" et même certaines publications inféodées à tel ou tel parti politique. Ces sources d'information ne peuvent malheureusement pas servir de contrepoids pratique à la presse gouvernementale car elles sont aussi tendancieuses et donc suspectes les unes que les autres. Internet est une autre source d'information mais les données et surtout les commentaires que l'on y trouve sont tout aussi suspects, voire plus suspects car le contenu des sites n'est soumis à aucune vérification. Que l'on se souvienne des contre-vérités, pour ne pas dire des mensonges qui ont été propagés sur Internet lors de la campagne sur le référendum européen.
Que faire ?
Dans un régime démocratique idéal, la recherche et la publication des résultats seraient effectuées par un organisme indépendant sous le contrôle du pouvoir judiciaire (ce dernier étant, toujours dans mon régime démocratique idéal, totalement indépendant du pouvoir exécutif). Nous sommes loin d'être dans un régime démocratique idéal et il faut donc faire avec ce dont nous disposons tous : le bon sens.Pour donner un exemple, voyez ce que Science et Vie (n° 1056, p. 47) disait récemment de ITER, le futur réacteur expérimental de fusion nucléaire dont le financement vient d'être approuvé par l'Europe, les USA, le Japon, la Chine et la Russie. Après avoir indiqué le coût, 10 milliards d'euros, le magazine qualifie le projet de "pharaonique". Point n'est besoin d'être docteur en physique pour constater qu'il s'agit là d'un jugement de valeur inacceptable de la part d'une revue de vulgarisation scientifique. Pour remettre les choses à leur échelle, rappelons que les compagnies pétrolières encaissent chaque jour 2 milliards de dollars : ITER ne coûtera donc aux cinq pays les plus riches du monde que cinq jours de recettes pétrolières. Bien entendu, il faut se donner un peu de mal pour juger l'objectivité des faits rapportés mais c'est le prix à payer pour exercer nos droits de citoyens libres. La seule alternative est de remettre notre sort entre les mains des politiciens. Nous savons tous ce qu'ils en font.

 LA LIBERTE DE LA PRESSE AUX ETATS-UNIS
Parlant du rôle de la presse, je ne peux pas résister au plaisir de citer un article de Maureen Dowd, paru dans le International Herald Tribune du 1 mars 2005 (traduit par mes soins) :
"Spectacle remarquable que de voir le Président George W. Bush faire la leçon à Vladimir Poutine sur l'importance des "checks and balances" ["freins et contrepoids", c’est-à-dire les mécanismes qui assurent la séparation des pouvoirs aux Etats-Unis] dans une société démocratique. Remarquablement gonflé vu que les seuls "chèques" auxquels Bush semble croire sont ceux qu'il envoie aux "journalistes" Armstrong Williams, Maggie Gallagher et Karen Ryan, la présentatrice télé bidon, pour leur soutien de sa politique. L'administration (…) a payé l'énorme somme de 97 millions de dollars à une firme de relations publiques pour acheter des éditorialistes et produire de la propagande, y compris de faux communiqués de presse. Le seul contrepoids que W. aime, ce sont les reportages flagorneurs dignes de la Pravda fournis par Fox News. Bush promet de répandre la démocratie tandis que son administration s'efforce de créer ici une presse de type village Potemkine. Cette Maison Blanche semble préférer des questions molles posées par un call-boy qui se cache derrière un pseudonyme a des questions dures posées par des vrais journalistes avec de vrais noms."
Je vous passe la suite qui est du même tabac. L'important c'est de noter que, même dans un pays où la presse est aussi muselée, il existe des journalistes qui n'ont pas peur de crier au scandale.

 LA REPRESENTATIVITE DES REPRESENTANTS
"… nous élisons des représentants. Mais nous représentent-ils vraiment ?"La réponse à cette question est évidemment non dans le système actuel et pour la plupart des soi-disant représentants. Je pourrais vous proposer un autre système de désignation des représentants qui donne aux électeurs un contrôle réel sur les agissements des gens qui sont censés les représenter mais on va encore dire que je plane dans l'idéologie fumeuse.Tout ce que je peux dire dans le monde actuel, c'est que les citoyens ont le devoir de connaître les positions prises par "leur" représentant pendant son mandat et de s'en souvenir lors de l'élection suivante. Si les électeurs sanctionnaient réellement les menteurs à chaque élection, on verrait bien vite les mentalités changer au sein de la classe politique. Je sais, cette surveillance implique une participation réelle des citoyens à la vie de leur communauté. La plupart d'entre nous préfèrent râler sans prendre le temps d'aller au fond des choses et espérer un changement d'attitude relève là encore de l'utopie. Dommage.

 LES MENTEURS DU REFERENDUM
Dans le dernier numéro de DD, j'ai indiqué trois points précis qui permettent de savoir a posteriori qui avait raison et qui a menti lors de la campagne du référendum européen. L'un de ces points concernait l'ouverture des négociations sur la candidature de la Turquie et je vous donnais rendez-vous le 3 octobre pour décider entre deux possibilités :
- soit ces discussions n'ont pas lieu et Philippe de Villiers avait raison,
- soit elles ont lieu en dépit de la victoire du non et Philippe de Villiers est un gros menteur.
Je lis dans le Monde : La Turquie a obtenu lundi soir (3 octobre) son feu vert pour entamer les négociations avec l'Union européenne. Monsieur de Villiers n'en fait pas pour autant son mea culpa. Toujours selon Le Monde, il a déclaré sur LCI que si la Turquie entrait dans l'Union européenne, il faudrait que la France "quitte l'Europe".Vous voici donc prévenus : il ne s'agit plus d'un quelconque plan B mais d'un abandon pur et simple de l'idéal européen. Vous pourrez toujours voter de Villiers mais vous saurez au moins pour quoi vous votez.

LA QUESTION TURQUE
La Turquie, parlons-en. C'est un justement bon exemple de sujet sur lequel un nombre incroyable de contre-vérités traînent dans les médias. Il serait facile de démontrer la fausseté des arguments qui s'opposent à l'entrée de la Turquie sous prétexte qu'elle ne ferait pas partie de l'Europe géographique et historique, qu'elle serait peuplée de gens de "race" différente, etc., mais tout ceci n'est qu'écran de fumée pour masquer la véritable raison : on ne veut pas de la Turquie parce que c'est un pays musulman. Or, c'est précisément la raison pour laquelle nous avons besoin des Turcs en Europe !Je m'explique. Les gens qui sont contre l'adhésion de la Turquie sont souvent les mêmes qui réclament une référence aux valeurs chrétiennes dans une éventuelle constitution européenne. Mais c'est au nom de ces valeurs chrétiennes que le Vatican a récemment fait échouer un projet de loi sur l'avortement en Italie. C'est au nom des mêmes valeurs chrétiennes que l'homosexualité était encore récemment traitée comme un délit (c'est encore le cas au Texas). Pour que les Européens soient  véritablement libres, ils doivent être protégés de toute influence religieuse dans le domaine politique. Libre aux religions de dire aux individus ce qu'ils doivent faire dans leur vie privée mais elles n'ont rien à voir dans la vie publique.L'Europe comprend déjà trois grandes religions : catholique, orthodoxe et protestante, chacune avec ses valeurs. L'apport d'une quatrième grande religion, l'Islam, rendra obligatoire l'instauration d'un régime véritablement laïque, garant de nos libertés.
 
Numéro 5  Janvier 2006

 RACISME ET DEMOCRATIE
Selon un article du Monde (numéro du 18 décembre dernier), Un Français sur trois déclare que "personnellement, il dirait de lui-même qu'il est raciste" et "C'est dans les communes rurales que le rejet de l'étranger est le plus fort : 48 % s'y déclarent racistes". Verrue étant une commune rurale, on peut parier qu’une proportion inquiétante de ses habitants se disent ou se sentent racistes. Le présent numéro de Démocratie Directe sera donc consacré à cette question.Vous pensez peut-être que le racisme n’a rien à voir avec la démocratie mais je pense au contraire qu’il est impossible de faire coexister démocratie et racisme. En effet, la démocratie consiste à reconnaître à chaque individu les mêmes droits. Quand on rejette en bloc les membres d'un groupe humain quelconque, on en vient vite à leur refuser certains droits, droit au travail et au logement en particulier mais aussi droits politiques. Il n'y a donc plus de démocratie possible et, au nom de Démocratie Directe, je vais faire ce que je peux pour m'opposer à cette avancée du racisme.Parlons d'abord du racisme pur et dur, celui qui croît à l'existence de races humaines différentes et inégales entre elles, en particulier sur le plan intellectuel. Pour me faire  bien comprendre, je parle de ceux qui disent "Tous les nègres sont des cons et les bicots sont des feignants".Là, je me sens sur un terrain ferme car la race est un concept biologique, plus particulièrement un concept de taxinomie (la classification des êtres vivants) et il se trouve que j'ai travaillé 25 ans comme chercheur en taxinomie. Je ne vais pas vous faire un cours (sauf si on me le demande) mais la situation est claire : il n'existe pas de races dans l'espèce humaine, les Noirs, les Blancs, les Jaunes, les "Personnes de type méditerranéen" ne sont au mieux que des "populations" définies par le fait qu'elles habitent un certain territoire et qu'elles présentent quelques ressemblances superficielles. Ne parlons donc plus de races.En fait, et les réponses à l'enquête citée par le Monde le prouvent bien, les gens qui se déclarent racistes sont surtout xénophobes, c’est-à-dire qu'ils n'aiment pas les étrangers : 56 % des sondés estiment que le nombre d'étrangers est "trop important" et pose un problème pour l'emploi. Nous vivons une époque difficile : l'étranger nous agresse (guerre en Irak, terrorisme), on envoie chez lui nos emplois (délocalisation), il nous pollue (Etats-Unis, Chine), nous nous sentons menacés et nous resserrons les rangs pour nous protéger. Ce genre de comportement était biologiquement justifié quand, représentée par quelques bandes d'hominidés vulnérables, l'espèce humaine essayait de survivre au milieu des ours des cavernes, des mammouths et des tigres à dents de sabre. Nous n'en sommes plus là mais, si nous n'arrivons pas à dépasser ce vieux réflexe, nous risquons fort d'y retourner un jour, dans les cavernes ! Qu'il existe des problèmes dans le monde et en France, qui le nierait ? Que certains de ces problèmes soient causés par des étrangers, c'est évident. Mais croire qu'il suffit de renvoyer chez eux tous les étrangers pour que ces problèmes disparaissent par magie est très naïf. Je ne vais pas répéter les arguments évidents contre la xénophobie, vous n'avez qu'à lire les journaux et écouter la radio ces temps-ci, on ne parle que de ça. Pour aborder le problème sous un autre angle, je vous pose simplement la question : qu'est-ce vraiment qu'un Français de souche et qu'est-ce qu'un étranger ? Ma mère m'a souvent raconté que mon grand-père, un Provençal, n'aimait pas les Italiens (ça ne l'a pas empêché d'épouser une Florentine, mais c'est une autre histoire). Ce qui est certain, c'est que la haine de ceux qu'il appelait les "Babbis" était bien répandue dans la France des années 30 et qu'on les accusait de tous les méfaits attribués aujourd'hui aux (Nord) Africains. Les immigrés italiens de l'époque sont pourtant devenus de bons Français et ils ont apporté à notre culture une contribution (Cavanna, Lino Ventura, Uderzo) qui sera sans doute bientôt égalée par celle d'autres Français traités aujourd'hui d'immigrés.Qu'est ce qu'un Français en effet ? Sans remonter à l'époque où l'homme de Cro-Magnon arrivait en France pour y supplanter l'homme de Neanderthal, on peut dire que nos "ancêtres" les Gaulois étaient déjà des immigrés. Indo-européens venus de Bavière quelques centaines d'années seulement avant notre ère, ils ont fait disparaître les civilisations existantes (seuls les Basques ont résisté et conservé leur langue). Après les Gaulois, notre pays a été envahi par toutes sortes d'immigrés, les Grecs (Marseille), les Romains (qui ont détruit la civilisation et les valeurs celtes), les Germains – en particulier les Francs et les Vandales, ces derniers continuant leur migration jusque dans les montagnes d'Afrique du Nord – qui ont détruit la civilisation gallo-romaine, les Huns (peuple mongol, comme les Turcs d'origine) les Vikings de Normandie, les Bretons, arrivés en Bretagne au VIIe siècle en provenance de Cornouaille, et bien d'autres encore qui se sont installés dans ce que nous appelons la France et qui y ont fait souche. Le Poitou en particulier a vu passer les Arabes qui sont montés jusqu'à Poitiers en 732 et les Anglais de la guerre de Cent Ans. Je suis bien certain qu'ils ont dû laisser quelques traces dans nos familles…Nous sommes donc tous issus d'immigrés et il n'y a aucune raison de vouloir faire cesser ces flux de peuples neufs qui sont venus au cours de l'histoire renouveler nos gènes et nous enrichir en augmentant notre biodiversité. Les immigrés d'aujourd'hui ne font qu'imiter ce qu'ont fait nos ancêtres et nous devons leur manifester notre compassion et notre compréhension. D'ailleurs, dans le grand mélange de peuples qui dure depuis des millénaires, qui sait si le Beur que vous méprisez n'est pas votre lointain cousin ?

 EMEUTIERS ET AUTRES RACAILLES  
Très bien va-t-on me dire, les immigrés sont donc sinon nos frères, du moins nos cousins. Il n'empêche qu'ils nous menacent dans les rues, qu'ils font brûler les voitures, qu'ils poignardent nos enseignants et qu'ils font tourner le lait. On ne va pas les laisser faire quand même ?Il est évident que les individus qui commettent de tels méfaits doivent être punis et mis hors d'état de nuire mais dire que "les immigrés" font ceci ou cela est non seulement stupide mais aussi contre-productif (stupide parce que toutes les généralisations sont stupides et contre-productif parce que cette attitude aboutit à renforcer les conflits au lieu de chercher à les apaiser. L'exemple des émeutes des banlieues est instructif. On peut (et on doit) ramener le calme en envoyant la police mais est-ce suffisant ? Ces émeutes n'ont pas été le fait de quelques racailles mais elles sont la manifestation d'un malaise profond dont nous, Français de souche, sommes en partie responsables. On voit chaque soir à la télé (qui pour une fois semble faire du bon travail) des exemples de jeunes intelligents, éduqués, sérieux et travailleurs qui n'arrivent pas à trouver du travail simplement parce qu'ils sont noirs ou qu'ils s'appellent Mohamed. Comment voulez-vous qu'ils n'aient pas la rage au cœur et l'envie de casser des voitures ? Même ceux qui n'ont pas d'emplois ou d'appartements à proposer ou à refuser à quiconque, immigré ou Français de souche, ne doivent pas se laisser aller à des pensées racistes ou xénophobes parce que de telles pensées entretiennent le climat général de racisme. D'autre part, accepter généreuse-ment l'immigration n'est pas forcément la mauvaise affaire que certains veulent nous faire croire. On lit dans le Monde du 12 janvier qu'en Espagne la régularisation des sans-papiers remplit les caisses de la Sécurité sociale. Les contrats de travail obtenus par les travailleurs régularisés ont rapporté 750 millions d'euros en 2005 et on s'attend à 1350 millions d'euros en 2006. Il est évident qu'il y aura en plus des retombées positives pour les impôts sur le revenu. Les immigrés font souvent des boulots que les Français de souche refusent de faire et en plus ils peuvent rapporter gros ! Ne l'oublions pas et ouvrons leur les bras : les gens qui ont un travail, une famille et un avenir ne vont pas casser nos voitures.
   
LA SEPARATION DES EGLISES ET DE L'ETAT  
Selon une dépêche de l'AFP reprise par Netscape/CNN News le 20 janvier dernier, le conseil européen des conférences des évêques s'élève contre le Parlement européen lorsque ce dernier veut protéger les droits des homosexuels. Aldo Giordano, secrétaire général du conseil des évêques, a déclaré que la position du Parlement européen révélait "une aversion pour certaines valeurs de notre tradition, en particulier les valeurs religieuses". Je trouve cette déclaration très inquiétante.On me dira qu'on ne peut pas empêcher le Pape et ses évêques de donner leur avis sur des questions de morale chrétienne mais je ne suis pas d'accord. Que des responsables religieux disent à leurs fidèles ce qu'ils ont le droit de faire ou de ne pas faire selon les croyances de leur église, parfait. Là où les choses se gâtent, c'est lorsqu'ils veulent que cette interdiction personnelle se transforme en une interdiction légale, en d'autres termes, quand ils essayent de faire passer des lois qui punissent ce qu'ils considèrent comme un péché. L'argument habituel contre une telle attitude est qu'il n'est pas juste d'obliger les non-croyants à respecter les préceptes d'une religion qui n'est pas la leur. On se moque des intégristes islamiques, en Iran, en Arabie saoudite ou ailleurs, qui, au nom du Coran, interdisent aux Occidentaux de passage de boire de l'alcool et obligent les femmes, même les reporters de CNN, à se mettre un chiffon sur la tête. Ne les imitons pas. Un autre argument souvent avancé est que cette attitude autoritaire ne marche pas. On lit par exemple dans le New York Time du 6 janvier que l'avortement est un crime dans la plupart des pays d'Amérique du Sud mais que les taux d'avortement y sont beaucoup plus élevés qu'en Europe occidentale ou aux Etats-Unis. Mais je veux aller plus loin : même si nous étions tous catholiques, il ne faudrait pas mettre la morale chrétienne sous forme de lois. Pour m'expliquer, je vais vous raconter un mythe de l'église mormone. Selon ce mythe, Dieu demanda un jour à ses fils, Satan et Jésus, comment il devait s'y prendre pour "sauver" l'Homme. Satan parla le premier et présenta son plan qui consistait à obliger les hommes à faire le bien en les mettant dans l'impossibilité de faire le mal. Jésus, lui, expliqua qu'il fallait respecter la liberté de chacun et que celui qui est forcé de faire le bien n'a plus aucun mérite. Il proposa donc d'aller expliquer aux hommes comment ils devaient se comporter et de laisser chacun libre d'obéir ou non. On sait ce qui arriva : Dieu choisit le plan de Jésus, Satan, ulcéré, décida de se venger en assurant la promotion vigoureuse du mal. Ce mythe nous explique que Dieu lui-même doit respecter la liberté des individus, même la liberté de faire des conneries. Il faut interdire aux méchants de faire du mal aux honnêtes gens mais les responsables religieux ne doivent pas succomber à la tentation de se conduire comme voulait le faire le Satan des Mormons.

 LA RESPONSABILITE DE LA PRESSE
J'ai écrit (DD n° 4, p. 3) que les médias ne remplissaient pas toujours leur rôle de manière objective. La révolte des banlieues vient de nous en donner un bel exemple. L'émission "Arrêt sur images" (voir TéléObs du 25 novembre) du 6 novembre a expliqué comment les médias ont monté en épingle la petite phrase de Sarkozy sur la "racaille" des banlieues. "La séquence diffusée sur les télévisions montrait un ministre furibard et même un tantinet matamore. Entouré de ses gardes du corps, il était filmé en plans serrés. Le montage était tel que la calamiteuse petite phrase semblait littéralement jaillir de sa bouche et prenait donc le statut d'une provocation calculée." En fait, Sarkozy ne faisait que répondre à une habitante de la cité qui avait, la première, utilisé le mot "racaille". D'autre part, "juste après avoir prononcé ladite petite phrase, le même Sarkozy a conduit une discussion de près d'une demi-heure avec les jeunes de la cité, lesquels lui donnaient du "Monsieur le ministre" long comme le bras et semblaient flattés de l'échange." Cette partie de la visite de Sarkozy n'a pas été montrée à la télé. Si on avait vu le ministre dialoguer calmement avec les jeunes de la cité, la suite des évènements aurait sans doute été bien différente. En l'absence d'un organisme judiciaire indépendant chargé de rétablir les faits, il revient à chacun de nous de n'accepter ce qu'il voit à la télé ou dans le journal qu'avec la plus grande prudence et de n'admettre pour vrai que ce qu'il aura pu vérifier par lui-même.

 LES MENTEURS DU REFERENDUM (Troisième épisode)
Dans le numéro 3 de DD, page 3, je vous conseillais de surveiller trois points précis pour découvrir a posteriori qui vous avait menti lors de la campagne du référendum européen. J'ai noté dans le numéro 4 que Philippe de Villiers avait menti sur la question turque et voici que la réponse est tombée en ce qui concerne un autre point, la directive Bolkenstein. Je lis dans le Monde du 22 novembre 2005 : "La très controversée directive dite Bolkenstein sur la libéralisation des services dans l'Union européenne a refait surface, mardi 22 novembre : lors d'un premier vote-test sur ce texte visant à faciliter la vie des prestataires souhaitant étendre leur activité à d'autres Etats membres de l'Union européenne, les eurodéputés de la commission du marché intérieur ont opté pour une refonte allégée du texte, sur la proposition législative de la Commission européenne datant de début 2004." Il est vrai que ce premier vote n'entraîne pas d'acceptation de cette directive qui sera discutée en séance plénière, début 2006. Il est vrai aussi que le texte initial a été "légèrement allégé" puisque le droit du travail sera celui du pays destinataire et que les services publics purement non marchands ont été retirés du champ de la directive. Il n'en reste pas moins que, contrairement à ce qu'avaient laissé entendre ceux qui faisaient campagne pour le non, le rejet de la constitution européenne n'a pas fait disparaître cette fameuse directive. Alors, qui étaient les menteurs ?

 ET LA TURQUIE ?…
Mon article sur la Turquie (DD n° 4, page 4) a certainement rempli sa mission : j'en avais assez d'écrire sans obtenir aucune réaction en retour, maintenant je suis servi. Tous mes amis m'ont assuré que je me trompais sur ce point. J'ai même reçu une lettre d'une lectrice attentive qui m'écrit (en envoyant son chèque de réabonnement, à propos, n'oubliez pas le vôtre) : "Je ne partage pas du tout votre opinion sur l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Je suis absolument contre cette entrée principalement parce que je pense que la Turquie ne fait pas partie de l'Europe et qu'elle ne partage pas les convictions européennes."Sur la question de la nature européenne de la Turquie, il ne faut pas oublier que l'Union européenne est ouverte à tous les pays dont une partie du territoire se trouve sur notre continent. S'il fallait que la totalité du territoire soit en Europe, la France serait disqualifiée à cause de ses DOM-TOM. Il est vrai que la majorité du territoire et de la population turques se trouve en  Asie mineure mais la Thrace est une province étendue en superficie et en nombre d'habitants. Légalement, la Turquie (à la différence de la Palestine ou d'Israël par exemple) a le droit de demander son entrée dans l'Union. Il m'est plus difficile de répondre à l'autre objection de ma lectrice car la nature de ce qu'elle appelle les "convictions européennes" est plus difficile à cerner. On peut se référer à l'article I-2 de la défunte constitution qui parle de dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, d'Etat de droit et des droits de l'homme et des minorités. On peut y ajouter le principe de la séparation des églises et de l'Etat.Il est évident que la Turquie n'a pas respecté ces droits dans le passé (massacres en Arménie) et qu'elle ne les respecte pas tous actuellement. Cependant, la question n'est pas d'accepter dans l'Union européenne la Turquie telle qu'elle existe aujourd'hui mais de lui donner une chance de renoncer à certaines pratiques  autoritaires et nationalistes et d'arriver un jour à adopter nos "convictions européennes" (clairement définies et répondant à des critères précis et mesurables). Si elle échoue dans ce projet, la question sera réglée et la Turquie se sera disqualifiée elle-même. Si, en revanche, elle réussit et si, dans vingt ans, poussée par l'espoir de se joindre à l'Union européenne, elle a réussi à se transformer en un pays sincèrement démocratique, serait-il honnête de lui claquer la porte au nez ?Au risque de mécontenter mes amis et mes lecteurs, je persiste donc : la Turquie remplit la condition initiale d'entrée dans l'Union (une partie de son territoire est en Europe) et il ne tient qu'à elle de prouver qu'elle peut adopter nos convictions européennes. Si nous lui refusons cet espoir, c'est nous qui la rejetterons dans les bras des nationalistes et des intégristes de tous poils.
 

Numéro 6  Avril 2006

 ET VERRUE DANS TOUT CA ?
J'ai conscience que les deux derniers numéros du bulletin, actualité oblige, ont principalement porté sur des questions très générales, bien loin de notre petite commune. Je ne le regrette pas et j'ai l'intention de continuer d'exposer ma façon de voir la démocratie mais je ne veux pas oublier Verrue et j'essayerai d'en parler au moins une fois dans chaque bulletin. En effet, la pratique de la démocratie commence chez soi et je n'oublie pas que DD est le petit fils d'une action entreprise en 2001, lorsque l'affaire du Naturascope a révélé l'absence totale de pratiques démocratiques dans le Loudunais. Je vais profiter de l'occasion pour préciser une fois de plus les buts de mon action et m'efforcer de lever toute ambiguïté à ce sujet. Je précise tout d'abord et aussi clairement que je le peux que ce bulletin n'est pas un moyen détourné de me positionner comme candidat pour les prochaines élections municipales. J'ai été battu aux dernières élections et je ne veux pas me présenter de nouveau. (Personnellement, j'aime bien la pratique américaine qui veut qu'un candidat malheureux à l'élection présidentielle ne se représente pas : ça fait un peu tourner la classe politique !). En ce qui me concerne, j'ai amplement prouvé que je suis incapable de travailler au sein d'un groupe et je serais donc totalement inutile au sein d'un conseil municipal.Ce que je vise en publiant Démocratie Directe, c'est d'abord de faire prendre conscience aux habitants de Verrue qu'ils ont le droit de participer aux décisions qui les touchent personnellement. Il s'agit là de simple participation, comme elle se pratique de plus en plus, partout dans le monde, et non d'un système de véritable démocratie directe, encore impossible dans l'état actuel des choses. Force est de constater cependant que ce droit est totalement ignoré dans notre région et, pire, que le concept de participation y est très mal compris. Lors de l'une des réunions électorales qui ont émaillé la campagne de 2001, j'ai demandé à l'un des candidats aux élections cantonales s'il ne pensait pas que les citoyens ordinaires avaient leur mot à dire. Il m'a répondu qu'il y a constamment des décisions à prendre et que l'élu ne peut pas prendre le temps de demander à chaque fois l'avis des citoyens. C'est confondre la gestion ordinaire d'une commune et le choix des grandes orientations. Il est évident qu'il n'est pas nécessaire de faire un référendum communal pour renouveler le contrat de tel ou tel employé communal ou pour attribuer au Téléthon une subvention de 150€. En revanche, il aurait été bon à l'époque de prendre l'avis de la population avant de s'engager dans le fiasco du Naturascope ou, plus récemment, avant d'approuver la modification des statuts de la CCPL. L'équipe municipale actuelle avait promis en 2001 de faire un premier pas sur la voie de la participation en tenant des réunions d'information. Nous attendons toujours la première. Il est évident que la participation n'existe pas à Verrue et j'aurais bien envie que ça change. Je prévois donc, lors des prochaines municipales, de demander aux différents candidats s'ils comptent faire participer la population aux grandes décisions à venir. Je pense établir un questionnaire précis et l'envoyer à tous les candidats qui se seront déclarés. Je publierai les réponses (ou les refus de répondre) dans le Bulletin afin que chaque électeur puisse faire un choix en toute connaissance de cause. J'espère qu'il y aura dans notre commune au moins quelques candidats prêts à jouer le jeu de la participation.
 
DE LA DISCUSSION (encore et toujours)  
J'ai expliqué dans ces pages, et dès le premier numéro du Bulletin, combien il sera nécessaire d'apprendre à discuter si on veut appliquer un jour les principes de la démocratie participative. Je n'ai jamais réussi à faire passer ce message et, lorsque je parle de discussion, on me dit souvent qu'il est inutile de perdre son temps à parler lorsque l'heure est à l'action. L'actualité vient à point me donner raison en montrant les conséquences tragiques d'un refus de discussion.On peut être pour ou contre le CPE mais, de toute manière, il est évident que cette loi a été promulguée en dépit du bon sens. L'article 49-3 peut faire partie de la constitution, ce n'est pas le meilleur moyen d'engager une discussion. La tentation du passage en force est grande pour un parti au pouvoir, surtout s'il dispose de la majorité absolue. C'est tellement facile de faire voter une loi sans écouter ce qu'en dit l'opposition mais il ne faut pas alors s'étonner que les adversaires de la loi, muselés, descendent dans la rue pour faire entendre leur point de vue. Il est vrai que la gauche n'a pas hésité de son côté à utiliser ce fameux article. Je lis dans le Quid 2004 (762a) qu'il a été appliqué entre 1959 et 2003 par M. Debré (1), Pompidou (1), Barre (8), Mauroy (7), Fabius (4), Chirac (8), Rocard (28), ainsi que par Cresson, Bérégovoy, Balladur et Juppé (Jospin ne l'aurait pas utilisé). Cependant, ce n'est pas parce que tous les partis s'en servent que cette disposition est meilleure et acceptable.Outre l'aspect intrinsèquement anti-démocratique de l'article 49-3, son application aboutit presque obligatoirement à une loi moins complète que si elle résultait d'un consensus établi à l'issue d'une longue discussion entre toutes les parties intéressées. Ceci est démontré, par exemple, par des tests comme celui de la Nasa. Il consiste à demander à plusieurs personnes ce qu'elles feraient en cas de "naufrage" sur la Lune pour tenter de rejoindre la base lunaire en utilisant les moyens du bord. Je ne me souviens plus de la liste exacte, mais je sais que les moyens en question incluent un radeau pneumatique ! Chaque membre du groupe doit d'abord trouver seul une solution. Puis le groupe se réunit et compare les solutions individuelles pour en faire la synthèse. La solution du groupe est souvent meilleure que toutes celles trouvées isolément par ses membres. Il existe bien sûr des cas dans lesquels une personne très intelligente (ou très maligne) trouve seule la solution idéale mais c'est rare et, le plus souvent, c'est de la discussion que jaillit la lumière. Quel dommage que Villepin n'ait pas été astronaute. Il aurait appris à la Nasa que c'est en causant qu'on résout un problème, pas en envoyant les CRS.

 HISTOIRE DE CHIEN  
Il a été rapporté dans la presse communale (bulletin Verrue Quoi n°25) les difficultés auxquelles s'est heurtée une habitante de la commune, Mme E. Fernandez, lorsqu'elle a demandé à la Mairie de s'occuper de chats errants : la Mairie n'était pas au courant et, en fait, peu encline à se préoccuper de la question. L'article se terminait par la citation de quelques points du code rural qui précisent les responsabilités des communes en ce qui concerne les animaux errants. Or, il se trouve que depuis j'ai trouvé, moi aussi, un animal errant mais la réponse de la mairie a été très différente. Le maire m'a envoyé presque aussitôt un employé communal, M. Fuseau, qui s'est gentiment chargé du chien jusqu'à ce que le propriétaire le réclame. Mieux, M. Leboucher a déploré l'absence de chenil communal et a indiqué qu'il comptait étudier ce problème avec le conseil municipal.Cette anecdote montre d'abord la puissance de la presse car, si les déboires de Mme Fernandez n'avaient pas été rendus publics dans Verrue Quoi, je peux supposer que je me serais heurté à la même fin de non recevoir. Cette histoire montre également que n'importe quel citoyen peut faire agir la mairie. Il suffit d'avoir le courage et le temps de prendre la plume pour expliquer aux autorités ce que l'on attend d'elles. Tout ceci marche mieux quand c'est relayé par la presse. Vous avez la chance à Verrue de disposer, en plus du bulletin "officiel" de la mairie, de deux organes de presse communaux : le présent bulletin et Verrue Quoi. N'hésitez pas à vous en servir, c'est ainsi que l'idée de participation fait son chemin.
   
QUI A GAGNE LES JEUX OLYMPIQUES D'HIVER ?  
L'Allemagne ? Les Etats-Unis ? Vous n'y êtes pas ! Le vrai vainqueur, avec 41 médailles d'or, 23 d'argent et 38 de bronze, c'est la Fédération européenne… Et oui, si on ajoute les médailles gagnées individuellement par tous les Etats membres de l'Union européenne, on aboutit à des chiffres qui laissent loin derrière le reste du monde.Quel dommage que le rêve d'une Fédération européenne ait été anéanti lors du référendum de l'année dernière. Ces résultats sportifs permettent cependant d'imaginer quelle aurait pu être sa puissance, une puissance qui ne se serait pas exercée uniquement dans les stades et sur les pistes de ski.

 L'AVENIR QUE JE DESIRE
Vous avez sans doute entendu parler de Ségolène Royal et de sa montée dans les sondages auprès des sympathisants socialistes comme de l'ensemble de l'électoral (selon des sondages rapportés par le Monde du 8 avril, elle obtient 41 % d'opinions favorables contre 21 % à Jospin, 17 % à Strauss-Kahn, 15 % à Jack Lang, 10 % à Fabius et 9 % à Hollande ; d'autre part, elle l'emporterait au second tour par 52 contre 48 % en cas de duel avec Sarkozy.Je n'ai pas l'intention d'utiliser le présent bulletin pour faire de la politique de parti (je préfère cantonner Démocratie Directe à des questions de pure idéologie) mais justement, certaines initiatives et déclarations de Ségolène Royal vont dans le sens de la démocratie participative que je prône dans ces lignes. En particulier, elle a créé un site Internet sur lequel elle donne la parole aux citoyens ordinaires qui sont invités à discuter des grands problèmes du moment : "Economie et travail : débloquer la situation", "Bâtir les protections sociales de demain", etc. Il suffit de s'inscrire pour pouvoir participer aux débats. Des "synthèses" reprennent ensuite les avis exprimés sur chaque question. D'autre part, des "diagnostics" précisent quelques données chiffrées qui permettent d'introduire une certaine objectivité dans le débat. Le format de ces débats est loin d'être parfait mais, à ma connaissance, c'est la seule initiative de ce genre dans le monde politique français centré sur les partis politiques et leurs chefs qui sont supposés tirer de leur chapeau la solution miracle à nos problèmes. Villepin a bien vu que la plupart des gens en ont  marre de voir des "leaders" (mot anglais qui signifie chef et qui correspond à führer en allemand ou à duce en italien) vouloir faire leur bonheur malgré eux. Je ne sais pas si Ségolène Royal est sincère et si sa tentative de participation se traduira par des actions concrètes mais en tout cas son intention affichée est bonne. A ce sujet, je trouve assez incroyable la manière dont se comportent certains présentateurs télé qui essayent de lui faire préciser son "programme" ou Sarkozy qui dit qu'elle n'a pas d'idées propres. Elle explique qu'elle veut donner la parole aux citoyens et on lui reproche de ne pas faire son Villepin en proposant comme lui des solutions toutes faites. Moi, je préfère les élus qui prennent le temps d'écouter les gens. Adresse du site :http://www.desirsdavenir.org/

 LE CPE VU D'OUTRE-ATLANTIQUE
L'affaire du CPE et les manifestations qu'elle provoque en France ont beaucoup attiré l'attention des commentateurs étrangers. Plusieurs articles lui ont été consacrés par exemple dans le International Herald Tribune, dont un, signé de William Pfaff, qui se demandait si les entreprises devaient être au service des employés ou bien des actionnaires. Cette question a suscité la réponse suivante d'un M. Silver, de Tacoma : "Pfaff semble ignorer ou oublie que la racine du capitalisme est le capital, investi à risque dans l'espoir d'un gain futur. La principale raison de l'existence d'une entreprise n'est pas d'enrichir la communauté, de fournir un revenu aux employés ni même, franchement, de faire de bons produits ou services, elle est de fournir un revenu aux investissements." La suite édulcore un peu cet énoncé mais j'aimerais beaucoup savoir ce que mes lecteurs pensent de cette attitude.

 LES MENTEURS DU REFERENDUM (Quatrième et dernier épisode)
Dans le numéro 3 de DD, page 3, je vous conseillais de surveiller trois points précis pour savoir qui avait menti lors de la campagne du référendum européen. J'ai noté dans le numéro 4 que Philippe de Villiers avait menti sur la question turque et dans le numéro 5 que certains socialistes avaient tout autant menti en agitant l'épouvantail de la directive Bolkenstein. Il ne reste plus que la question du "plan B" et de l'élection d'une Assemblée constituante qui devait élaborer une constitution plus sociale et plus démocratique. Il est peut-être encore un peu tôt pour trancher sur ce point mais, un an après le référendum, force est de constater que nul ne parle plus d'une assemblée constituante et que, au contraire, le discours des dirigeants politiques européens s'écarte de plus en plus de l'Europe sociale évoquée par les Fabius et consorts. Entre l'Europe politique et un marché commun purement économique, le choix semble avoir été fait et le bon vieux protectionnisme, caché derrière les slogans de "nationalisme économique" ou même de "patriotisme" a le vent en poupe.Que les partisans de de Villiers ou de Le Pen s'en réjouissent, c'est logique, mais je demande aux gens de gauche s'ils n'ont pas l'impression de s'être fait avoir. J'espère qu'ils s'en souviendront lors des prochaines élections présidentielles !

 ET LA POLOGNE ?…
On m'a dit que la Turquie n'est pas prête à entrer dans l'Europe (ce qui est une évidence dans l'état actuel des choses) mais je me demande si certains des Etats qui font maintenant partie de l'Union européenne étaient mieux préparés à y entrer. J'ai lu dans Monde du 2 février dernier que le nouveau gouvernement polonais a été constitué par une alliance de trois partis : les conservateurs de Droit et Justice (PiS), les populistes de Samoobrona et les ultra-catholiques de la Ligue des familles polonaises (LPR). Jusque-là, tout va bien mais les déclarations des responsables sont inquiétantes. Jaroslaw Kaczynski, président du PiS dont le frère jumeau, Lech, est devenu président fin décembre, a déclaré que cet accord "aura pour effet le renforcement de la position de la Pologne face aux autres pays" et que "La défense de nos intérêts nationaux sera quotidiennement à l'ordre du jour, et nos partenaires devront en prendre note". Ceci s'est bien vu lors de l'affaire de la TVA dans le bâtiment lorsque le gouvernement polonais a profité de son droit de veto pour obtenir des avantages au détriment de l'idéal de solidarité européenne. Mais il y a plus grave. Le même article du Monde nous apprend que "les trois partis n'ont convié à la cérémonie de signature de l'accord que la seule télévision catholique intégriste Trwam. La télévision Trwam et son pendant radiophonique Radio Maryja diffusent un contenu ultra-catholique, violemment anti-libéral [au sens américain du terme : les "libéraux" sont les gens de gauche], xénophobe et souvent antisémite." En France, les gens qui s'opposent à l'entrée de la Turquie sont inquiets des sentiments nationalistes et de l'intégrisme musulman très répandus dans ce pays. Je suis tout aussi inquiet des sentiments nationalistes et de l'intégrisme catholique que l'on observe en Pologne. On assiste en ce moment dans de nombreux pays européens à une montée des égoïsmes nationaux et de la xénophobie (haine des étrangers) qui font avec les divers intégrismes religieux exacerbés un mélange assez détonant. L'Europe, la vraie, sera un Etat fédéral et laïque ou elle ne sera pas.

 QUATRIEME EDITION DU SEMI MARATHON DE VERRUE
La quatrième édition du semi-marathon de Verrue qui a eu lieu le 8 mai a confirmé le succès de cette course d'entraînement puisqu'elle a réuni 21 participants (18 l'année dernière). La course de 10,4 km a été remportée par Yves Bodineau en 46' tandis que Geneviève Delachaume était la première féminine en 59'30" (record personnel sur l'épreuve). Le  semi-marathon (21,1 hm) a vu la victoire de Pascal Morisseau en 1h26 (14,7 km/h) et Danielle Morisseau, première féminine en 1h53. A l'année prochaine !
 

Numéro 7  Juillet 2006

 LA MORT DE VERRUE QUOI ?
J'ai appris avec tristesse la dissolution de "Verrue Quoi ?" et la disparition du bulletin qu'elle publiait et distribuait sur Verrue. J'avais été l'un des membres fondateurs de cette association et si je l'ai quittée il y a deux ans, c'était pour des raisons purement personnelles qui ne m'ont jamais empêché d'apprécier l'action qu'elle continuait de mener après mon départ. L'une des conditions primordiales de toute démocratie est la présence d'une presse libre et, sur ce sujet, la commune de Verrue était gâtée puisque ses 400 habitants disposaient de deux sources d'informations indépendantes du pouvoir communal. En outre, je trouvais qu'elles étaient assez complémentaires, Verrue Quoi s'intéressant davantage aux problèmes pratiques rencontrés par les habitants de la commune tandis  que Démocratie directe s'intéressait à des sujets plus généraux concernant la pratique de la démocratie et de la participation.Je comprends parfaitement les raisons qui ont présidé à la disparition de VQ, en particulier l'absence de participation des habitants de Verrue. Il est évident que la participation exige la présence de participants et que sur ce point les Verruquois ne se bousculent pas. Je ressens souvent moi aussi l'impression de parler dans le vide et l'absence d'écho, même critique, est un peu déprimante. Je vais pour ma part essayer de m'accrocher et de continuer de vous dire que vous avez le droit d'avoir une opinion sur les questions municipales qui vous concernent, que vous avez le droit d'exprimer cette opinion et que les élus ont le devoir d'écouter les  opinions qui s'expriment et d'en tenir compte.Encore faut-il qu'il existe un moyen d'exprimer ces opinions. C'était là justement le rôle de Verrue Quoi, comme je l'indiquais ci-dessus. Le bulletin VQ disparaissant avec l'association, les habitants de notre commune risquaient donc de se retrouver sans voix. Je compte bien continuer de publier Démocratie Directe, avec ou sans écho, et j'ouvre donc ses colonnes aux membres de l'association disparue (voir ci-dessous), ainsi qu'à tous les habitants de la commune qui souhaitent donner leur avis sur les questions qui nous intéressent tous. J'espère que vous serez nombreux à profiter de cette invitation.

 COMMUNIQUE
Monsieur le Maire de Verrue en préambule du bulletin officiel de la Mairie de juillet a cru bon de revenir sur la dissolution de "V-Q ?". Que cette association ait pu poser des problèmes à la municipalité en formulant des questions légitimes, sans doute, mais loin de "désinformer" – ce qui signifie : induire en erreur, cacher ou travestir les faits (Petit Robert) – "V-Q?" s'est toujours efforcé de compléter les informations, souvent partielles, que donnait la municipalité. Seul un vrai dialogue aurait permis d'informer correctement la population par le jeu des questions-réponses. Le monologue, même municipal, n’est pas gage d’une vérité absolue car il néglige les questions que chaque citoyen est en droit de se poser. Nous posions des questions, nous attendions des réponses, et nous donnions notre opinion ; si c’est cela la "désinformation", alors qu’est ce que la démocratie ?
L'ex conseil d'administration de "V-Q?"
 
LE FINANCEMENT DES REFORMES
J'ai reçu la lettre suivante de la part d'un lecteur attentif qui préfère rester anonyme :
"Je travaille pour l'Education Nationale et je voudrais vous faire part d'une chose que vous n'entendrez ni dans les médias ni dans la bouche du ministre de l'éducation.A la rentrée de septembre 2006 une réforme des programmes de langues vivantes aura lieu (Voir le Bulletin Officiel de l'Education Nationale n°6 du 25 août 2005), réforme encouragée et souhaitée par l'Union Européenne qui vise à créer une reconnaissance homogène des diplômes entre le pays de l'union (tous devraient avoir la même appellation et surtout la même valeur, que ce soit en France ou en Pologne). Cette réforme facilitera les études à l'étranger (ce qui est une très bonne chose) mais obligera aussi les établissements scolaires à renouveler les manuels dans la plupart des disciplines linguistiques. Outre cette réforme, le programme de cinquième a également été modifié. Dans notre petit établissement de 120 élèves, nous devons donc changer les manuels d'anglais pour les classes de sixième, ceux d'allemand et d'espagnol pour les quatrièmes et enfin ceux de mathématiques, de sciences de la vie et de la terre et de physique pour les cinquièmes. Un manuel scolaire coûte environ 18€. Nous avons environ 34 sixièmes, 24 cinquièmes et autant de quatrièmes et sommes donc dans la nécessité d'acheter 130 nouveaux livres, soit environ 2340€. Chaque année l'état verse une "Subvention de Crédits pour Fonctionnement Pédagogique". Nous avons perçu 697€ pour la rentrée prochaine. Cette somme sert à acheter les carnets de liaison (182,03€), à payer la redevance obligatoire pour effectuer les photocopies (210,47€). Il nous reste donc 304,50€ pour acheter les manuels, ce qui correspond à 17 livres. Je demande donc aux élus comment faire pour subventionner le reste? Au moment où notre gouvernement semble plus occupé à trouver les moyens de diminuer les impôts directs, à investir dans les marchés économiques mondiaux et à "développer l'économie", le budget de l'éducation nationale se voit restreint de plus en plus chaque année. Vous constaterez que je ne parle pas de salaires du personnel ou de retraites ou de je ne sais quoi. Je vous parle des crédits dont profitent directement vos enfants. Je vous encourage maintenant à en tirer vos propres conclusions."
Personnellement, et dans le cadre de mon bulletin Démocratie directe, je vois dans cette affaire un exemple concret de la manière dont les élus pratiquent la démocratie. On annonce une belle réforme mais on oublie de sortir l'argent qui permettra de la mettre en œuvre. Je précise tout de suite que cette attitude n'est pas réservée à un parti et qu'on la trouve aussi bien à droite qu'à gauche (voir ci-dessous).

 LE PROGRAMME DU PARTI SOCIALISTE  
Les Socialistes ont donc choisi un programme pour les prochaines élections présidentielles mais les primaires ne désigneront le candidat du Parti qu'en novembre. C'est vraiment mettre la charrue avant le tracteur ! Vous savez tous que les divers présidentiables socialistes s'opposent violemment les uns aux autres non seulement pour des questions de personne mais aussi sur des points de fond. Par exemple, Fabius a lancé l'idée du SMIC à 1500€ mais cette proposition a été descendue en flammes par d'autres candidats du parti car elle était impossible à financer. La solution démocratique aurait été de dire : "Un candidat propose le SMIC à 1500€, un autre dit, chiffres en main, que c'est financièrement impossible", puis il aurait fallu laisser aux électeurs le soin de trancher entre les deux lors des primaires de novembre. Au lieu de cela, nous avons assisté à une synthèse bâtarde entre tous les points de vue et le PS promet maintenant de porter le SMIC à €1500€ " en cours de législature", soit entre 2007 et 2012. Or, le SMIC qui est actuellement de l'ordre de 1200€ est obligatoirement revalorisé de 2,5 % chaque année. Faites le calcul, il sera de toute façon à 1500€ en 2012 ! Le PS prend donc les gens pour des cons et, pour faire plaisir à Fabius, fait des promesses électorales qui n'en sont pas. Pire, le candidat ou la candidate qui sera choisie en novembre sera encombrée d'un programme qui ne sera pas le sien et qui donnera des armes faciles à ses adversaires des autres partis.Désigner le candidat d'un parti par des primaires et non par les "dirigeants" auto-proclamés du parti est tout à fait dans la ligne de la démocratie directe. Encore faut-il faire les choses dans l'ordre, laisser à chaque candidat la liberté de proposer son propre programme et aux membres du parti celle de choisir un candidat et son programme.
 
 ENFIN UNE REACTION  
Au moment où je me désolais de l'absence de réaction à la publication de mon bulletin, voici que je reçois enfin une lettre d'un lecteur attentif. Il s'agit plutôt d'un message non signé (encore un !) griffonné sur le dernier numéro de DD, message qui, si je l'ai bien déchiffré, dit ceci :
Si vous aurez laissez s'installer le Naturascope, Verrue aurais revit mais quand on est Bête on le reste.On vit en France et vos Bêtises emmène les autres à partir à l'étranger.Vous aimez Manger de la Merde alors Mangé là.
Je veux d'abord supplier mon correspondant de respecter les règles : une lettre anonyme, ça se rédige en collant sur un papier des lettres ou des mots découpés dans le journal. J'adore recevoir des lettres anonymes mais j'en veux des vraies. Votre mot manuscrit ne fait pas sérieux et ne respecte pas votre anonymat. La prochaine fois, faites un effort ! Cependant, une réaction à la publication de DD est un événement rare ; je ne vais donc pas faire la fine bouche et je vais vous répondre. Il n'est pas question pour moi de rejouer la bataille du Naturascope, c'est du passé et tout a été dit la-dessus (reprenez votre collection de bulletins "Verrue Quoi" et vous y retrouverez tous les arguments des opposants à ce projet délirant). Je dirais simplement que ce projet n'aurait pas suffi, s'il avait vu le jour, pour assurer la reviquance (ou renaissance) de notre commune. J'avais à l'époque proposé une dizaine de projets moins ambitieux peut-être mais susceptibles de redonner une certaine vie à notre village endormi. Je note au passage que nul élu ne s'y est jamais intéressé, ne serait-ce que pour me démontrer que mes idées étaient impossibles à réaliser. C'est justement cette absence de participation contre laquelle je m'élève dans ces pages. Vous, cher correspondant anonyme, vous semblez avoir des idées et vous les exprimez. Etes-vous réellement contre ceux qui, comme moi, vous expliquent que vous avez le droit de parler et que les élus ont le devoir de vous écouter ?En ce qui concerne la seconde partie de votre message, j'avoue que son sens m'échappe. Voulez-vous dire qu'il suffirait que je continue de publier Démocratie Directe pour que tous les gens qui, comme vous, pensent que je ne dis que des bêtises s'enfuient à l'étranger ? J'avoue que cette éventualité réveille mes ardeurs et va me donner le courage de continuer mes efforts jusqu'à ce que tous les opposants se soient faits naturaliser Moldo-Valaques ou Mongoliens Extérieurs. Mais peut-être ai-je mal compris votre texte : d'où la nécessité de bien rédiger son message anonyme, comme je le disais plus haut.En tout cas, votre dernière phrase se lit parfaitement et je m'associe de tout cœur à votre appel en faveur de la scatophagie : vous avez compris comme moi la nécessité du recyclage et, la merde ayant une teneur non négligeable en éléments nutritifs, sa consommation ne peut qu'aider à sauvegarder les ressources de notre planète. Je me félicite de voir que, sur ce point au moins, nous sommes d'accord.

 LES RATS ET NOUS  
Dans son livre récent, Nous les dieux, Albin Michel, pages 232-234, Bernard Werber évoque les observations de Didier Desor, chercheur du laboratoire de biologie comportementale de la faculté de Nancy, qui étudiait l'aptitude à la nage chez les rats. Six rats en cage devaient traverser une piscine pour aller chercher leur nourriture mais le chercheur s'est vite aperçu qu'ils n'y allaient pas tous. Deux des rats étaient devenus les esclaves de deux autres rats qui les forçaient à aller chercher la nourriture pour eux. A leur retour, les rats exploiteurs frappaient les esclaves pour s'emparer des graines qu'ils rapportaient. Un cinquième rat était assez robuste pour aller chercher lui-même son repas et tenir tête aux rats exploiteurs. Le dernier rat, incapable aussi bien de nager que de se battre se contentait de ramasser les miettes tombées lors des combats. La même répartition - deux exploiteurs, deux exploités, un autonome, un souffre-douleur - réapparut dans les vingt cages où l'expérience fut reproduite.Didier Desor plaça alors six exploiteurs ensemble. Après une nuit de combat, ils avaient recréé les mêmes groupes : deux exploiteurs, deux exploités, un souffre-douleur, un autonome. Le même résultat fut obtenu quand il réunit six exploités dans une même cage, six autonomes ou six souffre-douleur. Quels que soient les individus de départ, ils finissaient toujours par se répartir les mêmes rôles.Je trouve un triste parallèle entre les rats de Desor et l'espèce humaine. Réunissez quelques hommes en une communauté et il apparaît vite entre eux des exploiteurs, des exploités, quelques souffre-douleur et enfin des individualistes, capables de vivre leur vie sans rien demander à personne et en faisant respecter leurs droits. Dans quelle catégorie vous placez-vous ?Si vous n'appartenez pas au groupe des exploiteurs, consolez-vous en sachant que l'analyse des cerveaux des rats a montré que les plus stressés n'étaient pas les souffre-douleur ou les exploités mais bien au contraire les exploiteurs qui craignaient sans doute de perdre leur statut privilégié et d'être contraints un jour d'aller au labeur.

 QUI A GAGNE LA COUPE DU MONDE ?
Ben, c'est nous, bien sûr ! Remarquez, le suspense était terminé dès les quarts de finales puisque les quatre équipes qui restaient en lice (Allemagne, France, Italie et Portugal) appartenaient toutes à notre pays, l'Europe. Encore un bel exemple  de ce que nous pourrions faire si toutes les provinces européennes acceptaient enfin de s'unir réellement. (Oui, je sais, je l'ai déjà dit mais n'ayez crainte, je le redirai encore : attendez seulement les prochains jeux olympiques).
 
LE JEU DE L'ETE
Qui a dit "Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables" ?Lionel Jospin ?Jacques Chirac ?Georges Clémenceau ?

 L'ELOIGNEMENT DE LA COMMUNAUTE DE COMMUNE
Dans le numéro 8 (juin 2006) de Pays d'avenir, le président de la Communauté de Communes du Pays loudunais évoque les griefs les plus répandus contre la CCPL, dont celui-ci : "l'intercommunalité paraît éloignée". Après avoir rappelé que "les élus communautaires sont désignés par les conseils municipaux" et précisé que "les conseils de communauté sont des moments privilégiés pour la démocratie locale, car c'est la seule occasion où les élus locaux sont réunis pour aborder les problématiques du territoire", il s'étonne que les gens se sentent loin de la CCPL. C'est pourtant le contraire qui aurait été surprenant. N'oublions pas que M. Belin a fait sienne la doctrine énoncée par M. Monory selon qui les élus tirent leur légitimité de leur seule élection et n'ont pas de comptes à rendre à leurs électeurs d'une élection à la suivante. Nous avons donc à la CCPL des délégués qui sont choisis par les élus communaux qui, eux, n'ont pas à s'expliquer sur leurs choix. Entre cette indépendance totale vis à vis des citoyens ordinaires et cette sélection à deux étages pour les délégués communautaires, comment s'étonner que l'intercommunalité paraisse éloignée ?On me dira sans doute que le fonctionnement de la CCPL respecte les lois en vigueur mais, s'il est réellement impossible (ce qui reste à prouver) de faire choisir les délégués communautaires par un vote direct des citoyens, rien n'empêche la CCPL et son président de demander l'avis de l'ensemble de la population sur les sujets importants, tiens, ce qu'on doit faire du bois de Beaumont par exemple. Si les élus continuent d'être les seules personnes habilitées à "aborder les problématiques du territoire" (traduction : étudier les problèmes qui se posent dans le Loudunais), nul doute que les citoyens ordinaires, c’est-à-dire vous et moi, continueront de se sentir très éloignés de l'intercommunalité.

 QUATRIEME EDITION DU SEMI-MARATHON DE VERRUE
La quatrième édition du semi-marathon de Verrue qui a eu lieu le 8 mai a confirmé le succès de cette course d'entraînement puisqu'elle a réuni 21 participants (18 l'année dernière). La course de 10,4 km a été remportée par Yves Bodineau en 46' tandis que Geneviève Delachaume était la première féminine en 59'30" (record personnel sur l'épreuve). Le semi-marathon (21,1 km) a vu la victoire de Pascal Morisseau en1h26 (14,7 km/h) et Danielle Morisseau, première féminine en 1h53. Le pique-nique en commun qui a suivi la course a eu le succès habituel. A l'année prochaine !

 Démocratie Directe Copyright Fortuner, 2006 – Publication trimestrielle – ISSN : 1770-4529 Prix : 3 € – Abonnement : 10 € (4 numéroos) Directeur de la publication et impression : Renaud Fortuner, La Cure, 86420 Verrue, fortuner@orange.fr


Numéro 8 Octobre 2006

POURQUOI JE SUIS "ROYALISTE"
A l'heure où j'écris ces lignes, on ne sait pas encore quel sera le candidat du parti socialiste mais j'espère que Ségolène Royal sera choisie pour que je puisse voter pour elle l'année prochaine. Je la soutiens non parce qu'elle est socialiste, ni parce c'est une femme ou qu'elle est plus belle que Fabius ou DSK, mais parce que c'est la première personnalité politique à s'engager de manière aussi forte sur les questions de participation et même de démocratie directe.
Les militants socialistes se feront peut-être peur en novembre et préféreront un politicien tel que DSK qui présente un profil bien connu, les électeurs français lui préféreront peut-être un "homme fort" tel que Sarkozy, peu importe. Ségolène Royal a soulevé le couvercle d'une marmite en ébullition que personne ne pourra plus refermer et dorénavant, nul politicien ne pourra ignorer le besoin profond qu'éprouvent les citoyens ordinaires, les gens comme vous et moi, à se faire entendre de leurs maîtres. Au-delà de telle ou telle proposition concrète, les jurys populaires par exemple, c'est toute l'attitude de Ségolène Royal qui montre que, pour elle, la participation n'est pas un vain mot, ni un slogan électoral. Dans toutes ses interventions, elle met les citoyens en avant et elle parle de manière très concrète des gens, des individus.On l'accuse de vouloir gouverner à l'audimat mais c'est ne rien comprendre à ce qu'elle dit. Là où les politiciens professionnels apportent des réponses, elle pose des questions, ce qui est le premier pas dans la recherche d'un consensus. (Voir mes articles sur la discussion publiés dans les premiers numéros du présent bulletin). Respecter l'opinion des citoyens, ce n'est pas de la démagogie, ni du populisme, et encore moins de la dictature populaire, c'est ce que l'on appelle la démocratie, principe dont on parle beaucoup et qui n'a jamais été vraiment appliqué dans le monde.
Si Ségolène Royal est élue, on peut espérer que le peuple aura enfin le droit de s'exprimer et c'est pour  cela que je suis devenu Royaliste. Mon père, qui faisait partie des "Camelots du Roi" avant guerre, aurait été bien heureux de le savoir !

COURRIER DES LECTEURS
Un lecteur attentif, M. Silvio Vit, m'a envoyé une longue lettre que je ne peux citer en entier et dont je n'extrais que les critiques : "Il est bien certain que je ne suis pas toujours de votre avis, entre autres sur vos positions sur la constitution européenne (…) galimatias ouvrant la porte à toutes les interprétations et instituant une situation dans le genre de ce qui se passe aujourd'hui."                           Mes articles sur la constitution européenne ne concernaient pas vraiment la question de fond (de quelle constitution voulons-nous ?) mais plutôt les mensonges qui ont été proférés à l'occasion de la campagne. Que l'on soit contre le projet proposé, soit, mais que l'on mente délibérément pour tromper les gens et les faire voter comme on l'entend, je dis non ! Fabius en particulier ("responsable mais non coupable" dans les affaires du sang contaminé et du Rainbow Warrior) nous a délibérément trompés en lançant le canard du Plan B. Comme le dit très bien mon correspondant : "Nous avons actuellement une situation où l'Europe vogue sans pilote abandonnée à un libéralisme souterrain anonyme et cupide". Si c'est ça le Plan B promis par Fabius, bravo !

DEUX PETITS TRUCS SUR L'IMMIGRATION
Bush va donc dépenser des milliards de dollars pour compléter le mur qui sépare les Etats-Unis du Mexique. Dans le reportage diffusé sur France 2, le 27 octobre, on voyait aussi un agriculteur californien désespéré devant ses poires perdues parce qu'il n'avait pas pu trouver suffisamment de Mexicains pour les récolter.
Au dix-huitième siècle, à la grande époque de la traite des nègres, les bateaux partis de Bordeaux allaient charger sur la côte du Bénin les malheureux jeunes gens que leur vendaient les "rois nègres" des tribus côtières. L'Afrique perdait ainsi ses enfants, choisis parmi les plus forts, ça rapporte plus. Aujourd'hui, Sarkozy va négocier auprès des politiciens qui ont succédé aux rois nègres pour mettre en place une immigration choisie dans laquelle seuls les Africains "utiles" auront le droit de venir en France. L'Afrique perdra donc encore les plus qualifiés de ses enfants.

DES NOUVELLES DU FUTUROSCOPE
La Nouvelle République se faisait écho le 27 septembre dernier des difficultés du Futuroscope qui a perdu cet été 6 % de visiteurs. Le directeur du parc, Dominique Hummel admettait que le parc avait des problèmes mais il prévoyait qu'une "grosse opération de communication" allait permettre de rétablir la situation en novembre. En effet : j'ai trouvé hier dans ma boîte une invitation signée par M. Hummel et par le président du conseil général de la Vienne ainsi qu'un bon de 15€ de réduction sur le prix d'entrée au Futuroscope (31€  en temps normal). Il est clair que ceci va attirer du monde et permettre aux dirigeants de se féliciter de ce "redressement" de la situation, mais qui va payer les 15€ économisés par chaque spectateur ? Est-ce le conseil général de la Vienne, avec les impôts que vous lui avez versés ? Que la communauté soutienne des projets qui permettent le développement économique de la région, c'est normal, encore faut-il que ces projets soient bien choisis et que leur financement soit bien clair. Or, on lit dans l'article de la NR que le   directeur du parc accuse le député Alain Claeys d'avoir révélé les difficultés du Futuroscope au public, c’est-à-dire à ceux qui payent les pots cassés ! Il affirme même que "Alain Claeys est tenu à une obligation de réserve". Il faudrait donc que les élus cachent aux électeurs les erreurs qu'ils commettent ? Curieuse idée de la démocratie. Il faudrait au contraire des structures qui permettent aux citoyens de savoir ce que leurs élus font de leur argent, tiens des "jurys citoyens" par exemple…

LE POPULISME
On parle beaucoup de populisme ces temps-ci et ça m'a donné l'envie d'aller vérifier le sens exact de ce mot. Le Larousse et le Robert sont trop succincts mais sur Internet l'encyclopédie Wikipédia est plus complète :
"Les populistes critiquent généralement la démocratie dite représentative, les milieux d'argent ou une minorité quelconque (ethnique, politique, administrative etc.), censée avoir accaparé le pouvoir. Ils leur opposent une majorité postulée, qu'ils courtisent. (…) Le boulangisme, le péronisme, ainsi que le poujadisme ont été qualifiés de mouvements populistes."  Le terme populisme est souvent considéré aujourd'hui comme synonyme de démagogie ou d'opportunisme politique, surtout vis-à-vis de mouvements d'opposition."
L'idée de base du populisme est donc que le pouvoir est accaparé par une minorité quelconque. Il me semble que c'est bien le cas et c'est contre cette situation que je m'élève dans le présent bulletin. La suite de la définition est la description d'un dérapage car l'idéal populiste a été accaparé à son tour par certains démagogues qui s'en servent pour assouvir leurs ambitions personnelles, ce qui explique que   le terme "populiste" est maintenant utilisé de manière péjorative pour qualifier sans discernement des personnalités politiques aussi diverses que Le Pen, Ségolène Royal, Sarkozy ou José Bové.
Il est cependant possible d'être populiste si on ne s'élève contre la dictature des élites que pour essayer de rendre le pouvoir aux individus sans prétendre le garder pour soi. N'oubliez pas que dans populisme il y a le mot peuple, que peuple se dit "dêmos" en grec et que le populisme, le vrai,  est donc la forme la plus pure de la démocratie.

LA VIOLENCE DES BANLIEUES
Il est clair que la question de la violence des banlieues va dominer la campagne présidentielle. Pour des gens comme Le Pen ou Sarkozy, la solution est claire : il suffit d'être fort et de réprimer durement tout débordement. Et ça marche, en tout cas dans les sondages puisque ces deux candidats font des scores impressionnants. Le problème, c'est que ça ne suffit pas à calmer les jeunes. Depuis des années que notre cher ministre de l'intérieur applique la manière forte, on ne constate pas vraiment que les choses s'arrangent. Il vous dira que c'est parce que les méchants juges ne font pas leur travail mais ce qu'il leur reproche, c'est de ne pas condamner des gens sans preuve. Les tribunaux d'exception ne marchent pas mieux que la justice ordinaire pour lutter contre la violence. Voyez donc Bush qui s'en sert depuis trois ans pour lutter contre le terrorisme : on n'a pas là non plus constaté de réduction notable de la violence. Il est évident que toute personne normale à envie de taper sur la gueule de ces petits cons mais il faut se rendre à l'évidence : CA NE MARCHE PAS !
Alors, faut-il laisser la rue aux voyous de banlieue et le monde au terrorisme ? Bien sûr que non, mais il faut essayer de faire en sorte que voyous et terroristes cessent de nous emmerder.   Prenons les voyous. La première chose à faire est de se demander pourquoi ils font ça, ce qu'ils veulent en somme. Il faut d'abord se débarrasser des réflexes de racisme primaire (ils sont violents parce que c'est des ratons ou des nègres). Quelle que soit la couleur de leur peau et leur chevelure, ce sont tous des Homo sapiens et ils ne sont pas différents du bon "Français de souche".
Les cahiers de doléances qui viennent d'être rédigés dans les banlieues montrent d'abord que tous ces Français pas de souche veulent un peu de respect. J'entends déjà tous ceux qui vont hurler : "S'ils veulent du respect, ils n'ont qu'à commencer par cesser de brûler les autobus". L'ennui, c'est qu'ils ne brûlent pas tous des autobus. Un responsable d'association disait récemment (Nouvel Observateur du 26 octobre) que sur 1000 jeunes des banlieues, il y a 150 casseurs, 250 jeunes parfaitement intégrés et 600 jeunes qui oscillent entre ces deux extrêmes au gré des provocations policières et des discours incendiaires de Sarkozy.
Un exemple, j'entendais récemment à la radio un jeune "noir" qui racontait comment, étant allé chercher des papiers dans un commissariat, il s'est rendu compte qu'on lui avait donné un numéro d'ordre qui le mettait plus loin dans la file d'attente que des "blancs"    arrivés après lui. Mettez-vous un peu à sa place : aussi intégré que vous puissiez être, si ça ne vous met pas la rage au ventre c'est que vous n'avez vraiment aucun amour-propre.  Chaque fois qu'un Africain se voit refuser un travail ou un logement simplement en raison de la couleur de sa peau, chaque fois qu'un flic rudoie un Africain non parce qu'il a commis un délit mais parce qu'il a "le profil", chaque fois que Sarkozy fait une grande déclaration à visées électorales, c'est un jeune de plus qu'on retrouvera à lancer des cailloux ou des cocktails Molotov. Il faut, c'est évident, faire cesser la violence et se montrer sans pitié contre ceux qui mettent en danger la vie d'autrui, mais il faut en même temps agir réellement pour faire cesser la discrimination et faire en sorte que tous ces jeunes sachent que, s'ils jouent le jeu, la société fera en sorte qu'ils trouvent un boulot, un logement et une famille.
Lors de l'élection présidentielle, vous pourrez voter pour un candidat qui promet de "taper fort" d'être "sans pitié". Allez-y, faites-vous plaisir, mais sachez bien que votre gars gonflé n'y pourra rien et que les violences continueront. Pensez aux Irlandais et aux Basques qui voient enfin le bout du tunnel parce qu'un jour quelqu'un a accepté d'entamer le dialogue.

LA CANDIDATURE DE LE PEN
Le Pen hurle qu'on saborde sa candidature en dissuadant les maires de le cautionner. Il fait le coup à chaque élection et il a le chic pour se poser en victime. Ce qui est incroyable, ce sont les commentaires des responsables de l'UMP. Au lieu de dire, comme tout démocrate conscient, qu'il est impensable qu'un homme qui atteint 18 % dans les sondages ne soit pas représenté lors du scrutin, on a l'impression qu'ils ne raisonnent qu'en termes de stratégie électorale : l'absence éventuelle de Le Pen gênerait-elle ou non la victoire de Sarkozy ? J'espère qu'un nombre suffisant de maires aura le  courage  de cautionner Le Pen pour qu'il se fasse battre à la loyale. J'en profite pour demander au maire de Verrue qui il compte cautionner et pour lui conseiller de cautionner Le Pen si personne d'autre ne veut accomplir cette tache aussi répugnante que démocratique.

LE PRESIDENT DE LA CCPL NOUVEAU DEFENSEUR DE LA FORET DE SCEVOLLE
Le numéro 9 de "Pays d'avenir", magazine de la communauté de communes du Pays loudunais, m'est tombé des mains lorsque j'ai lu en page 2 l'éditorial du président de la CCPL, Bruno Belin, qui commence par ces mots : "Nous avons la chance de vivre dans une région qui propose une véritable   qualité de vie : espaces naturels préservés, (etc.)". Il est bien évident que, dans le Loudunais, les "espaces naturels" sont représentés principalement par la forêt de Scévolles et il est tout aussi évident que leur préservation n'a tenu qu'à l'action des personnes et des quelques associations qui ont  fait barrage au projet insensé consistant à y implanter une sorte de Disneyland au rabais.

Je me félicite bien entendu de ce revirement de M. Belin et j'espère qu'il prendra bien vite sa carte de membre de "Bien Vivre en Scévolles"…

DEMOCRATIE PARLEMENTAIRE
Dans la lettre d'information publiée sur le site www.laurent-fabius.net, je lis dans le commentaire du premier débat : "Rénover la démocratie, cela consiste à mettre en place une vraie démocratie parlementaire, dotée de vrais contrepouvoirs efficaces."

Je rappelle que la démocratie parlementaire est un régime démocratique dans lequel le parlement domine au point de   choisir lui-même ceux qui sont chargés du pouvoir exécutif tandis que dans un régime présidentiel, c'est le président de l'exécutif qui domine.  Si la 5ème république est un parfait exemple de régime présidentiel, n'oublions pas que la 4ème était un non moins parfait exemple de régime parlementaire. Essayer de sortir de la dictature actuelle pour retomber dans la chienlit de la 4ème avec ses   gouvernements qui tombaient tous les six mois serait pour moi totalement absurde. Ce qu'il faut, c'est instaurer un régime véritablement démocratique, un régime dans lequel le pouvoir réel n'appartiendra ni au parlement, ni au chef de l'exécutif mais à chacun des citoyens. Impossible direz-vous ? Pas sûr et j'ai pensé à quelques solutions à ce problème, il suffit de vouloir sincèrement le résoudre.

MENSONGES
Dans la même lettre d'information de Laurent Fabius, je lis : "Marie-Noëlle Lienemann regrette que Ségolène Royal accroisse en permanence sa distance avec le projet socialiste, qu'au passage elle tend à discréditer en le qualifiant de "petit livre rouge" comme si le projet du PS n'avait pas été élaboré   collectivement et voté massivement par tous les socialistes.
En réalité, au cours de ce débat, S. Royal a dit du projet socialiste : "ce n'est quand même pas le petit livre rouge". Même les amis de Fabius peuvent se rendre compte que "ce n'est pas" est le contraire de "c'est". Il   me paraît donc évident que ces gens mentent sciemment en se disant que tous les moyens sont bons et qu'il en restera toujours quelque chose. Il est parfaitement normal de ne pas être d'accord avec les idées d'un candidat mais mentir pour gagner, c'est de la triche.



Numéro 9, avril 2007

UNE ELECTION HORS DU COMMUN
Quel que soit son résultat, l'élection présidentielle qui s'approche restera dans l'histoire. C'est en effet pour la première fois depuis deux cents ans que l'on dépasse les choix traditionnels entre les partis de droite et de gauche, du centre et des extrêmes. Je ne parle pas de Bayroux qui, quoi qu'il en dise, reste un homme de droite mais de la participation prônée par Ségolène Royal. Le 22 avril, il s'agira de savoir si on se contente comme d'habitude de choisir un maître, quelqu'un qui nous présente toute rôtie la solution à tous nos problèmes, ou si on tente l'aventure de la participation. Voulez-vous vous soumettre comme d'habitude aux Z'élus ou voulez-vous enfin avoir votre mot à dire ?
Bien entendu, les partis n'ont pas encore disparu et Ségolène Royal se présente sous une étiquette de gauche. C'est vrai, mais cela ne devrait pas faire reculer systématiquement les gens qui votent d'habitude à droite. La gauche et la droite ne sont d'ailleurs plus ce qu'elles étaient et il y a longtemps que les socialistes ont abandonné le marxisme et l'attente du Grand Soir. Entre les partis de gauche qui se sont accommodés du capitalisme et les partis de droite qui sont bien obligés de faire un peu de social, les différences ne sont pas bien grandes. Ce qui est différent en revanche, c'est la participation. Il est cocasse d'ailleurs de voir tous les candidats sauter dans le train en marche et de saupoudrer leur programme de promesses d'un peu plus d'écoute des citoyens. Cependant, ces mêmes candidats n'hésitent pas à reprocher à Ségolène Royal de ne pas avoir de programme et de se contenter de répéter ce que veulent les gens. Parmi tous les candidats, il n'y a qu'elle qui y croit vraiment, à la participation.
Ne l'oubliez pas quand vous irez voter.

FAUT-IL AVOIR PEUR DE LA PARTICIPATION ?
Maintenant que Ségolène Royal en a fait son cheval de bataille, tous les autres candidats parlent de la participation (il n'y a que Le Pen qui n'en dit pas un mot sur son site) mais ça ne les empêche pas de tirer la sonnette d'alarme sur cette pratique qu'ils jugent dangereuse. Même les intellectuels de gauche disent qu'il ne faut pas donner trop de pouvoir au peuple et que la plupart des gens sont incapables de raisonner objectivement sur un sujet quelconque. En somme, nous sommes trop cons pour penser et il faut laisser les Zélus et les Zélites choisir à notre place.
En réponse à cette attitude, je veux d'abord faire remarquer que la participation telle que semble la concevoir Ségolène Royal n'est encore qu'un premier pas assez limité. Il ne s'agit pas de laisser les citoyens décider de tout par des référendums incessants mais plutôt de demander aux gens concernés de donner leur avis et de faire des suggestions sur les choses qu'ils connaissent bien. Par exemple, s'il faut renégocier la politique agricole, on pourrait demander aux agriculteurs ce qu'ils en pensent et nous dire comment on peut améliorer la situation.
D'autre part, force est de constater que nos chers dirigeants se mettent souvent le doigt dans l'œil : pensez aux déboires de l'Airbus A-380, conséquence directe d'une erreur des politiciens. Plus proche de nous, j'ai feuilleté le livre de Bruno Belin dans lequel ce dernier admet les erreurs qui ont été commises par les élus lors du fiasco du Naturascope.
Puisque ceux qui nous gouvernent sont aussi capables que quiconque de se mettre le doigt dans l'œil, n'ayons pas peur de la participation : elle nous donnera au moins le plaisir de faire des conneries nous-mêmes avec l'obligation d'en assumer les conséquences !

LE PARRAINAGE DES MAIRES
La Nouvelle République du 14 décembre évoque les problèmes auxquels font face les maires quand il s'agit de parrainer tel ou tel candidat. Un des maires interrogés par le journal s'en tire en ne parrainant personne : "Je ne fais pas de politique. Dans mon conseil municipal, il y a des gens de droite comme de gauche et je ne veux pas donner le sentiment d'être en faveur de tel ou tel candidat".
C'est oublier un peu vite que les maires participent à l'élection des sénateurs et qu'à ce titre ils ont un pouvoir politique qui dépasse de beaucoup le simple parrainage des candidats. Si ce maire allait jusqu'au bout de son raisonnement, il devrait s'abstenir de voter pour tel ou tel sénateur. Le fait-il et tous les maires qui partagent sa façon de voir le font-il ? J'en doute car ça se saurait.
Le maire de Biard, lui, estime que "les gens ont beaucoup de mal à faire la distinction entre parrainage et soutien et même si la loi nous rappelle que donner notre signature n'équivaut pas à un coup de main politique, tout cela demeure peu lisible pour le grand public." Il ne dit pas ce qu'il fait pour expliquer ce point important à ses administrés. Mais peut-être ne fait-il rien.
Après avoir exposé ces problèmes, le rédacteur de l'article de la NR juge que "personne n'a en tête la formule magique qui satisferait l'ensemble des protagonistes". La solution est pourtant bien simple. Si on admet qu'il est impossible de laisser tous les zozos en quête de publicité, les illuminés et autres malades mentaux se présenter à la présidentielle, il n'y a aucune raison dans un Etat dit démocratique de réserver le parrainage aux seuls élus. Il serait plus juste de demander à chaque candidat d'obtenir la signature de x milliers de citoyens lambda. Les petits partis seraient sûrs d'obtenir leurs parrainages et dans le même temps chaque citoyen serait libre d'accorder son parrainage à la personne qu'il juge la plus digne.
C'est ça aussi la démocratie directe.

AH, CES IMMIGRES !

A en croire les Sarkozy, les Le Pen et autres De Villiers, les immigrés sont la cause de tous nos maux et représentent une menace permanente pour notre Belle France…

Mais qui sont ces immigrés, pourquoi viennent-ils nous envahir ?

Je ne pense pas que ce soit par envie de voir du pays comme j'ai entendu un abruti gouvernemental le dire à la radio. Quand on sait que, parmi ceux qui tentent le passage vers le Cap Vert et l'Espagne, un Africain sur six meurt en route, on peut imaginer que les candidats au tourisme dans de telles conditions sont plutôt rares.

La vraie raison est qu'ils n'ont pas le choix. Essayez de vous mettre dans la peau d'un pêcheur sénégalais qui n'a plus de poissons à pêcher depuis l'arrivée des flottes chinoises, d'un agriculteur malien dont les terres ont été avalées par l'avancée du Sahara ou d'un ivoirien en butte à la guerre civile. Vous devez nourrir votre famille mais vous n'avez plus de travail. Allez vous laisser mourir vos enfants ou vos petits frères et sœurs ? Peut-être avez-vous déjà perdu un proche et la douleur de ce deuil vous a donné le courage de tenter la traversée mortelle. Poussé par le désespoir vous l'avez tentée et vous abordez notre beau pays. Que risque-t-il de vous arriver ? De vous voir renvoyer par le premier avion venu dans votre pays où vous aurez la joie de voir crever de faim votre dernier-né. C'est beau, c'est grand, c'est généreux la France !

Et qu'on ne vienne pas me dire que la solution passe par des programmes de développement qui donneront du travail à tous ces gens dans leur propre pays. Primo, j'ai eu l'occasion pendant les années où j'ai travaillé comme chercheur en Afrique de voir de près les fameux programmes de développement et je peux vous dire qu'ils ne marchent pas. Il faudra que je vous en parle dans un prochain article. D'autre part, même si par miracle les Zélus se mettaient à appliquer les bonnes solutions, il faudrait des années pour qu'elles commencent à agir tandis que les gens, c'est aujourd'hui qu'ils meurent.

Alors, que faire ? Si vous êtes chrétien, la question ne se pose pas : Jésus a suffisamment parlé de l'amour que vous devez avoir pour votre prochain. Mettez son enseignement en pratique et accueillez ce prochain quand il a besoin de vous. Si comme moi, vous ne croyez pas au dieu de l'église, croyez au moins en l'Homme et secourez-le au nom de l'Humanité. Si vous n'écoutez pas ce que je vous dis ici et ce que vous disent tous ceux qui comme moi vous supplient d'accueillir nos frères, j'espère que l'enfer auquel je ne crois pas existe et que votre égoïsme vous y enverra tout droit y rôtir pour l'éternité.

LA PRATIQUE DE LA PARTICIPATION

J'ai tenté il y a quelque temps une expérience de démocratie participative pratique qui a maintenant pris fin et qu'il est temps de décrire ici. Elle a débuté lorsque, m'étant renseigné sur ma future retraite, j'ai découvert ce qui me semble être une injustice dans le calcul du salaire de base. En principe, ce salaire de base est la moyenne des 25 meilleures années. Pour les gens qui, comme moi, ont été salariés moins de 25 ans, c'est la moyenne des années pendant lesquelles on a été salarié. J'ai été salarié pendant 10 années calendaires mais je n'ai travaillé qu'un trimestre la première année et que deux trimestres la dernière année. Or, au lieu de calculer mon salaire moyen sur la base de 8,75 années de travail effectif, il est calculé comme si j'avais travaillé pendant 10 ans à temps plein.

Le 10 juin 2003, j'ai donc décidé de signaler le problème (ainsi que des solutions possibles) à "mon député", qui se trouve être Monsieur Abelin. En l'absence de réponse, j'ai confirmé par lettre recommandée du 16 septembre et là, M. Abelin m'a répondu en s'excusant de n'avoir pas réagi à ma première lettre (une erreur de son collaborateur apparemment) et en me promettant d'étudier la question avec les services de l'Assemblée nationale et (dans une seconde lettre du 30 septembre 2003) de poser une question écrite au ministre concerné (M. Fillon à l'époque).

Sans nouvelle de M. Abelin, je lui ai demandé le 19 février 2004 où en était l'affaire (avec lettre recommandée de rappel le 22 mars). M. Abelin m'a informé le 2 avril de la réponse de M. Fillon mais j'ai constaté en lisant ce texte qu'il ne s'agissait que de neutraliser les années n'ayant donné lieu à la validation d'aucun trimestre, ce qui ne résolvait pas mon problème. J'ai donc écrit de nouveau le 22 avril 2004 pour préciser ma situation à M. Abelin qui m'a aussitôt répondu qu'il fallait en effet revoir ces dispositions et qu'il allait écrire au nouveau ministre concerné, M. Borloo. J'ai demandé des nouvelles de l'affaire le 30 novembre 2004 et M. Abelin m'a répondu qu'il n'avait pas eu de réponse et qu'il allait écrire au nouveau ministre concerné, M. Douste-Blazy.

Après une nouvelle lettre de ma part, datée du 1 juin 2005, M. Abelin m'a confirmé le 23 juin 2005 qu'il n'avait pas eu de réponse des différents ministres à qui il s'était adressé. Comme je lui avais demandé dans ma dernière lettre s'il pouvait introduire lui-même une proposition de loi, il précise :

"J'ai donc décidé de me mettre en contact avec le service des études de l'Assemblée nationale pour étudier avec eux les moyens législatifs en ma possession pour intervenir efficacement dans le sens que vous souhaitez. Je tiens tout de même à vous rappeler que, quelles que soient les propositions de loi ou d'amendement que je peux présenter, c'est le gouvernement qui a le pouvoir de décider de l'ordre du jour du Parlement. Il faudra donc que de nombreux collègues parlementaires me soutiennent dans cette démarche, c'est pourquoi l'informerai les députés de mon groupe politique, l'UDF, de mes initiatives.

De plus les solutions que vous apportez peuvent relever du domaine réglementaire et non législatif, en ce cas je n'ai aucun pouvoir pour faire évoluer la législation, car la compétence revient exclusivement au Gouvernement."

M. Abelin m'a envoyé la semaine suivante (30 juin 2005) une longue lettre dans laquelle il m'explique en détail la situation actuelle, copies actuelle, copies de textes à l'appui. Il termine en disant "dans l'immédiat, je me mets en rapport avec mes collègues du groupe UDF pour étudier le meilleur moyen d'améliorer les règles de détermination du salaire ou du revenu annuel moyen pour le calcul de la retraite." J'ai accusé réception de cette dernière lettre le 26 juillet 2005 mais je n'ai plus eu de nouvelles de M. Abelin et j'ai décidé d'abandonner mon effort de participation et de me contenter de ma retraite au rabais.

Je tire cependant de cette expérience quelques enseignements utiles sur la pratique de la participation :

1 – La participation n'est pas dans les mœurs en France. Alors qu'aux USA, tout citoyen n'hésite pas à s'adresser à son "représentant", je me souviens que la dame de la Sécurité sociale qui m'avait expliqué les modalités du calcul de ma retraite m'a ri au nez quand j'ai dit que j'allais m'adresser à mon député : "Vous avez un député, vous ?" m'a-t-elle demandé.

2 – Avec un peu de persévérance, il est possible de faire intervenir "son député". Oh, bien sûr, il a fallu au début utiliser le subterfuge de la lettre recommandée, mais je suis heureux de témoigner que M. Abelin, une fois qu'il s'est pris au jeu, a vraiment cherché à trouver une solution.

3 – La branche législative n'a pratiquement aucun pouvoir. C'est le gouvernement, donc la branche exécutive, qui choisit les points sur lesquels le législatif sera autorisé à légiférer. Pire, comme me l'a précisé M. Abelin, tout le domaine réglementaire échappe totalement au pouvoir législatif. Ce sont pourtant ces règlements qui fixent les détails pratiques qui nous concernent, nous autres pauvres citoyens. Espérons que notre prochain Président, ou Présidente, s'attachera à faire évoluer les lois pour donner un poids réel à la participation des citoyens et qu'il ou elle rendra à la branche législative la maîtrise de son ordre du jour et le contrôle des dispositions réglementaires.

LE POUVOIR DES MOTS
Le Genetics and Public Policy Center de Washington a récemment effectué auprès de plus de 2000 Américains un sondage sur l'utilisation des cellules souches. Les enquêteurs ont demandé à la moitié des sondés s'ils approuvaient l'utilisation de cellules souches provenant d'embryons produits par clonage. Le pourcentage de réponses "oui" n'a pas dépassé 29 %, ce qui n'est pas étonnant dans un pays où les fondamentalistes religieux ont une grosse influence sur l'opinion. La même question a ensuite été posée aux autres sondés en remplaçant le mot "clonage" par une expression scientifique synonyme ("transfert de noyau dans les cellules somatiques") qui veut dire exactement la même chose mais qui n'emploie pas le mot qui fâche. Le pourcentage d'approbation a fait un bond pour atteindre 46 %  §

Méfiez-vous des mots qui déclenchent chez vous une réaction instinctive, qu'elle soit positive ou négative d'ailleurs. Le mot "fermeté" n'est pas toujours bon et le mot "nucléaire" n'est pas toujours mauvais et ce, quelle que soit votre orientation politique.

RETOUR SUR LE POPULISME
On m'a fait remarquer que, dans le dernier bulletin, l'article sur le populisme n'est pas très clair et, l'ayant relu, j'admets que j'ai un peu pédalé dans la choucroute. En fait mon propos est très simple. Le mot populisme vient de "peuple" et, à l'origine, les populistes voulaient rendre au peuple (c’est-à-dire à vous, à moi et à tous les gens "ordinaires") le pouvoir qui avait été accaparé par une minorité quelconque. J'expliquais ensuite que ce mot a pris un sens péjoratif parce que beaucoup de démagogues se sont servis du vocabulaire des populistes pour obtenir l'adhésion des gens du peuple, quitte à se transformer en dictateurs dès qu'ils avaient obtenu le pouvoir. Je concluais en disant que ce n'était pas parce que le populisme avait été détourné de son sens par quelques démagogues qu'il fallait le rejeter totalement et que, dans sa définition originelle, le populisme était bien dans la ligne de la démocratie directe défendue par le présent bulletin.

Est-ce plus clair maintenant ?

CINQUIEME EDITION DU SEMI-MARATHON DE VERRUE
Comme chaque année, le semi-marathon de Verrue (qui s'appelle cette année le semi-marathon de Jérôme, à la mémoire de Jérôme Yven, lui-même marathonien, tué sur la route le 10 mars) se déroulera le 8 mai 2007. Le parcours sera le même que les années précédentes : départ de Genéton échelonné à 9 heures (coureurs plus lents), 9h10 (coureurs moyens) et 9h20 (les flèches), course de 10,4 km jusqu'au pont de Chamaillard, entre Saires et Berthegon ou semi-marathon de 21,2 km jusqu'à Lencloître. La course sera suivie d'un pique-nique en commun à La Cure. Venez nombreux !



Numéro 10, septembre 2007

LE BULLETIN VA CHANGER
Les lecteurs attentifs auront peut-être remarqué que le bulletin a pris du retard. J'ai maintenant abandonné tout espoir de reprendre le rythme de quatre numéros par an que je m'étais imposé il y a deux ans. La publication de Démocratie directe se poursuivra au moins jusqu'aux prochaines élections municipales mais chaque numéro ne paraîtra que lorsque j'aurai réussi à écrire quatre pages. Le format du bulletin a été modifié pour s'adapter au nouveau système.

Les abonnements changent de formule eux aussi. On ne s'abonne plus à l'année maintenant mais pour quatre numéros, même s'il me faut deux ans pour les sortir ! Si certains lecteurs souhaitent soutenir mon effort et la distribution gratuite du bulletin sur toute la commune de Verrue, ils peuvent m'envoyer un chèque de 10 euros à mon nom sans oublier d'indiquer leur nom et leur adresse.

LES PRESIDENTIELLES A VERRUE
La presse a tout dit sur les résultats de l'élection présidentielle mais les journaux ont oublié de commenter comme il convient la façon dont on a voté à Verrue. Je vais donc réparer ici cet oubli en ciblant plus particulièrement le vote d'extrême-droite. Pourquoi ? Parce qu'on cultive dans ces partis le culte du chef et de l'homme providentiel et qu'ils sont donc l'antithèse de la démocratie directe prônée ici. Je le sais, j'ai gobé tout ça quand j'étais jeune. Le vote d'extrême-droite me donne donc l'occasion de voir l'effet que j'ai pu avoir sur l'opinion publique dans notre commune.

Lors des présidentielles de 2002, sur 334 inscrits et 233 suffrages exprimés, Le Pen et Megret avaient obtenu 41 voix au premier tour (17.6 %) et Le Pen  61 voix au second tour (23,7 %), sans doute grâce au report d'une partie des 27 voix de Saint Josse.

En 2007, lors du premier tour des présidentielles, il y a eu 330 inscrits et 279  suffrages exprimés, Le Pen a obtenu 46 voix, soit 16,49 % des suffrages exprimés. Je rappelle qu'au niveau national Le Pen est loin cette année du score exceptionnel qu'il avait réussi en 2002.

Les choses sont donc claires : tout ce que j'ai pu écrire dans le présent bulletin et auparavant dans "Verrue Quoi ?" n'a eu aucun effet sur l'opinion dans la commune. Remarquez, je m'en doutais un peu et je ne me décourage pas. Ce n'est pas en quelques années et en quelques articles que l'on va ébranler des certitudes aussi bien ancrées. Nous verrons ce qu'il en sera dans une ou deux générations, il faudra bien ça ! En tout cas, comme je l'ai dit ci-contre, je compte poursuivre mon effort au moins jusqu'aux municipales de l'année prochaine et continuer d'expliquer à ceux qui veulent bien me lire que, oui, ils ont le droit d'avoir une opinion, oui, ils ont le droit de l'exprimer et donc qu'ils ont intérêt à élire au conseil municipal des gens qui les écouteront un peu mieux que la majorité de l'équipe en place.

LA DETAXATION DES HEURES SUPPLEMENTAIRES
L'une des mesures phares prises par Sarkozy est la détaxation des heures supplémentaires, ce qui, d'après la ministre de l'emploi, Christine Lagarde, doit inciter "fortement les salariés à effectuer des heures supplémentaires et contribuera à accroître le pouvoir d'achat de ceux qui choisiront de travailler plus" (Le Monde, 10 juillet 2007). Cette détaxation aura un coût puisque les charges habituelles ne seront plus perçues mais le rapporteur de la commission des finances précise que "l'estimation [de ce coût] présentée ne tient pas compte d'une éventuelle augmentation du nombre d'heures supplémentaires provoquée par la mesure". Comme en outre on peut s'attendre à ce que les primes précédemment versées aux cadres (taxées) soient transformées en heures supplémentaires non taxées, on peut s'attendre à une addition salée.

Si quelqu'un arrive à m'expliquer la logique de ce raisonnement, je lui en serai très reconnaissant.

IMPOTS DIRECTS ET IMPOTS INDIRECTS
La détaxation des heures supplémentaires n'est que l'une des mesures qui viennent d'être prises par le gouvernement. Une autre est la limitation du montant de l'impôt direct susceptible d'être dû par les contribuables les plus riches (le fameux "bouclier fiscal"). Le gouvernement espère que le redémarrage de l'économie (déjà en cours au niveau européen) fournira suffisamment de nouvelles ressources pour ne pas obliger à lever de nouveaux impôts. Espérons-le, mais si les recettes nouvelles ne sont pas suffisantes, l'éventualité d'une augmentation de la TVA a été évoquée par un membre du gouvernement.

Je sais que les gens n'aiment pas payer l'impôt sur le revenu mais c'est pourtant le seul impôt juste, à condition que cet impôt soit proportionnel et progressif, c’est-à-dire que vous payiez l'impôt en fonction de votre revenu et que plus vous gagnez, plus la proportion prélevée soit importante. En revanche, un impôt tel que la TVA est foncièrement injuste puisque le pourcentage de la TVA (19,6 % en ce moment) est le même pour tous. On promet bien de réduire ce pourcentage pour quelques produits de première nécessité mais lorsqu'un smicard va acheter une nouvelle voiture ou une télé, il paye la même somme qu'un milliardaire. On aura beau affubler cette augmentation de la TVA d'un beau nom à l'allure de slogan publicitaire ("TVA sociale"), ce sera tout de même une mesure destinée à favoriser les riches au détriment des pauvres.

POUR PREPARER LES ELECTIONS MUNICIPALES
J'ai promis de poursuivre la publication du présent bulletin au moins jusqu'aux prochaines élections municipales pour pouvoir mettre mon grain de sel dans ce scrutin. En effet, mon but est de promouvoir l'idée de la démocratie directe, ou du moins de sa première étape, la participation, au niveau de notre commune. Les élections municipales sont l'occasion idéale d'élire des gens un peu plus enclins que l'équipe actuelle à nous faire tous participer aux décisions qui engagent notre avenir. Je rappelle que, contrairement à ce qui avait été annoncé à l'époque, aucune réunion publique n'a été organisée à Verrue depuis 2002. L'information accordée par la Mairie se réduit à la publication occasionnelle d'un bulletin qui se contente de reprendre le compte-rendu des délibérations du conseil municipal. C'est un peu court.

Concrètement, je pense demander à chaque candidat de répondre à un questionnaire tel que celui-ci :

A – Que pensez-vous de la participation des habitants de la commune à la prise des grandes décisions :
1 – Je suis contre toute participation parce que les élus tirent leur légitimité de leur seule élection et n'ont de comptes à rendre à personne (Monory dixit)
2 – Je pense que les habitants de la commune doivent être informés des grands problèmes qui se posent avant que ces problèmes ne soient résolus.
3 – Je compte inviter les habitants de la commune à donner leur avis sur les grands problèmes qui se posent avant que ces problèmes ne soient résolus.
4 – Je veux tenir compte des avis des habitants avant de prendre une décision sur les grands problèmes qui se posent.
5 – Les grandes questions qui se poseront ne seront résolues qu'à la suite d'une consultation des habitants et d'une discussion qui se poursuivra jusqu'à l'apparition d'un consensus.

B – Si vous choisissez l'une des réponses 2 à 5, quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour assurer le niveau de participation promis (bulletins, affiches, réunions, fréquence, niveau de détail, etc.) ?

C – Si une fois élu vous ne respectez pas les engagements pris avant votre élection, en particulier sur la question de la participation, promettez-vous d'expliquer pourquoi ?

D – Si vous répondez oui au point C, comment comptez-vous permettre aux habitants d'approuver ou de rejeter vos raisons (vote, démission, etc.) ?

J'ai le temps d'ici 2008 de peaufiner ces questions mais je voulais donner dès à présent une idée de ce que je demanderai aux futurs candidats. Les réponses reçues (ou l'absence de réponse) seront publiées ici afin de permettre à tous les électeurs de savoir ce qu'ils peuvent attendre des gens pour qui ils voteront.

LE SEMI-MARATHON DE JEROME
Le semi-marathon, couru cette année à la mémoire du fils de Geneviève Delachaume, a été remporté en 1 h 28 par Pascal Sylvestre du 517ème RT (le régiment de Jérôme) tandis que Geneviève battait son record personnel avec 58 minutes sur les 10,4 km. En raison des circonstances, ce sera sans doute la dernière fois que cette course sera organisée. Merci à tous ceux qui y ont participé.

LE DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE
J'ai travaillé pendant une dizaine d'années en Afrique dans des organismes scientifiques de recherche agricole (IRAT d'abord puis ORSTOM) et j'ai pu observer de près plusieurs programmes de développement qui m'ont fait voir sous un autre jour la question du développement en Afrique.

Le premier auquel j'ai assisté était un programme de la Bud, organisme hollandais qui voulait développer les cultures maraîchères industrielles dans la région de Dakar, au Sénégal. Des collègues du labo de nématologie de l'ORSTOM où je travaillais ont alerté les responsables de la Bud du risque que faisaient courir aux cultures les nématodes (vers microscopiques parasites des racines). Les "experts" hollandais ont fait la sourde oreille, ont planté des hectares de tomates,… et nous ont appelé au secours deux ans plus tard lorsqu'ils ont constaté que leurs tomates aux racines couvertes de galles ne donnaient plus aucun fruit.

Le second exemple concerne la région du Delta du Sénégal, au Nord du pays. Des rizières y étaient installées depuis longtemps et les agronomes de l'IRAT avaient mis au point des techniques simples qui permettaient d'obtenir jusqu'à 25 tonnes de riz par hectare et par an (en deux récoltes et une repousse). Là-dessus est arrivé un requin français qui a promis de créer une industrie sucrière au Sénégal avec plantation de milliers d'hectares de canne à sucre et construction d'une sucrerie. Le riz a été arraché, la canne a été plantée mais n'a pas donné grand chose, ce qui a permis à l'industriel français de vendre très cher au Sénégal le jus de canne qu'il produisait ailleurs afin de faire tourner l'usine inutile.

Je terminerai par un contre-exemple, celui du polyculteur de l'IRAT. Des agronomes de cet organisme avaient mis au point un outil simple composé d'un bâti en fer forgé sur lequel on pouvait fixer de petits instruments de culture et qui pouvait être tiré par un bovin. Cet outil ne nécessitait aucune connaissance mécanique et il pouvait être réparé par le forgeron du village. Il avait permis de révolutionner la culture pratiquée dans les quelques villages de Casamance où des essais en vraie grandeur avaient été entrepris. L'expérience n'a pourtant pas été poursuivie, sans doute parce qu'elle ne coûtait pas assez cher pour attirer l'attention des grands organismes de développement.

Ces trois exemples, dans lesquels je n'étais pas personnellement impliqué mais dont je connaissais bien les responsables, collègues de l'IRAT ou de l'ORSTOM, m'ont fait comprendre qu'il ne suffit pas de dépenser de l'argent pour qu'un projet marche mais qu'il faut aussi qu'il soit techniquement justifié. J'ai compris aussi que les paysans locaux étaient beaucoup plus qualifiés pour savoir ce qui allait marcher chez eux que les experts européens. J'ai enfin touché du doigt les ravages que peuvent provoquer les soi-disant projets de développement qui ne sont que des façades permettant à des financiers véreux (aidés par des politiciens locaux corrompus) de s'en mettre plein les poches.

On entend de nos jours beaucoup parler de l'immigration et de la nécessité de développer l'Afrique pour que "ces gens-là restent chez eux". On entend aussi des gens dire qu'avec tout l'argent qu'on leur a déjà envoyé, s'ils ne sont pas encore sortis d'affaire, c'est qu'ils sont trop cons ou trop faignants. Je peux vous assurer que les Africains ne sont ni stupides ni paresseux (quand on a vu les Diolas de Casamance labourer le sol boueux de leurs rizières à la main sur 20 à 30 cm de profondeur on ne peut plus jamais parler de fainéantise africaine) et qu'ils n'ont besoin que d'un coup de main de notre part, à condition que ce coup de main soit donné à bon escient et qu'il ne soit pas détourné par la corruption.

LES MYTHES DES BIO-CARBURANTS
Le International Herald Tribune a récemment publié une lettre de Eric Holt-Giménez directeur du Food First/Institute for Food and Development Policy qui dénonce les mythes qui entourent ce que l'on appelle à tort des bio-carburants. Sans vous traduire tout l'article, en voici les principaux points.

Les pays industrialisés ont défini des cibles très ambitieuses pour les carburants renouvelables qui doivent par exemple assurer 5,75 % des transports européens en 2010 et 10 % en 2020. Pour atteindre ces objectifs, il faudrait que 70 % des terres cultivées en Europe soient consacrées aux cultures pour carburants. C'est bien entendu inconcevable et il est nécessaire de se tourner vers les pays en développement. De grandes multinationales s'intéressent à ce nouveau marché juteux et font circuler un certain nombre de mythes : les cultures pour carburant étant renouvelables, elles sont "écologiques", elles peuvent réduire le réchauffement global et elles vont permettre le développement rural dans le tiers monde. La réalité est bien autre :

Mythe n° 1 : les bio-carburants sont propres et "verts"

En réalité, les activités de déforestation, de brûlis, d'assèchement des marais, de culture et de perte du carbone du sol produisent une quantité énorme de gaz carbonique : chaque tonne d'huile de palme génère 33 tonnes de gaz carbonique, soit 10 fois plus que le pétrole. Les forêts tropicales défrichées pour planter de la canne qui sera transformée en éthanol émettent 50 % de gaz à effet de serre de plus que la production et l'utilisation de la même quantité d'essence.

Mythe n° 2 : les bio-carburants ne provoquent pas la déforestation car ils utilisent des terres dégradées

En fait, le gouvernement brésilien a reclassé comme dégradées 200 millions d'hectares de forêts tropicales sèches, de prairies naturelles et de marais qui sont des écosystèmes tout à fait viables exploités par des populations indigènes et des élevages extensifs. Rappelons que la déforestation fait perdre à l'Amazone près de 325 000 hectares par an.

Mythe n° 3 : les bio-carburants vont permettre le développement rural

Dans les tropiques, 100 hectares dédiés aux cultures vivrières familiales génèrent 35 emplois, l'huile de palme et la canne à sucre ne génèrent que 10 emplois, l'eucalyptus deux et le soja pas plus d'un demi-emploi, tous mal payés. L'arrivée des multinationales chasse les petits exploitants : des centaines de milliers de personnes ont déjà été déplacées par les plantations industrielles de soja en Amérique du Sud.

Mythe n° 4 : les bio-carburants ne provoquent pas la famine

Les cultures pour carburant entrent en compétition avec les cultures vivrières pour le sol et l'eau, ce qui fait augmenter les prix : Le International Food Policy Research Institute estime que le prix des aliments de base va augmenter de 20 à 33 % d'ici 2010 et de 26 à 135 % d'ici 2020. Quand on sait que dans les pays les plus pauvres la nourriture représente déjà de 50 à 80 % du revenu des ménages, on peut imaginer la catastrophe qui s'annonce.

Tous ces chiffres sont disponibles et vérifiables et ils prouvent que les bio-carburants, loin d'être une solution, vont provoquer de nouveaux problèmes. Alors, quand va-t-on voir monsieur José Bové aller "faucher" quelques postes de distribution de ces bio-carburants si mal nommés ?

AH, QU'IL EST DUR D'ETRE FRANÇAIS
Le journal Libération (7 août 2007) a raconté les déboires d'une dame, Brigitte Abitbol qui voulait renouveler sa carte d'identité. Comme elle porte un patronyme à «consonance israélite», le greffier du tribunal d'instances chargé de délivrer les certificats de nationalité lui a demandé de fournir un «acte de [sa] religion», ceci afin de s’assurer que cette dame est bien juive et donc qu’elle descend d’une famille naturalisée en 1870 grâce au décret Crémieux, comme la quasi-totalité des juifs d’Algérie. De nombreux lecteurs de Libération ont réagi à cet article et le cas de Madame Abitbol est loin d'être isolé. Une dame à qui on a demandé le même type de document a sorti sa carte nationale de Français éditée en 1943 et barrée de la mention JUIF.

Voilà ce qui arrive lorsque des politiciens se font élire en jouant sur la peur et en promettant la plus grande fermeté contre tous ces étrangers qui nous assaillent. Ce n'est déjà pas justifiable pour les étrangers, mais on voit que ces lois scélérates touchent aussi des Français de souche, dès qu'ils sortent un peu de l'ordinaire. Le plus drôle (si je puis dire) c'est que toutes ces lois ne servent à rien. J'ai lu je ne sais où que, si la délinquance globale a bien diminué l'année dernière, les agressions contre les personnes ont augmenté de 2,5 %. C'était bien la peine !

"Tout peuple qui préfère la sécurité à la liberté est condamné à perdre les deux", a dit Benjamin Franklin. Et ne croyez pas que vous êtes à l'abri parce que vous êtes né en France de parents français. Les Français descendants de personnes nées en Alsace-Lorraine entre 1870 et 1918 alors que cette province était allemande doivent eux aussi apporter la preuve de leur nationalité. Et vous qui me lisez, êtes-vous sûr d'être à l'abri ? Votre famille habite-t-elle Verrue depuis des temps immémoriaux ? Mais du temps de la Guerre de Cent Ans, Verrue et tout le Poitou étaient anglais, non ? Apportez-moi donc le certificat de nationalité de vos aïeux à la vingt-troisième génération…

Réflexion d'une dame d'origine polonaise à qui ce genre de mésaventure est arrivé : J’ai eu l’impression qu’on me renvoyait à mes racines avec une telle violence. Je me suis dit que je ne serai jamais intégrée. Vous pouvez imaginer la réaction d'un jeune d'origine maghrébine à qui on fait un coup pareil. Après on dira qu'il refuse de s'intégrer…


Numéro 11, janvier 2008

ASSAINISSEMENT COMMUNAL
Le bulletin de novembre 2007 de la Mairie de Verrue nous apprend que diverses personnalités ont présenté le 4 octobre dernier au maire et au conseil municipal de Verrue le projet de réalisation de l'assainissement collectif de notre commune. Les habitants de la commune n'ont pas été conviés à cette présentation.

Dans son bulletin, le conseil municipal fait part à la population de l'avancée du projet et promet de la tenir informée des étapes à venir. On apprend ainsi qu'un bureau d'étude sera bientôt choisi pour faire les choix techniques définitifs, dont l'implantation de la station d'épuration. Il n'est pas question de consulter la population, première concernée par l'emplacement de cette station, surtout si elle est à l'air libre telle que celle de Monts sur Guesnes, aux Fontenelles.

Le terrain sera choisi au printemps 2008, après les élections municipales. Si vous pensez que vous avez le droit d'être consultés sur ce projet d'une importance majeure pour l'avenir de notre commune, je vous engage vivement à demander aux candidats à l'élection de mars ce qu'ils pensent faire à ce sujet.

LES SENTIERS DE SCEVOLLES
Le site de la CCPL (http://www.pays-loudunais.fr) comportait encore récemment le compte rendu des réunions de préparation de sentiers de promenade balisés dans la forêt de Scévolles. Le compte rendu du 26 juin 2006 indiquait ainsi que les itinéraires allaient être choisis lors de la prochaine séance et communiqués aux communes de Monts, Dercé, Maulay, Guesnes et Verrue. Il était précisé qu'il "serait important que les représentants de ces communes soient présents lors de notre prochaine rencontre". Lors de cette réunion, le 18 septembre 2006, les mairies de Guesnes et de Monts sur Guesnes étaient représentées, ainsi que diverses associations (dont BVS) et des ACCA, mais Verrue brillait par son absence. Même chose lors de la réunion du 14 décembre 2006. Une réunion était prévue pour le 6 février 2007 mais le compte rendu n'est pas sur le site et j'ignore si le Conseil municipal de Verrue s'est finalement décidé à y participer. De toute façon, il était trop tard car la carte du tracé définitif de ce sentier publié dans "Le Journal du Pays loudunais" (n° 5) montre qu'il est tout entier sur les communes de Guesnes et de Monts sur Guesnes et que, bien qu'il s'en approche à moins de 150 mètres, il ne pénètre jamais dans notre commune. Nous disposons pourtant de certains des sentiers les plus agréables de la forêt de Scévolles et certainement de sa perspective la plus impressionnante, la Grande Allée et la vue qu'elle offre sur le château de Purnon. Lors de l'affaire du Naturascope, une des attentes des partisans du parc était l'espoir d'une certaine animation dans la commune. Le projet de parc a été enterré mais les sentiers balisés auraient pu nous amener des visiteurs réellement amoureux de la nature. Encore une belle occasion perdue. Il est question d'un itinéraire plus long (19 km) qui serait installé plus tard. Espérons qu'un conseil renouvelé se montrera un peu plus actif.

CONSENSUS ET COMPROMIS
J'entendais récemment un syndicaliste interviewé à la radio au sujet d'un conflit quelconque qui déclarait : "Cette fois, il ne sera pas question de rechercher un consensus." J'ai d'abord sauté en l'air puis, une fois retombé par terre et après avoir entendu d'autres personnes tenir des propos similaires, j'ai fini par comprendre que tous ces gens confondaient deux mots : le consensus et le compromis.

Le Petit Robert nous apprend qu'un compromis est un "arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles". Chacun doit donc lâcher du lest et abandonner ses exigences pour que soit possible un arrangement bâtard qui ne satisfait personne. Le programme du parti socialiste lors des primaires qui ont précédé les dernières élections présidentielles est un parfait exemple de compromis. Au lieu de laisser chacun des trois candidats en présence (Ségolène Royal, DSK et Fabius) proposer sa vision des choses (participation pour l'une, social-démocratie pour le second et je ne sais trop quoi pour le troisième), ils ont dû transiger et accepter du bout des lèvres un programme commun qu'ils n'approuvaient pas. Le procédé est absurde en soi (si tous les candidats ont le même programme, on ne peut en choisir un que sur sa bonne mine) et il a mis au pied de l'élue des socialistes un boulet qui l'a bien gênée durant la campagne présidentielle proprement dite. N'oublions pas que compromis a la même racine que compromission, mot qui désigne, toujours selon Robert, un "acte par lequel on transige avec sa conscience".

Le consensus a des racines bien plus honorables puisqu'il vient du latin consensio qui signifie la conformité dans les sentiments, l'accord. Cicéron évoquait par exemple un "singularis omnium honorum consensio in me tuendo", c'est-à-dire un "accord sans exemple de tous les gens honorables en ma faveur". Tout le monde n'est pas Cicéron et il n'est pas aisé d'obtenir un consensus. Il faut pour cela accepter de discuter du problème en cause honnêtement, sans idées préconçues, en partant de bases sures, objectives et acceptées par tous et surtout il faut accepter de passer à la recherche du consensus tout le temps qui sera nécessaire pour que tous les points de désaccord soient identifiés, étudiés, compris et résolus.

On est loin du compte avec le Président actuel qui, lorsqu'il accepte qu'un point de son programme soit discuté, fixe des délais extrêmement courts (quelques jours au lieu des mois nécessaires) qui rendent l consensus impossible et qui imposent un compromis. Cette façon de faire laisse tout le monde sur sa faim et elle aboutit souvent à l'adoption de lois bâclées à la va-vite qu'il faut ensuite rafistoler à coups de décrets d'application.

Foin donc du compromis, prenons le temps de discuter et recherchons l'établissement du consensus. C'est le seul moyen d'éviter la dictature de la majorité (ou la dictature tout court dans les pires cas)

FRAUDE IMPUNIE
Un article du Monde (19 décembre 2007) rend compte des soupçons qui pèsent sur une étude publiée en janvier 2007 par Vincent Courtillot, directeur de l'Institut de physique du globe de Paris, président du conseil scientifique de la Ville de Paris, professeur d'université et membre de l'Académie des sciences. Selon cette étude, le changement climatique actuel est en corrélation avec les variations du magnétisme terrestre. Claude Allègre s'est empressé d'utiliser cet exemple pour appuyer les doutes qu'il émet sur la responsabilité humaine dans le changement climatique. Or, dans un article posté mardi 18 décembre sur Internet, Raymond Pierrehumbert, professeur de géosciences à l'université de Chicago, montre que les auteurs de l'étude présentent comme la variation de la température moyenne de la Terre entière ce qui est en réalité la variation de la température estivale des continents, dans l'hémisphère Nord à une latitude supérieure à 20°. Quant à la variation du rayonnement solaire totale, il s'agit uniquement de la variation des ultraviolets, présentée de surcroît par un modèle qui a été invalidé en 2002.

Déjà en mars dernier, un autre fidèle de Claude Allègre, Jean-Louis Le Mouël, avait lié les effets du gaz carbonique à la variation de l'éclairement du Soleil. L'ennui, c'est que ses calculs supposaient que la Terre est un disque plat, noir, présentant toujours la même face au Soleil. Il est déjà curieux de voir un scientifique faire une erreur aussi grossière mais le cas de Vincent Courtillot est pire puisque la substitution de courbes ne peut s'expliquer que par une volonté de tromperie délibérée. Apparemment, aucune enquête n'a encore été ouverte par les organismes prestigieux auxquels appartient M. Courtillot.

Pour moi, la fraude scientifique est la pire qui soit puisqu'elle nous donne des informations erronées qui visent à fausser notre opinion. Ici, la faute est aggravée par l'importance du sujet puisqu'il ne s'agit rien moins que d'un phénomène qui met en péril, sinon la survie de l'espèce humaine, du moins celle de sa civilisation actuelle.

SUPPLIQUE AUX AUTOMOBILISTES par Geneviève Delachaume, La Cure
Peut-on demander à des jeunes gens qui ont du tempérament de ne pas aimer les sports mécaniques, y compris la moto ? Non, évidemment. Peut-on les leur interdire ? Pas davantage. On peut souhaiter qu'ils soient prudents et, généralement, ils le deviennent avec l'âge et l'expérience. Il faut bien savoir cependant que, même s'ils sont très expérimentés et extrêmement méfiants au guidon de leur moto, leur destin repose en grande partie dans les mains des automobilistes qu'ils rencontrent sur leur chemin.

C'est ainsi que mon fils s'est fait tuer au mois de mars par une automobiliste inconsciente. Il pratiquait la moto depuis près de 10 ans, sa moto était quasi neuve et en parfait état, il roulait régulièrement sur piste au Vigeant pour se perfectionner. Il avait également une licence d'enduro et s'entraînait à Châteauroux sous la direction de l'entraîneur de l'équipe nationale. L'enquête a déterminé qu'il n'avait aucune responsabilité dans l'accident : une voiture qui arrivait en sens inverse a tourné juste devant lui pour prendre une petite route sur sa gauche.

Perdre un fils motard parce qu'il a commis une imprudence est déjà une horreur. Le perdre à cause de l'inattention d'une automobiliste inconsciente (y compris pendant l'audience au tribunal d'ailleurs) est inacceptable. J'en appelle donc aux automobilistes, à ceux qui roulent souvent trop vite mais aussi à ceux que l'on croise régulièrement sur nos routes de campagne (forcément moins surveillées que les grands axes) le téléphone à l'oreille, distraits, indécis, hésitants, inattentifs aux priorités, utilisant le clignotant par accident, sans souci de leur trajectoire comme s'ils étaient assurés d'être tout seuls sur la route, ne se croyant pas dangereux sous le prétexte qu'ils roulent lentement.

La sentence du tribunal à l'égard de l'automobiliste concernée a été la suivante :
- annulation du permis de conduire (code + conduite),
- interdiction de repasser le permis avant six mois (obligation d'un examen médical et de tests psychotechniques pour la réinscription),
- trois mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant 5 ans.

Ceci dit, ce qui devrait motiver notre attention de chaque instant lorsque nous sommes au volant d'une voiture, ce n'est évidemment pas la crainte de la sanction mais le respect de la vie des autres. Il faudrait que plus jamais des familles dévastées n'aient à célébrer les 30 ans d'un fils ou d'un frère en mettant des fleurs sur sa tombe.



EVALUATION DES MINISTRES
Le Président de la République a donc décidé de faire noter ses ministres par un cabinet d'audit privé, apparemment pour pouvoir se débarrasser de ses collaborateurs improductifs. Jusque là, pas de problème. Il a choisi ses ministres sans rien demander à personne et il peut donc les forcer à rendre leur tablier (ou à manger leur chapeau) comme il l'entend. En revanche, le choix des critères qui ont été retenus pour cette évaluation est très inquiétant.

Parmi ces critères, il en est qui sont ridicules (juger le ministre de la culture sur le succès des films français), d'autres qui sont absurdes (juger le ministre de l'éducation sur le nombre d'heures supplémentaires effectuées par les enseignants comme si la quantité primait sur la qualité) et il en est un qui est carrément ignoble : le ministre de l'immigration et de l'identité nationale sera jugé sur le nombre d'étrangers qu'il aura expulsés (pardon, éloignés).

Qu'on réglemente et qu'on limite le flot des nouveaux arrivants, admettons, mais que l'on se fixe à l'avance un chiffre arbitraire et qu'on mette la pression sur les préfets et les policiers pour qu'ils atteignent leurs quotas, c'est oublier que ce sont des êtres humains qui sont en jeu. Les juges, eux, loin d'examiner chaque situation au cas par cas ne disposent que de quelques minutes par dossier et multiplient les bavures. On lit presque chaque jour une histoire abominable sur l'expulsion de tel ou tel étranger en situation irrégulière, certes, mais qui vit en France depuis dix ou vingt ans, qui travaille, qui paye des impôts, qui a une famille, qui ne fait pas de vagues, en un mot qui est parfaitement intégré, et qui pourtant se retrouve soudain expulsé sans un sou vers un pays qu'il ne connaît plus. Pour atteindre le nombre magique de 25000 expulsés, on organise de véritables rafles  pour remplir les camps de regroupement ou plutôt de concentration puisque d'après le Robert, regrouper a exactement la même définition que concentrer : à quand la solution finale du problème de l'immigration ?

J'exagère ? Quand on voit l'hystérie actuelle face à quelques centaines de milliers d'immigrés clandestins, on peut se demander comment réagira le gouvernement futur qui devra faire face aux dizaines ou aux centaines de millions de personnes qui vont être chassées de chez elles par les phénomènes climatiques. C'est peut-être à vous ou à vos enfants qu'on demandera d'appuyer sur la gâchette.

C'est maintenant qu'il faut réagir.

COURRIER DES LECTEURS  (RUGBY) par Marc Lemetayer, La Careille

Je ne parviens pas à comprendre la passion qui entoure le résultat d'un match de rugby. Qu'on m'explique en quoi le fait de supporter (!) un groupe de quinze personnes que je ne connais pas, avec qui je n'ai pas d'autres affinités que l'utilisation d'une même langue, relève d'un sentiment moins ridicule que le plus vulgaire des chauvinismes. A tout prendre, est-ce que les équipes des Îles Fidji, et surtout des Îles Tonga, (100 000 habitants, une économie balbutiante, dont l'une des principales ressources est la vente de timbres-poste), ne seraient pas infiniment plus méritantes et admirables que nos millionnaires survitaminés ?

 Les héros de nos élèves (et de certains de leurs enseignants) seront donc des grands gaillards musclés et dotés du "sens du jeu". On a les héros qu'on peut. Ceux-là sont sans doute finalement plus inoffensifs que Che Guevara. Et ils passent plus souvent à la télé, mètre-étalon de la renommée, fût-elle une gloire éphémère et illusoire.

 Le rugby n'est qu'un jeu qui se joue avec un ballon que l'on doit transporter au-delà d'une ligne tracée dans l'herbe en respectant des règles très compliquées. Mais ce n'est pas l'antichambre de la démocratie, ni une école de la vie en société. Ou alors une société dont l'objectif est de lutter et de vaincre l'adversaire, laissant s'exprimer notre atavisme guerrier et dominateur. Dommage pour les faibles, les solitaires et les timides. En avant pour un futur de compétition, d'inculture et de nationalisme.

Rugby et Sarkozy, même combat !

PARTICIPE PASSE

Vous connaissez sans doute les règles de l'accord du participe passé : il s'accorde avec le sujet des verbes conjugués avec l'auxiliaire être et, si le verbe est conjugué avec avoir, il s'accorde avec le complément d'objet direct si celui-ci est placé avant le participe, sinon il reste invariable. Simple, non ? Alors, si j'écris "Elles se sont accordées un répit", c'est bon ? Et bien non, ignares que vous êtes, c'est faux parce qu'il s'agit ici d'un verbe pronominal. Autre exemple, "Il a plu pendant les heures que nous avons courues", ça vous

va ? Mais non, bande d'empêchés de la grammaire, courir est un verbe intransitif, donc il n'y a pas de complément, donc le participe passé est invariable. Il faut écrire "les heures que nous avons couru". Alors, "les dangers que nous avons couru", c'est bon ? Pas du tout, là, ça s'accorde parce que courir est pris au sens figuré. Mais continuons. Que se passe-t-il quand le participe passé est suivi d'un infinitif ? En principe, la règle s'applique : dans "la femme que j'ai entendue chanter", y'a un COD, il est placé avant, donc ça s'accorde. Et si je dis "la chanson que j'ai entendue chanter", vous êtes contents ? Faux de nouveau, ce n'est pas la chanson qui chante, donc ça ne s'accorde pas. Mais poursuivons. Vous savez sans doute que lorsque le participe passé est précédé d'une locution collective ("une foule de" par exemple) accompagnée d'un complément, vous avez le droit d'accorder ou de ne pas accorder en fonction du sens que vous voulez donner à votre phrase. Alors, pouvez-vous dire "Combien d'heures ai-je perdu" si ça vous chante ? Non : quand le collectif est un adverbe (combien), vous n'avez plus le choix et il faut accorder avec le complément : "Combien d'heures ai-je perdues ?", mais si vous dites "Combien ai-je perdues d'heures ?", vous vous mettez une fois de plus le doigt dans l'œil parce que là, le complément est placé après. Et si le participe passé se trouve entre deux "que", comment s'accorde-t-il ? Par exemple, faut-il écrire "C'est une affaire que nous avons pensé que vous éviteriez" ou "que nous avons pensée" ?  Là, ne cherchez même pas, quand on est entre deux que, on est sûr de se faire baiser de toutes les façons.

 Bon, récapitulons. Vous avez fait plus de cinq fautes ? Alors vous ne savez pas parler notre belle langue, n'êtes pas un bon Français, vous ne vous êtes pas bien intégré et on va vous renvoyer dans votre pays.

ENCORE CES IMMIGRES

Selon une dépêche de l'ARP*, un bébé, prénommé Jésus, qui tentait d'entrer en Egypte en compagnie de deux individus, Marie et Joseph, qui disaient être ses parents, a été refoulé par les services d'immigration, un test ADN ayant révélé que Joseph, l'homme qui prétendait être le père du petit Jésus, n'était pas son père biologique.

*Agence Romaine de Presse, an 753 de la fondation de Rome.


Numéro 12, mars 2008

SPECIAL ELECTIONS MUNICIPALES

 Il paraît que lors des élections municipales les trois quarts des Français votent pour un candidat parce qu'ils l'apprécient personnellement et non en raison de sa couleur politique. Ceci est particulièrement vrai dans des petites communes comme Verrue et je ne vais pas imaginer que la question de la démocratie participative pèsera bien lourd dans les isoloirs. Il existe pourtant quelques personnes pour qui ça compte et c'est à elles que j'adresse le présent bulletin.

 Comme je l'avais promis dans le numéro 10, j'ai posé à tous les candidats quelques questions sur la manière dont ils envisagent la participation. Vous trouverez ci-dessous ces questions et les réponses que j'ai reçues.

 LES QUESTIONS POSEES

 A – Que pensez-vous de la participation des habitants de la commune à la prise des grandes décisions :

1 – Je suis contre toute participation
2 – Je pense que les habitants de la commune doivent être informés des grands problèmes de la commune.
3 – Je compte inviter les habitants à donner leur avis sur ces grands problèmes.
4 – Je m'engage à tenir compte des avis des habitants avant de prendre une décision .
5 – Les grandes questions ne seront résolues qu'à la suite d'une consultation des habitants et d'une discussion qui se poursuivra jusqu'à l'apparition d'un consensus.

 
Questions subsidiaires :

B – Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour assurer le niveau de participation promis ?

C – Si vous ne respectez pas les engagements pris avant votre élection, promettez-vous d'expliquer pourquoi ?

D – Comment comptez-vous permettre aux habitants d'approuver ou de rejeter vos raisons ?

E – Si vous êtes élu, acceptez-vous de publier votre adresse et votre numéro de téléphone ?

 LES REPONSES

Liste "Défense des intérêts communaux"

Roland Leboucher, Jean-Philippe  Chamoret, Chantal Cognard, Sylvie Martin, Jean-Paul Rolland, Antoinette Lefebvre, Alain Peltier, Cathy Chamoret, Franck Fichet, Claude Méron, Jacky Blet

J'ai écrit le 4 février 2008 au maire de Verrue pour lui demander de me communiquer les noms des personnes qui se déclarent candidates à l'élection municipale des 9 et 16 mars prochains. Le maire n'a pas jugé bon de répondre à ma lettre. Après la publication de la liste dans la Nouvelle République, le questionnaire a été envoyé individuellement le 18 février à tous les membres de la liste "Défense des intérêts communaux". Il était clairement indiqué au bas du questionnaire qu'en raison des délais d'impression du bulletin, il ne me serait pas possible de tenir compte des réponses reçues après le 1 mars.

Au moment où j'écris ces lignes (2 mars), aucune réponse ne m'est parvenue de la part des onze personnes de cette liste. Ce silence ne me surprend pas beaucoup, en raison de l'attitude du conseil sortant à l'égard de la participation :

- Le numéro 2 du bulletin INFOS 2001 distribué par la Mairie de Verrue annonçait une réunion des habitants "courant octobre" 2001. Nous attendons toujours cette première réunion d'information.

- En 2003  j'avais proposé à la mairie plusieurs projets à réaliser en association avec Verrue Quoi. (VQ, n°12). Après une première réaction favorable, la mairie avait sèchement refusé ces projets (VQ n° 13).

- Les grandes décisions affectant l'avenir de la commune (en particulier le déplacement de la mairie) ont été prises sans aucune concertation avec les habitants de Verrue

- Les efforts participatifs des autorités de la commune se cantonnent à la publication dans un bulletin intermittent de secs comptes rendus des séances du conseil municipal.

Monsieur Leboucher, fidèle à son refus de la communication, au lieu d'organiser une réunion électorale présentant son propre programme, a voulu assister le 1 mars à la réunion de l'autre liste pour y apporter la perturbation. Ceci prouve qu'il n'a pas compris la différence entre une réunion de présentation de liste et un débat contradictoire. En effet, un tel débat doit avoir été accepté à l'avance par les parties en cause et il doit être tenu sous la présidence d'un modérateur neutre. Ces deux conditions n'étaient pas remplies le 1 mars car ce n'était pas l'objet de la réunion.

Je note également que certains des membres du conseil sortant s'accommodent de la manière dont Monsieur Leboucher a dirigé la commune puisqu'ils ont accepté de faire partie de la nouvelle liste : il s'agit de Jean-Philippe  Chamoret, Chantal  Cognard, Sylvie  Martin et Jean-Paul  Rolland. J'ignore ce qu'en pensent les autres candidats car aucun d'eux n'a répondu à mon questionnaire.

 
Liste "Ensemble pour l'avenir de Verrue"

 Jacky Degenne, Jacky Penot, Janine Blandineau, Martine Costa, Maryse Desman, Monique Duday, Marie-Claire Jaulain, Thierry Adt, Frédéric Colin, Serge Leturck, Patrice Tremblay

Avant même l'envoi de mon questionnaire, Jacky Degenne annonçait dans la NR du 20 février que la liste "Ensemble pour l'avenir de Verrue" se distingue "par notre volonté d'agir pour et avec les habitants de la commune qui seront invités à participer aux projets et décisions du conseil municipal". C'est exactement ce que je réclame depuis sept ans dans les pages de Verrue Quoi puis dans celles de Démocratie directe.

M. Degenne a de plus répondu à mon questionnaire au nom de sa liste en cochant les réponses suivantes :

A – Participation des habitants : réponse 5
B – Mesures concrètes : bulletin et au moins 2 réunions publiques par an
C –  Si les engagements pré-vote ne sont pas tenus, promesse d'explications au cours de :
D – réunion publique suivie d'un vote
E – Accepte de publier l'adresse et le téléphone des membres du conseil.

Monsieur Degenne a donc accepté au nom des onze membres de la liste tous les critères de participation qui ont été définis dans ces pages.

La liste "Ensemble pour l'avenir de Verrue" a tenu une réunion publique le 1 mars afin de présenter son programme. Cette réunion a permis de réaffirmer l'engagement des membres de la liste à faire participer les habitants de Verrue aux grandes décisions qui les concernent. Il est prévu en particulier d'inviter les personnes intéressées par un point particulier à participer aux réunions de travail destinées à préparer le dossier qui sera présenté au conseil municipal. Autre point fort du programme de cette liste : chaque conseiller se verra attribuer selon ses compétences la responsabilité d'un aspect de la gestion de la commune. Les gens concernés par un problème sauront donc à qui s'adresser pour le résoudre.

Sur le plan de la participation, la situation est donc très claire : une liste refuse tout dialogue, l'autre en fait l'élément central de son programme. Tout en gardant une indépendance totale vis-à-vis des candidats, Démocratie directe recommande à tous les gens qui veulent avoir enfin droit à la parole de voter pour la liste "Ensemble pour l'avenir de Verrue" tout entière.


Numéro 13, septembre 2008

LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 2008

Nous avons donc un nouveau conseil municipal : la liste Leboucher entière a été élue avec 54 % des voix. La liste Degenne/Penot a obtenu 46 % des voix mais n'a pas un seul élu. Je reviendrai un jour sur ce défaut du système électoral français actuel mais ces résultats suscitent d'autres remarques.

Il m'a semblé que le nombre des votes "liste entière" était plus important que d'habitude, ce qui voudrait dire qu'un certain nombre d'électeurs ont fait taire leurs préférences envers tel ou tel candidat pour faire bloc derrière le maire sortant et qu'à l'inverse, d'autres personnes ont donné leur soutien à la liste qui leur avait promis la participation. En 2001, la liste qui était à l'époque le champion de la participation avait obtenu 25 % des voix. On peut donc penser que l'idée a fait du chemin et que, la démographie aidant, une liste "participation" est sûre de l'emporter en 2014. Je vais donc poursuivre mon action et même la renforcer en descendant un peu de mon nuage : outre mes exposés idéologiques habituels, j'essayerai de parler ce que fait (ou plutôt ne fait pas) le conseil municipal.

Le nouveau conseil accueille un certain nombre de "nouveaux" qui n'ont donc pas encore été englués dans l'immobilisme et la passivité qui règnent à la mairie. Tout en leur souhaitant la bienvenue, je les supplie de garder leur libre arbitre, d'essayer d'avoir une opinion personnelle sur les problèmes qui se posent à Verrue et d'exposer cette opinion lors des séances du conseil municipal. Qu'ils n'oublient pas qu'être élu n'est pas un honneur et que cette élection ne leur donne aucun droit mais qu'elle leur impose des devoirs. Même en l'absence de toute idée de participation, le régime sous lequel nous nous trouvons est celui d'une démocratie représentative. A l'échelle de la commune, c'est aux élus du conseil municipal qu'il incombe de représenter les habitants. Ils doivent donc se tenir informés des souhaits et des préoccupations de leurs concitoyens et les exprimer lors des séances du conseil. Qu'ils parlent, qu'ils posent des questions, qu'ils se comportent enfin en élus au lieu de se contenter de voter "oui" sans réfléchir en levant la papatte comme des lapins mécaniques à chaque proposition du maire.

A ce propos, je note que lors de la séance du conseil municipal du 11 avril toutes les décisions ont été prises à l'unanimité. Il y avait pourtant un point (l'augmentation du taux d'imposition, voir en page 2) sur lequel les conseillers auraient dû poser des questions. Leur silence laisse mal présager de l'avenir. Cependant, je surveillerai de près les comptes-rendus des prochaines séances du conseil et, si je vois une lueur de débat réel, je n'hésiterai pas à faire amende honorable et à saluer le sens civique des conseillers et, disons-le, leur courage : promis !

WHAT'S ALL THIS ABOUT?

Dear English-speaking readers. Those of you who don't read French too well may wonder what this bulletin is about. I started it when I discovered that our mayor takes alone all the decisions about matters that concern our commune. If you feel like me that consultation of the citizens (what we call here "participation") is essential in a democracy, please register at city hall so you can vote in the next election. As members of the European Union, you have the right to vote in French municipal elections if you are duly registered. I beg you to register so you can exercise this right and help change the way municipal matters are conducted around here. I'll try to keep you informed of what's going on in Verrue, such as the decision to set up a public waste water collection and treatment system (see last page). Cheers!

LE COSTUME DES MAIRES

Savez-vous que deux arrêtés de l'an VIII (1799), confirmés par un décret du 1 mars 1852 et toujours en vigueur, déterminent le costume officiel des maires, ainsi composé : habit bleu, broderie en argent, branche d'olivier au collet, parements et taille, baguette au bord de l'habit, gilet blanc, chapeau français à plumes noires, ganse brodée en argent, épée argentée à poignée de nacre, écharpe tricolore avec glands à franges d'or. Je trouve incroyable que Monsieur Leboucher n'ait jamais respecté cette loi et j'espère bien, maintenant qu'elle lui a été rappelée, qu'on le verra désormais ainsi attifé.


LES ADRESSES DES CONSEILLERS MUNICIPAUX

Le premier pas sur le chemin de la participation consiste à communiquer l'adresse des élus aux gens qu'ils sont censés représenter. Cela semble évident : comment voulez-vous représenter quelqu'un si cette personne est incapable de prendre contact avec vous pour vous faire part de ses désirs ? J'ai donc consulté l'annuaire du téléphone (édition de 2007) et vérifié sur le site www.pagesjaunes.fr et j'ai constaté qu'il était impossible de trouver l'adresse de Madame Sylvie Martin.

Je demande donc au maire de corriger cette situation en publiant dans le prochain bulletin de la mairie les adresses complètes et les numéros de téléphone de tous les membres de son conseil.


DANS LE TRAIN par Geneviève Delachaume

A cinq ans d'intervalle, j'ai été témoin par hasard dans le train de deux conversations.

Pour la première, c'était dans un TGV Poitiers-Paris : un monsieur, la cinquantaine très sûre d'elle-même, appelle un collaborateur de son entreprise pour prendre des nouvelles d'un recrutement en cours. Son interlocuteur lui indique des noms, des âges, les sociétés pour lesquelles ont travaillé les candidats. A l'énoncé de l'une de ces sociétés, ce monsieur répond à haute et intelligible voix, de manière à être bien entendu des passagers voisins : "Oh ! s'il vient de cette entreprise, il a été pressé comme un citron, je n'en veux pas !" J'ai eu honte de voir que l'un de mes compatriotes –par l'état-civil mais certes pas par le cœur –, s'adossant avec certitude à un capitalisme inhumain, barrait ainsi l'avenir d'un homme et, surtout, le faisait sans honte pour bien montrer son importance et son pouvoir.

Pour la seconde, c'était en février dernier dans un TER Soissons-gare du Nord qui s'arrête donc dans les banlieues modestes de Paris, des trains dans lesquels la couleur moyenne des passagers est nettement plus relevée que dans notre belle province. Il y avait là une jeune femme noire, dans les 22 à 23 ans, toute jolie. Elle reçoit manifestement un coup de fil de son ami. Elle se fait aussi discrète que possible mais, étant immédiatement à côté d'elle, j'entends très bien tout ce qu'elle dit et voici les paroles qu'elle prononce (je vous assure que la 1ère phrase et la dernière sont reproduites ici mot pour mot) : "Tu sais, Farid, ici on est en France". Elle lui explique alors qu'il n'a pas de droits ni d'autorité sur elle. Et elle conclut : "Ici, on est tous pareils".

Petite sœur noire, toi qui en deux phrases a su redéfinir la vocation de notre pays et lui redonner une dignité dont nos dirigeants ne savent pas être les gardiens, j'aurais bien voulu t'embrasser.

 

TAUX D'IMPOSITION

Je relève dans le compte-rendu du conseil municipal du 11 avril 2008 que le maire a proposé une augmentation du taux d'imposition pour 2008 de 1,5 %, "équivalente à l'augmentation du coût de la vie en 2007". Cette proposition a été acceptée à l'unanimité sans qu'aucun conseiller ne fasse remarquer que, puisque ce taux est un pourcentage, l'argent qu'il rapporte à la commune augmente automatiquement avec l'élévation du coût de la vie, lui-même lié au revenu. Prenons par exemple la taxe professionnelle qui était de 15,14% en 2007 et qui va passer à 15,37%. Si on poursuit le raisonnement du maire en prenant une inflation moyenne de 2%, ce taux sera de 15,60% en 2009, 15,83% en 2010, 18,38% en 2020 et, sauf erreur de ma part, 100% dans 290 ans ! J'espère bien m'arrêter de travailler avant l'an 2298 pour ne pas payer une taxe professionnelle égale à la totalité de mon revenu mais je trouve quand même que le principe est absurde.

Bien sûr, avec un taux inchangé, si le revenu des gens diminue, le revenu de l'impôt qui revient à la commune diminue lui aussi. Le conseil municipal a donc décidé, en relevant le taux, que la commune ne doit pas y perdre, tant pis pour les administrés !

Comment se fait-il que pas un seul membre du Conseil municipal n'ait relevé l'erreur grossière commise par le Maire et n'ait pas fait son devoir de conseiller ? Pensaient-ils qu'une fois élus, leur devoir est de toujours dire "oui" sans réfléchir ?

L'ASSAINISSEMENT A VERRUE

Une réunion publique sur cette importante question a été organisée par la mairie le 5 septembre. L'assistance était assez nombreuse mais de nombreux Verrucois sont restés chez eux et je pense qu'il est utile de leur donner mes impressions en attendant le compte-rendu "officiel" que ne manquera pas d'en donner la mairie.

Outre le Maire de Verrue, étaient présents le président et un technicien du SIAL (Syndicat Intercommunal d'Assainissement en Loudunais) ainsi qu'une personne du SIVEER qui n'est pas intervenue.

Après une brève introduction qui nous a appris que rien n'avait été fait depuis l'enquête de zonage et la décision du conseil municipal de répartir le territoire de Verrue en une zone à assainissement collectif (le bourg) et une zone devant rester en assainissement individuel (tous les hameaux), la parole a été donnée aux personnes présentes. La plupart des questions ont porté sur le respect des pratiques démocratiques dans la commune et sur les problèmes financiers : quel sera le coût des travaux, d'où viendra cet argent et combien coûtera le raccordement de chaque maison du bourg au réseau.

Mais avant, une question de fond : il nous a été confirmé que, contrairement à ce qu'avait dit la mairie à l'époque, l'installation d'un assainissement collectif n'est pas obligatoire pour une commune de moins de 2000 habitants telle que Verrue. En revanche, depuis que le conseil municipal a décidé qu'une partie de la commune serait en collectif, nous n'avons plus le choix et l'assainissement collectif est devenu obligatoire. Plusieurs membres de l'assistance ont reproché au Maire d'avoir pris seul cette décision. Il a répondu que le zonage avait fait l'objet d'une enquête publique et que c'était à ce moment qu'il fallait présenter nos objections. L'ennui, Monsieur le Maire, c'est que l'enquête de zonage a eu lieu début 2004 (voir le bulletin de la Mairie de Verrue de janvier 2005) mais que la décision de mettre le Bourg en assainissement collectif avait été prise le 19 décembre 2002 (voir le "compte rendu officiel de la réunion du conseil municipal en date du 19 décembre 2002", paru dans *Mairie de Verrue" Infos 2002/6. Le choix du collectif a donc été décidé par le conseil municipal plus d'un an avant l'enquête publique et sans consulter les habitants. Il est probable qu'ils auraient approuvé ce choix mais, si les choses avaient été faites correctement, ils n'auraient pas l'impression aujourd'hui que des décisions importantes ont été prises dans leur dos.

En ce qui concerne le coût des travaux, les représentants du SIAL indiquent qu'il est impossible de le prévoir aujourd'hui, tant que les études techniques n'auront pas été faites. (Le chiffre de un million d'euros a cependant été cité par le bulletin *Mairie de Verrue* de novembre 2007). Les choses sont plus claires en ce qui concerne l'origine de cet argent. Vous avez sans doute lu comme moi dans le bulletin précité que "Les travaux seront financés par le SIAL à 55 % et par le Conseil Général à hauteur de 45 %", ce qui, si les mots ont un sens, voulait dire que l'installation de l'assainissement collectif n'allait rien coûter à la commune. Las ! Nous avons appris que le SIAL allait se contenter de prendre un emprunt à notre nom et que les travaux faits par le SIAL dans les diverses communes du Loudunais étaient en partie financés par la contribution des communes. Rappelons que cette contribution était de 10€/habitant en 2004, de 14€ en 2006 et qu'elle est maintenant de 20€ par habitant. On peut se demander jusqu'où ira cette augmentation. J'ai demandé à Monsieur le Maire de confirmer dans le bulletin de la Mairie qu'il s'était trompé ou qu'on l'avait trompé quand il a écrit que les travaux seraient financés à 100 % par des organismes extérieurs à la commune.

Ce qui est certain, c'est que les habitants devront bel et bien rembourser l'emprunt. A ce sujet (ce point n'a pas été soulevé le 5 septembre), on peut se demander pourquoi un emprunt est nécessaire, puisque le Maire précédent, M. Roy, se vantait d'avoir réussi à mettre de côté l'argent nécessaire. Cet argent a sans doute été dépensé pour la nouvelle mairie. N'aurait-il pas été préférable de demander aux Verrucois s'ils préféraient affecter ces fonds à une nouvelle mairie ou au financement de l'assainissement ?

Bon tout cela est du passé, l'assainissement va se faire, nous allons payer et les gens du Bourg vont devoir se raccorder (coût du raccordement : 960€ ; ensuite les gens raccordés paieront une taxe fixe de 95€ par an plus 0,85€/m3 consommé). Il reste cependant une décision à prendre. Le SIAL va maintenant faire une étude pour déterminer le nombre "d'équivalents-habitants" qui permettra de calculer le volume des eaux usées à traiter, puis il lancera un appel d'offres. Il étudiera les réponses et choisira un projet en fonction de critères techniques et financiers. Il proposera ce projet au Conseil municipal qui l'approuvera. Quand tout sera décidé, une réunion publique dira aux habitants à quelle sauce ils seront mangés.

J'ai demandé que ce calendrier soit modifié et que la réunion publique ait lieu avant que la décision définitive ne soit prise. Le Maire a répondu que "on le fera". Qu'il soit assuré que je ne manquerai pas de lui rappeler sa promesse le moment venu.

A ce sujet, lorsque plusieurs intervenants ont demandé à être consultés lors du choix d'une méthode d'assainissement, il leur a été rétorqué qu'ils n'étaient pas spécialistes de l'assainissement et qu'ils étaient donc incapables de juger. Je ne suis pas d'accord. D'abord, nous, habitants de Verrue, ne sommes pas (tous) complètement cons. Si on nous explique les procédés d'assainissement, au moins dans les grandes lignes, nous comprendrons de quoi il est question. Ce n'est pas de la physique nucléaire quand même ! D'autre part, les aspects techniques ne sont pas les seuls en jeu, il y a aussi le prix (c'est nous qui payons, pas les techniciens du SIAL), l'odeur (c'est nous qui sentons), la vue (c'est nous qui voyons), sans parler de l'aspect respect de l'environnement qui compte pour certains d'entre nous. Il faut donc que les techniciens nous disent ce qui est techniquement possible, avec les avantages et les inconvénients de chaque option et ensuite, c'est à NOUS, habitants de Verrue, de décider, ce n'est pas à Monsieur Leboucher, simplement parce qu'il se trouve qu'il a été choisi pour gérer les affaires courantes.

La réunion a été très houleuse et le Maire a été pris à partie par plusieurs membres de l'auditoire, parfois assez chaudement. Nous avons d'ailleurs été tancés vertement par le président du SIAL qui nous a menacés, si nous faisions traîner les choses en longueur, de nous faire payer plus cher plus tard, les subventions pour ces travaux étant en diminution constante. Il est toujours regrettable qu'une réunion publique soit le lieu d'un déchaînement de passions mais pour moi le responsable est le Maire qui refuse depuis huit ans aux habitants le droit de faire entendre leur voix. Bien entendu, il est vrai qu'une majorité l'a ré-élu et donc qu'on se le garde. Rendez-vous aux prochaines municipales !

* Remarque : Il faut noter que d'ici à 4 ans, les habitants des hameaux devront à leur frais faire vérifier la conformité de leur installation privée d'assainissement.

L'ASPECT POLITIQUE

Je voudrais revenir sur l'aspect politique de l'affaire évoquée ci-dessus, politique étant compris au sens noble du mot : l'administration de la ville (polis en grec). Comme je l'ai expliqué, le Maire a fait voter en 2002 une décision sans demander l'avis des intéressés (les habitants du bourg). D'autre part, on nous a dit au cours de la réunion du 5 septembre que nous n'y connaissions rien et que nous n'étions pas à même de juger ce qui est bon pour nous. Faites confiance à Papa en quelque sorte. Or, il ne faut pas être grand clerc pour voir que certains habitants du Bourg ne vont rien gagner à être raccordés à un réseau public et à payer les taxes correspondantes : les gens qui ont déjà une installation privée aux normes, ceux qui disposent d'une surface de terrain suffisante pour en installer une, ceux qui se trouvent en contrebas de leur rue et qui devront peut-être payer une pompe de relevage, ceux qui ont un petit potager et qui vont maintenant payer plus cher l'eau qui leur servira à l'arroser (bien que cette eau ne rejoigne pas le réseau public), d'autres peut-être encore selon leur situation personnelle. Tout cela fait beaucoup de monde me semble-t-il. Combien reste-t-il de foyers qui vont tirer un avantage réel du réseau public ?

Ces questions auraient dû être posées à la population avant que le Maire ne prenne une décision irrévocable. Lors de la réunion du 19 décembre 2002, les conseillers municipaux auraient dû évoquer ces problèmes et exiger une consultation des habitants. S'ils ont été élus conseillers, c'est pour conseiller le Maire et non pas pour dire oui à tout sans réfléchir.

A PUBLIC WASTE WATER TREATMENT SYSTEM AT VERRUE

Because of a decision made by the Mayor in 2002 (without any prior consultation), it has become compulsory to install a public waste water treatment system for people living in downtown Verrue (I should say "uptown", considering the location!), i.e., the main village on top of the hill. If you live there, you'll have to connect to this system for a one-time 960€ fee (plus you'll pay for any work in your property). Then you'll pay a yearly 95€ tax plus 0,85€/m3 of any water you use. Say thanks to Mr. Mayor!




Numéro 14, décembre 2008

POUR UN GOUVERNEMENT COMMUNAL REPRESENTATIF

Comme je le faisais remarquer dans le dernier bulletin, la liste Leboucher et la liste Degenne/Penot ont obtenu respectivement 54 % et 46 % des voix, mais c'est la première liste qui a été élue tout entière tandis que les gens qui ont voté pour la seconde ne sont représentés par personne au conseil municipal.

Indépendamment de toute idée de droite ou de gauche, de participation et même de simple politique municipale, j'espère que vous serez d'accord avec moi pour dire que le système électoral actuel est profondément injuste. Tiens, ce n'est pas mieux qu'au Parti socialiste, c'est pour dire ! Je sais qu'on va me dire : "Peut-être, mais ça s'est toujours fait comme ça". Vous connaissez déjà ma réponse. D'abord ce "toujours" ne date que d'un peu plus d'un siècle. C'est peu dans l'histoire des institutions. Ensuite, si on n'avait que des raisonnements comme celui-là, on en serait encore à bouffer du mammouth au fond des cavernes. On me dira également qu'il est bon pour gouverner la commune d'avoir une équipe bien soudée derrière son maire. Au vu des décisions prises par l'équipe précédente – sur l'assainissement par exemple – je pense qu'il aurait été préférable que le conseil n'entende pas qu'un seul son de cloche. On me dira enfin, "Eh bien toi qui es si malin, qu'est-ce que tu veux mettre à la place du système actuel pour que ça marche mieux ?". Voilà enfin une question intelligente. Je vais donc y répondre.

Fixons d'abord les buts à atteindre : il faut que la commune soit gouvernée efficacement, il faut que ce gouvernement soit efficacement conseillé, il faut enfin que ces conseils représentent réellement l'opinion de tous les habitants de la commune.

Pour que la commune soit gouvernée efficacement, il faut qu'elle soit gouvernée par une seule personne et non par un comité. Au-delà de tout idéal de démocratie et de participation, il faut bien à un certain moment qu'une personne, un individu, prenne les choses en main et fasse ce qu'il y a à faire.

Autant il est indispensable que ce moment d'action soit précédé d'un moment de réflexion, autant il est nécessaire que la réflexion n'empêche pas l'action. Mon système conserve donc l'idée d'un maire élu. La différence avec le système actuel est que ce maire est élu seul, indépendamment des conseillers.

Le maire doit gouverner en respectant les désirs des habitants de la commune. Cependant, même dans une petite commune comme Verrue, on ne peut pas demander à tous les habitants de venir assister à toutes les séances du conseil. Il faut donc un conseil municipal d'un nouveau genre qui représente enfin vraiment l'opinion des habitants. Le problème est de s'assurer que les représentants représentent bien les gens qui leur font confiance.

Comment faire ? Imaginez par exemple un système dans lequel chaque personne adulte qui le souhaite donne mandat à une autre personne pour la représenter dans le conseil municipal. Chaque habitant peut aller à la mairie à tout moment pour faire enregistrer le mandat qu'il accorde à tel ou tel représentant. Un représentant donné peut recevoir des mandats de plusieurs personnes. Dès qu'il en a obtenu un certain nombre, il a le droit de siéger au conseil et d'y voter, la puissance de son vote dépendant du nombre de citoyens qui lui ont fait confiance. Pour fixer les idées, disons que dans une commune de 500 habitants, il suffit d'obtenir 5 mandats pour avoir le droit d'aller siéger au conseil et d'y disposer d'une voix lors des votes. Si quelqu'un reçoit 50 mandats, il a donc 10 voix au conseil. Il "pèsera" donc plus lourd lors des votes mais en revanche le "petit" conseiller qui ne dispose que d'une voix aura autant que lui le droit de s'exprimer (et d'exprimer les idées des 5 personnes qui lui ont fait confiance). On bénéficie ainsi de la puissance du "brain storming" qui permet à plusieurs personnes de faire tourner leurs méninges pour résoudre un problème. Le compte rendu des discussions du conseil municipal est remis à tous les habitants qui peuvent voir ainsi comment se comporte leur représentant respectif. Si quelqu'un n'est pas content des interventions faites par la personne à qui elle a donné mandat pour la représenter, il lui est très facile d'aller à la mairie pour lui retirer ce mandat et le confier à quelqu'un d'autre. Le nombre de mandats dont dispose chaque conseiller (et donc le nombre des voix qu'il possède lors des votes) est ainsi en constante évolution et le conseil reflète à chaque instant l'opinion exacte des habitants de la commune.

Pour parachever le système, il faut enfin qu'un organe indépendant surveille les agissements du maire et du conseil municipal et s'assure qu'ils jouent bien leur rôle respectif. On peut imaginer une sorte de conseil des sages dont les membres sont élus à vie. Pourquoi à vie ? Pour assurer leur indépendance vis à vis de l'opinion changeante de leurs électeurs. Ces sages reçoivent les plaintes éventuelles des habitants et font des enquêtes pour voir si les règles du jeu ont été respectées.

Vous allez penser que tout cela est bien beau mais n'a aucune chance d'être mis en place. Peut-être mais je voulais surtout montrer qu'il est possible d'imaginer des systèmes politiques différents de celui auquel nous sommes habitués. Vous ai-je convaincu ? Non ? N'hésitez pas à me faire part de vos objections pour que je puisse peaufiner mon système.

 

QUALITE DE L'EAU

Ce qui est pratique avec Monsieur le Maire, c'est qu'il me fournit gentiment des sujets d'article à foison, ce qui m'évite de me creuser la tête pour remplir mon propre bulletin : il me suffit d'attendre celui de la mairie ! Voyez par exemple le dernier. On y lit que le Maire a soumis aux conseillers un rapport sur la qualité de l'eau. Point, terminé. Et les habitants alors ? Ne croyez-vous pas, Monsieur le Maire, qu'ils s'intéressent eux aussi à la qualité de l'eau qu'ils boivent ? Ne pensez-vous pas qu'il aurait été utile d'ajouter une seconde phrase à ce paragraphe pour dire au moins que ce rapport était disponible en mairie et au mieux d'en résumer les principaux points ? Le bulletin d'information d'une mairie ordinaire ne se contente pas de reproduire les compte-rendus des séances du conseil dans toute leur sécheresse, il INFORME les habitants. A Verrue, nous sommes loin du compte.

 

POUR SORTIR DE FLATLAND

Vous pouvez retrouver les idées que je viens d'exposer et bien d'autres du même tonneau dans un livre que j'ai publié chez In Libro Veritas avec l'introduction suivante :

"Tout le monde se plaint du capitalisme et de ses dérives mais, depuis que nous sommes enfin débarrassés du marxisme, il n'existe plus d'alternative à cette idéologie. Les partis de gauche adoptent peu à peu la social-démocratie et parlent surtout de la défense des travailleurs : s'il faut les défendre contre les capitalistes, c'est que la gauche se résigne à l'existence du capitalisme."

"Et s'il existait une alternative ? Un système qui ne soit ni capitaliste, ni marxiste, un système revenant à la définition historique du socialisme :tout travailleur doit posséder son outil de travail."

"Au XIXe siècle, Edwin Abbott à décrit dans Flatland la découverte de la hauteur par un habitant d'un monde qui ne connaissait que deux dimensions, longueur et largeur. Le présent ouvrage propose un moyen de sortir de notre Flatland moderne qui ne connaît que capitalisme et marxisme en décrivant une troisième dimension dans laquelle l'initiative et la propriété individuelle sont respectées mais dans laquelle également les travailleurs possèdent leur outil de travail et conservent l'intégralité du revenu qu'ils en tirent. Utopie ? Peut-être. A vous d'en décider après avoir lu ce livre."

Le livre s'appelle Pour sortir de Flatland et il est disponible sur Internet : http://www.inlibroveritas.net/ Dans Rechercher, tapez Fortuner. L'ouvrage apparaît dans la fenêtre "Livres en vente sur ILV-Edition.com"). Vous pouvez télécharger une version PDF gratuite ou acheter la version papier pour 14€. Il existe aussi un résumé, voir : http://genisys.prd.fr/Flatland.html. Si vous n'avez pas Internet, vous pouvez commander le bouquin par mon intermédiaire.

 

WASSUP IN VERRUE

You probably found in your mailbox the latest bulletin from City hall, distributed in November. The big news in there is that the Mairie had the opportunity to buy a licence for opening the Frogs' equivalent of a pub and they turned down the offer without asking anybody. To think we could have got soused without having to drive! This really pisses me off.

If you agree with me that this decision of the Maire is an outrage, don't forget to register at the Mairie so you can vote at the next election and oust the current Conseil municipal!

 

LE POUVOIR POLITIQUE DES MAIRES

Savez-vous qui élit les sénateurs ? Ce sont les 150 000 "grands électeurs" d'un collège électoral qui est composé à 95 % des représentants des communes et à 5 % des conseillers généraux, des conseillers régionaux et des députés. Donc, lorsque vous choisissez un maire, vous ne choisissez pas seulement quelqu'un qui saura s'occuper de votre commune mais aussi quelqu'un qui votera à votre place pour élire "votre" sénateur.

Ce système est une relique des débuts de la IIIème république. Après la défaite et l'abdication de Napoléon III, en 1870, l'opinion était en majorité favorable au rétablissement de la monarchie mais deux prétendants se disputaient le trône : le comte de Chambord et Philippe d'Orléans. Les royalistes des deux bords acceptèrent alors l'instauration d'une république en se disant qu'il serait toujours temps de changer le régime lorsque ces questions dynastiques seraient résolues. L'ennui pour eux, c'est que les choses traînèrent en longueur et que l'arrangement provisoire devint définitif. Cependant, pour s'assurer de garder le contrôle du régime, ils firent en sorte que l'assemblée nationale élue au suffrage universel masculin soit surveillée par un sénat élu par des notables, les maires des villages, réputés plus conservateurs. Comme toute chambre élue au suffrage indirect, le sénat est intrinsèquement anti-démocratique.

Le mode d'élection du sénat peut influencer votre vote lors des municipales et vous faire choisir un candidat qui n'est pas le meilleur pour la commune simplement parce qu'il est du même parti que vous. Encore faut-il savoir quel est ce parti. Il paraît que la question ne se posera pas durant le mandat du conseil municipal actuel mais elle refera surface lors de la prochaine élection, en 2014 si je compte bien. Si vous l'oubliez d'ici là, comptez sur moi pour vous la rappeler le moment venu : j'ajouterai au petit questionnaire que j'enverrai aux candidats la question suivante :

- A quel parti comptez-vous donner votre voix lors des élections sénatoriales ?

 

STATISTIQUES

J'étais plongé l'autre jour dans une profonde méditation lorsque mes yeux sont tombés sur une bouteille de Canard WC qui annonçait fièrement "détruit 99,9 % des bactéries". A première vue, cela m'a paru très efficace en effet mais, toujours méditant, je me suis mis à faire quelques calculs. Une bactérie se reproduit en se divisant en deux toutes les 20 minutes. Supposons que le Canard WC réussisse à réduire la population de bactéries à un seul individu. Vous en aurez donc 2 au bout de 20 minutes, 4 à 40 minutes, 8 après une heure, ce n'est pas beaucoup. A la deuxième heure, il n'y en a encore que 64, ça marche bien ce truc. Après 3 heures, 512, ça va encore, 4096 à 4 heures, ça se peuple, 32768 à 5 heures, 262144 à 6 heures, ça se gâte, plus de 2 millions après 7 heures, aïe, aïe, aïe, 16 millions à 8 heures, on dépasse le milliard après 10 heures et, 24 heures après avoir nettoyé les chiottes à fond, vous y trouvez 4 milliards de milliards de bactéries, soit un 4 suivi de 18 zéros. C'est vraiment dégueu chez vous !

Tout ça pour dire qu'il est facile de tromper le monde en balançant quelques chiffres tendancieux. Tenez, prenez Xavier Darcos, notre ministre de l'éducation nationale. Il a déclaré qu'il y avait en France un professeur pour onze élèves (Le Monde, 11 avril 2008) et il est vrai qu'à la rentrée 2007, il y avait 511 485 professeurs pour 5 371 368 élèves dans le second degré, soit 5 371 368 divisé par 511 485 = 10,5 élèves par professeur. Cependant, ces chiffres ne tiennent pas compte du fait que dans le secondaire, chaque classe a plusieurs professeurs, sans parler des professeurs qui n'exercent pas pour des raisons diverses, remplacements, maladie, détachement, et des options (langues anciennes par exemple) qui "utilisent" des enseignants pour un nombre réduit d'élèves. Ils ignorent également le fait que les professeurs ne passent en principe que 18 heures devant leurs élèves tandis que ces derniers ont 27 heures de cours par semaine, la raison étant qu'une heure devant une classe représente très largement une heure de temps supplémentaire effectué par l'enseignant : conception de la séquence, concertation avec les autres membres de l'équipe d'enseignement, préparation du cours à proprement parler, passage à la photocopieuse, correction des devoirs, saisie des notes, etc. Tout ceci explique pourquoi les classes sont souvent surchargées et peuvent comprendre jusqu'à 30 élèves et plus. Le ministre cherche donc à justifier les suppressions de postes par des chiffres qui sont aussi bidons que ceux de la pub du produit pour chiottes dont je parlais.

Moralité, Xavier Darcos et Canard WC, c'est bonnet blanc et blanc bonnet.

 

LICENCE IV (ABSENCE DE)

Dans sa grande sagesse, le conseil municipal a refusé d'acquérir la licence IV proposée par Madame Paulette Nativelle (et non Nativelle Paulette : un prénom, ça se met devant le nom, bordel !). Une fiche aurait été remise à chaque conseiller municipal pour expliquer ce refus. Ils ont bien de la chance, parce que moi, j'aimerais bien comprendre. Si j'ai bonne mémoire, à l'époque du Naturascope, beaucoup de Verrucois étaient en faveur du parc parce qu'ils souhaitaient un peu plus d'animation à Verrue. Nous, les opposants, nous leur expliquions que le passage de milliers de voitures au bas du village n'était peut-être pas l'animation idéale et qu'il vaudrait bien mieux redonner un peu de vie à Verrue, village-dortoir, par exemple en favorisant l'ouverture d'un débit de boisson avec licence IV. Je crois qu'à l'époque, quelqu'un avait dit que c'était impossible parce que le restaurant La Balbinière en avait une et qu'une commune de 400 habitants ne pouvait avoir deux licences IV. Voilà donc que l'occasion d'acheter une telle licence se présente et que la mairie la rejette sans même consulter les habitants du village. Il est vrai qu'un bistrot, c'est des gens qui se rassemblent, qui parlent, qui échangent des idées, sur la commune et son maire par exemple. Un bistrot, c'est un peu l'outil de base de la participation. Est-ce cela qui a fait peur ? Si on en croit le bulletin publié par le Maire, sa décision tourne autour de l'obligation d'ouverture journalière, obligation qu'il aurait été impossible de respecter. Peut-être, mais qui sait ? Si la mairie avait consulté les habitants, l'un d'eux aurait pu imaginer une solution. Mais non, le conseil a décidé à l'unanimité de ne pas acquérir cette licence et de ne pas profiter de cette occasion de revivifier un peu notre commune mourante. Assoiffés mes frères, j'espère que vous en tirerez les conclusions qui s'imposent.

 

NOTE DU SIAL SUR L'ASSAINISSEMENT

Vous avez dû recevoir comme moi vers le 10 octobre une note concernant l'assainissement à Verrue signée de M. Edouard Renaud, président du SIAL. Elle contient certaines informations qui complètent ou corrigent celles que j'ai données dans le dernier bulletin. La plus importante concerne le montant des frais et redevances que devront payer les foyers qui se raccordent à l'assainissement collectif : un paiement unique de 956,80€ (payable en 2 fois) pour le branchement proprement dit, puis une redevance annuelle de 100,45€ plus 1,01€ par mètre cube d'eau potable consommée. Lors de la réunion de septembre, il avait été question d'une redevance annuelle de 95€ plus 0,85€/m3 : elle a donc déjà augmenté.       

L'autre information importante concerne le coût de la réalisation du réseau collectif : un million d'euros en moyenne. Si le bourg de Verrue comprend une centaine de maisons à raccorder, cela représente donc environ 10 000 euros par maison, somme bien supérieure au prix d'une installation individuelle, même dans les cas les plus défavorables.

Monsieur Renaud confirme que le SIAL va devoir contracter un emprunt pour payer sa part du financement de l'assainissement du bourg de Verrue mais il ne dit rien du remboursement de cet emprunt : qui va payer ? Nous sans doute. Combien ? Pendant combien d'années ? Ce sont des questions qui doivent bien intéresser les gens, je suppose. Le prochain bulletin de la Mairie apportera peut-être quelques réponses.

Monsieur Renaud précise enfin que "ce sont les 58 élus du SIAL, dont ceux de la commune de Verrue, qui décideront du bureau choisi" en fonction des prix proposés, du mode d'assainissement et des délais. Pas question donc de demander l'avis des habitants. Tout au plus le SIAL nous promet-il de nous informer de chaque étape. Heureusement, le Maire de Verrue, lui, s'est engagé à tenir une réunion publique avant que la décision définitive ne soit prise. J'espère qu'elle permettra aux personnes concernées de donner leur avis.

 

A BAS LES PROPRIETAIRES

Je lis dans le dernier numéro du bulletin de la Mairie de Verrue que le loyer mensuel du logement du 6 rue des Tilleuls est fixé à 370€ "en raison des travaux d'amélioration et de mise aux normes électriques". Pour l'amélioration, passe encore d'augmenter le loyer, mais un propriétaire, qu'il s'agisse d'une personne physique ou d'une personne morale, peut-il faire payer au locataire les dépenses qu'il engage pour respecter la loi ? S'il a fallu "mettre aux normes" l'installation électrique, c'est qu'elle ne l'était pas. Il me semble normal que le propriétaire, personne morale dans le cas présent, paye de sa poche les frais nécessaires pour se mettre dans la légalité. Que le propriétaire, personne morale ne l'oublions pas, fasse payer au locataire des dépenses qui lui incombent, au moins moralement, me paraît le comble de l'immoralité, au sens philosophique du terme. L'adresse du logement m'ayant fait penser au Passe-muraille de Marcel Aymé, je ne puis que répéter l'exclamation de l'huissier Malicorne : à bas les propriétaires !