Bulletin 1 : mai 2001
Histoire rurale 1 (débuts agriculture)
Bulletin 2 : juillet 2001
Annulation des élections de Loudun
Histoire rurale 2 (le défrichement et ses ravages)
Bulletin 3 : septembre 2001
Oui, il existe des élus à l'écoute des électeurs
Histoire rurale 3 (démocratie directe... sous Henri IV)
Bulletin 4 : novembre 2001
Histoire rurale 4 (mise en place de la forme actuelle des conseils municipaux)Bulletin 5 : janvier 2002
Attention, une démocratie peut en cacher une autreBulletin 6 : mars 2002
Faudrait s'entendre (une manière différente de discuter)
Bulletin 7 : mai 2002
La présentation des budgets (la culture
de l'opacité)
La Région Poitou-Charentes et le développement
durable
Bulletin 8 : juillet 2002
"Verrue Quoi" fait de la politique (notre association lutte pour
la démocratie directe)
L'occupation
des niches écologiques (comment porter un regard neuf sur de
vieux problèmes)
Bulletin 9 : septembre 2002
L'élection du Conseil des jeunes (créer
un organe d'expression est bien, encore faut-il qu'il soit ouvert)
Gouvernance, le nouveau mot à la mode
(définition et commentaires)
Bulletin 10 : novembre 2002
Ce n'est pas parce que c'est écrit (l'importance du sens critique)Bulletin 11 : janvier 2003
Les différends entre Loudun et la CCPL (manque de transparence à la CCPL)
Bulletin 12 : avril 2003
Le coup du pagure
Notes de lecture : pour une nouvelle gouvernance de Jean-Pierre Raffarin
Bulletin 13 : juin 2003
WYSIWYGBulletin 14 : septembre 2003
La participation à Monts sur GuesnesBulletin 15 : novembre 2003
Le rôle des associationsBulletin 16 : janvier 2004
Du bon usage de la discussionBulletin 17 : mars 2004
La participation à VerrueBulletin 18 : juin 2004
De la démocratie (1)
Les statuts de la CCPL : un problème de fédéralisme
De la démocratie (2)Bulletin 19 : juillet 2004
De la démocratie (3)(A la suite de mon départ de l'association Verrue Quoi, je n'ai plus publié d'articles dans son bulletin après l'été 2004
Tous les articles cités sont de Renaud Fortuner (fortuner@wanadoo.fr),
sauf indication contraire.
Histoire rurale / 1
Pour quiconque s'intéresse au monde rural, il est un livre passionnant, L'Histoire de la France rurale, ouvrage collectif publié en 1975 sous la direction de Georges Duby et Armand Wallon et qui vient d'être réédité dans la collection "Points Histoire" des éditions du Seuil.
On y apprend par exemple que, dans ce qui deviendra la France, la première civilisation agricole s'est installée dans le Bassin Parisien en 4000 avant JC, arrivant du Moyen-Orient avec la civilisation dite de la céramique rubanée. Déjà, "on observe que chaque village renferme, toujours à un seul exemplaire, une maison un peu plus grande et plus solidement construite que les autres (…) on doit vraisemblablement y voir la demeure de la famille d'un individu socialement prééminent."
Et voilà ! Ruraux, ça fait 6000 ans que vous vivez sous les ordres "d'individus socialement prééminents". Ne croyez-vous pas qu'il est temps de retrouver votre liberté ?
Annulation des élections de Loudun
Vous savez sans doute que les élections municipales de Loudun ont été annulées le mois dernier. La raison ? D'après les journaux, le commissaire du gouvernement a surtout visé une lettre ouverte signée de René Monory qui appelait à voter pour Jean-Pierre Fredaigue et qui assurait ce dernier du soutien du Département, notamment en termes d'installations d'entreprises et de création d'habitat (Centre Presse du 14 juin 2001). Le commissaire du gouvernement a en effet jugé qu'il s'agissait là d'une pression exercée sur les électeurs.
Ce motif, à lui seul, aurait justifié l'annulation de l'élection, même en l'absence des autres motifs retenus. C'est donc René Monory lui-même qui a provoqué la chute de son poulain en oubliant que plus on pousse loin l'autocratie, plus il faut la masquer derrière les apparences de la démocratie. Le vieux Sire du Loudunais aurait-il perdu la main ? La vieillesse est un naufrage, disait De Gaulle…
Espérons en tous cas que les habitants de Loudun sauront profiter
de la nouvelle chance qui leur est donnée et que, surmontant leur
dégoût pour les magouilles politicardes, ils éliront
une équipe neuve et respectueuse des règles démocratiques.
Histoire rurale / 2
J'ai évoqué dans le dernier bulletin l'arrivée des premiers agriculteurs en France, il y a 6000 ans, d'après L'Histoire de la France rurale de Georges Duby et Armand Wallon (collection "Points Histoire" des éditions du Seuil).
Au début les défrichements ont été bien timides et "autour du village et de ses champs, assez proche sans doute, régnait toujours la forêt" (tome 1, page 149). Bien vite pourtant les défrichements s'étendent ("on peut y aller, ce ne sont que des robiniers" a déclaré un chef chasséen…) et, "entre 3500 et 2500 avant notre ère, la quasi-totalité du territoire actuel de la France était touchée par (…) la culture des céréales et l'élevage" (page 170). Dans le Languedoc, la forêt primaire est totalement détruite et la dégradation du sol provoque l'abandon des villages : "jamais plus par la suite les garrigues ne connaîtront un peuplement sédentaire comparable à celui qu'elles ont connu au chalcolithique" (page 172).
Comme vous le voyez, les erreurs de développement ne datent pas
d'hier mais faut-il vraiment imiter les erreurs de nos lointains ancêtres
?
Oui, il existe des élus à l'écoute des électeurs
!
Geneviève Delachaume
J'étais en voiture l'autre jour et j'écoutais la radio pour avoir des informations. Ce que j'ai entendu m'a évidemment fait dresser l'oreille. On nous racontait ce qui suit :
Notre voisin, le Pays des six vallées qui regroupe plusieurs communes et communautés de communes du Poitou-Charentes (entre autres Ligugé, Lusignan, Vouillé, etc.) a lancé sur son territoire une grande enquête relayée précisément par les communautés de communes. Un questionnaire a été adressé il y a quelques mois à tous les habitants ; les réponses seront analysées et, à la suite de ce travail, un projet répondant au plus juste aux préoccupations, aux besoins et aux attentes de tous sera élaboré.
Le journaliste concluait : "Citoyens, pour une fois qu'on vous donne la parole, prenez-la !" (A méditer).
La mairie de Lusignan à qui je me suis adressée a eu la gentillesse de m'envoyer sa documentation que je tiens à la disposition de toutes les personnes curieuses de voir comment procèdent, tout près de nous, des élus soucieux de recueillir l'avis des citoyens et de construire l'avenir avec eux.
Il faut en effet signaler que la France, comme l'ONU et la plupart des grands pays d'Europe et du monde, a accepté le principe d'un "développement durable" qui doit répondre à des préoccupations souvent contradictoires : économiques, sociales et écologiques. Ce principe, exposé dans des textes, normes et programmes mondiaux, va bien au-delà de la simple protection des ressources naturelles. Il contient les exigences suivantes :
- participation des parties prenantes et droit à la négociation
collective ;
- dépassement des dispositions législatives minimales
;
- contrôle des grands projets par des organismes indépendants
non gouvernementaux pour vérifier le respect des principes de la
durabilité ;
- transparence assurée par la publication régulière
de rapports.
A côté de cela, je lis dans un article du 23/07 de la Nouvelle République : [Pour René Monory, le projet de Naturascope va vite – "On n'avait pas encore acheté Beaumont il y a un an" et le permis de construire pourrait être déposé prochainement, peut-être à la fin du mois] (citation).
Tous les citoyens ne voient pas dans cette rapidité la meilleure garantie de sérieux d'un projet qui bafoue toutes les règles du développement durable :
- absence de consultation de la population (quand on part du principe, comme l'indiquait notre nouveau Conseiller Général au cours de sa campagne, que le maire est le premier maillon de la démocratie, il suffit en effet de réunir quelques délégués des municipalités au sein d'une communauté de communes et des décisions graves sont prises en un quart d'heure, à main levée et à l'unanimité, sous l'oeil sévère du dieu local) ;
- application minimale des lois de protection de l'environnement ;
- la vérification du respect par le projet des principes de développement durable n'a jamais été mentionnée ;
- absence de transparence, entre autres sur les points suivants :
1. les documents légaux sont fournis avec réticence par la
CCPL aux associations qui les réclament et il a fallu à plusieurs
reprises intervenir auprès du sous-préfet ou des services administratifs
compétents.
2. des sondages ont été faits dans le parc de Beaumont mais
bizarrement aucun résultat n'a été donné . La
nappe phréatique se maintient à 1 m environ au-dessous de la
surface du sol dans la partie dite "sèche" du parc, là où
sont prévues les constructions. Quelles sommes d'argent public va-t-on
gaspiller pour bâtir sur cette éponge ?
Résultat, le projet s'empêtre dans ses contradictions car, après tout, la référence qu'on ne cesse de nous vanter est bien le Futuroscope :
- Nouvelle République du 6/7/2001 : la CGT signale que, malgré son succès, le Futuroscope a connu un "déficit d'exercice de plusieurs dizaines de millions de francs" l'an dernier et ceci malgré les attractions nouvelles, "une par an" d'après l'article du 19/7/2001 (Echos de la planète Futuroscope) depuis la vente du Futuroscope à la société Amaury. S'il y a fuite en avant au Futuroscope pour ressusciter l'intérêt du public et échapper à l'usure et au déficit, gageons que le principe devra être le même au Naturoscope. Comment croire alors qu'à long terme la forêt sera respectée et qu'il ne faudra pas trouver des rallonges budgétaires pour attirer de nouveau le public ?
- Faut-il s'étendre sur la qualité des emplois créés au Futuroscope : contrats à durée déterminée "d'une heure [!!!] à plusieurs mois" et très peu de contrats à durée indéterminée (Nouvelle République du 6/7/2001) ?
Une autre contradiction mériterait sans doute d'être approfondie. La NR du 10 août 2001 nous parle de "La bonne eau de Scévolles". Je cite : "présence de fer, de manganèse, forte minéralisation, excellente qualité bactériologique et teneur en nitrates proche de 0 mg/l". A une époque où le ministère de l'environnement nous demande par télévision interposée de faire attention à l'eau, de fermer le robinet chaque fois que c'est possible pendant que nous nous brossons les dents, nos collectivités ne devraient-elles pas considérer cette eau comme une richesse naturelle régionale à protéger de tout risque de contamination dans un souci de santé publique ?
Le Naturascope a-t-il le feu aux trousses ? Nous pouvons certainement
parier que le projet du Pays des Six Vallées se réalisera,
lui, sur un rythme sage mais le travail bien fait a toujours pris du temps
!
Histoire rurale / 3
Poursuivant ma lecture de l'Histoire de la France rurale de Georges Duby et Armand Wallon (collection "Points Histoire" des éditions du Seuil) et sautant allégrement quelques siècles, je tombe dans le tome 2 (pages 265-266) sur cet intéressant passage qui a trait au pouvoir municipal dans les villages au XVIIe siècle :
"L'organe essentiel de la communauté était formé par la réunion des chefs de famille qui pouvaient y siéger et y voter. (…) L'assemblée jouissait d'une très large liberté, même lorsqu'elle était présidée par les officiers seigneuriaux. C'est elle qui prenait toutes les décisions importantes pour la vie de la communauté, qui élisait ses représentants et ses agents. (…) Tous ces élus n'étaient que des mandataires qui revenaient rendre compte devant l'assemblée ou solliciter un nouveau pouvoir pour résoudre un problème nouveau ou engager une dépense extraordinaire."
Comme nous sommes loin de ce bon vieux temps et comme nous avons régressé ! De nos jours, le président de la CCPL, René Monory, écrit aux maires à qui Bien Vivre en Scévolles demandait d'expliquer leur vote du projet Naturascope : "Le vote de la population fait de vous son représentant légal (…). C'est par ce même vote qu'elle jugera du bien fondé de vos engagements". En somme, une fois élu, on est libre de faire ce que l'on veut pendant six ans, même pour prendre des décisions sur des questions qui ne se posaient pas lors de l'élection. Les politiciens espèrent bien que leurs erreurs seront oubliées et que de toutes façons, lors de l'échéance suivante, il sera trop tard et l'avenir aura été engagé. Pourtant, on savait déjà sous Henri IV que l'assemblée des habitants d'une communauté est seule habilitée à "résoudre un problème nouveau ou engager une dépense extraordinaire".
Ce passage de l'Histoire de la France rurale montre bien que la démocratie
directe n'est pas une utopie. Ce ne serait qu'un retour à une situation
qui était normale il y a trois siècles.
Histoire rurale / 4
Pour en terminer avec l'Histoire de la France rurale de Georges Duby et Armand Wallon (collection "Points Histoire" des éditions du Seuil), je note dans le tome 3 quelques dates importantes dans la mise en place des institutions communales qui nous sont familières.
Pendant la Restauration (1815-1830), seuls les députés sont élus (uniquement par les hommes qui paient au moins 300 francs d'impôt direct –le cens–, somme considérable à l'époque et qui écarte tous les ruraux). Le maire et les conseillers municipaux sont nommés par le préfet (page 131).
Après la Révolution de Juillet, le cens est abaissé à 200 francs et quelques gros "laboureurs" peuvent voter. La loi de 1881 permet l'élection des conseillers municipaux parmi lesquels le préfet continue de désigner le maire et ses adjoints (page 144).
Ce n'est qu'après l'établissement de la IIIe République, en 1881, que les conseils municipaux obtiennent le droit d'élire eux-mêmes le maire (page 354).
Les structures communales que vous considérez sans doute comme immuables – parce que vous les avez toujours connues et que vos parents et vos grands-parents n'en connaissaient pas d'autres – ne datent donc que de 120 ans, la durée d'une vie de doyenne des Français, une broutille à l'échelle de l'Histoire.
Ces structures ont changé dans le passé, elles continueront
d'évoluer mais dans quel sens ? On peut espérer que l'évolution
que l'on observe en France depuis la Restauration se poursuivra et qu'elle
continuera à donner de plus en plus de pouvoirs à chaque citoyen,
c'est-à-dire à vous et à moi. L'étape finale pourrait
bien être la démocratie directe qui nous débarrassera
de la tutelle des "individus socialement prééminents" dont
je parlais dans le numéro 1 de ce bulletin – chefs de guerre, chefs
de tribu, nobles, rois, riches propriétaires censitaires et maintenant
notables locaux – et qui nous rendra la liberté qui était
la nôtre il y a six mille ans.
Attention : une démocratie peut en cacher une autre...
En marge de toutes ces histoires de parc, nous assistons à un débat dans lequel partisans et adversaires du Naturascope s'accusent mutuellement de bafouer les principes démocratiques. Ces discussions ne sont pas étonnantes en raison de l'imprécision du concept de démocratie. A l'heure actuelle, tous les pays du monde s'en réclament, même les plus autoritaires. On l'a bien vu du temps de l'URSS où les pays satellites d'Europe de l'Est prétendaient être des "démocraties populaires". Ici, l'une des listes battues lors des dernières élections municipales à Verrue s'appelait "démocratie directe" mais d'autres n'hésitent pas à lui refuser tout droit de s'exprimer, toujours au nom de la démocratie. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits et je pense qu'il est bon de préciser quelques points.
Démocratie vient du grec demos, le peuple, et de crator, le pouvoir. Elle a été définie comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Notez bien que, en théorie, le gouvernement doit être exercé "par le peuple".
Or, M. Monory, relayé par les politiciens locaux qui se réclament de lui, refuse au "peuple" tout droit de regard sur les décisions prises par les élus, une fois les élections terminées. D'après lui, les élus tirent leur légitimité de l'élection et ils n'ont plus de compte à rendre jusqu'à l'élection suivante.
Je vois ici un grave problème. Les "élus", et surtout ceux qui occupent les postes les plus élevés, comme M. Monory lui-même, sont choisis par les partis politiques traditionnels ou par les groupes d'intérêt local parmi un petit nombre de personnes qui constituent ce que l'on appelle la classe politique. Le droit des citoyens se résume donc à choisir parmi ces personnes celles qui décideront pour eux. Un régime dans lequel le pouvoir appartient à un petit groupe de personnes est une oligarchie (du grec oligo, peu nombreux), qu'il ne faut surtout pas confondre avec une aristocratie (du grec aristos, les meilleurs). Puisque les citoyens ont tout de même le droit de s'exprimer de temps en temps, je propose d'appeler le régime que nous subissons actuellement une "démocratie oligarchique".
Il faut bien reconnaître que cette situation est celle de ce que l'on appelle les "démocraties occidentales" et celle aussi de notre pays depuis 200 ans (avec des hauts et des bas). Qu'on la regrette ou non, elle a pour elle la force de la tradition.
Ce n'est pas le cas d'une nouvelle conception de la démocratie qui a vu le jour il y a peu, à la suite de déclarations de certains promoteurs du Naturascope, reprises par de nombreux "pro-parcs". D'après ces personnes, les élections municipales de mars 2001 dans le Loudunais peuvent être considérées comme une sorte de référendum sur le parc. Etant donné que les listes se présentant comme "anti-parc" ont été battues, elles n'ont plus droit à la parole ! Transposé au niveau national, un tel système reviendrait à refuser tout droit de s'exprimer aux partis de l'actuelle minorité, UDF, RPR, etc. !
Nous arrivons donc à une sorte de dictature de la majorité, appelons-la "démocratie dictatoriale majoritaire" pour faire bien.
Vous allez voter bientôt pour élire votre député. Généralement, les gens votent pour un parti plus que pour un homme mais les partis, c'est à Paris, tandis que l'homme que vous allez élire, c'est ici, c'est lui qui va avoir une influence considérable sur la vie locale.
Bien définir la notion de "démocratie" me paraît donc primordial. Connaître la conception qu'en ont nos futurs élus ne l'est pas moins. Leur conception détermine en effet leur attitude pratique : si les gens qui nous gouvernent ne s'étaient pas comportés en oligarques, ils n'auraient jamais lancé ce projet de parc comme ils l'ont fait. Ils vous auraient demandé quels étaient vos besoins, ils auraient recueilli les idées de développement capables de répondre à ces besoins et ils vous auraient demandé de choisir vous-mêmes l'idée qui vous paraissait la meilleure. On peut parier que le parc serait arrivé bon dernier tandis que vous êtes en majorité "pro-parc" parce que vous avez l'impression (et vous avez raison) que, tant que durera l'oligarchie actuelle, vous n'aurez que le choix entre ce parc et rien.
Les élections qui approchent vous donnent l'occasion de poser les
deux questions suivantes à chaque candidat :
"Pensez-vous qu'un élu "tire sa légitimité de l'élection"
et qu'il n'a donc pas de compte à rendre aux citoyens qu'il représente
avant l'élection suivante ?"
"Pensez-vous que la minorité a le droit d'exprimer son désaccord
sur les décisions de la majorité en place et de faire des
propositions ?"
Ce sont des questions importantes, et je vous adjure de les poser parce
que, si vous ne saisissez pas cette occasion, vous allez une fois de plus
voter uniquement pour vous choisir un nouveau maître. N'y a-t-il donc
que des esclaves dans le Loudunais ?
Il est souvent question de démocratie directe dans ce bulletin. Ce principe consiste à redonner le véritable pouvoir aux individus, à vous et moi, au lieu de le confier à un petit groupe ou à un parti. Lorsque chacun de nous aura voix au chapitre, il faudra modifier des habitudes bien ancrées et trouver un moyen de prendre des décisions sans trop de conflit.
En effet, à l'heure actuelle, que font deux personnes qui discutent ? Chacune choisit son camp et cherche à "vaincre" son "adversaire" en lui assénant des arguments plus ou moins fondés et même plus ou moins honnêtes. Le plus souvent, chacun reste sur ses positions ; parfois il y a un gagnant ou un perdant, en tous cas deux personnes fâchées à mort.
Si le sujet de la discussion est grave, le risque est grand de voir cet affrontement dégénérer : arguments spécieux, mensonges et même injures et coups ou, s'il s'agit d'un débat entre groupes politiques, rumeurs, attentats, terrorisme… Il n'est pas nécessaire d'aller au Moyen-Orient pour voir ça, il suffit de se promener dans la forêt.
Il faut pourtant réussir à changer ces mauvaises habitudes si nous voulons établir un jour une véritable démocratie.
Ne vous méprenez pas : je ne vais pas prêcher la bonté de l'homme. Je ne suis pas si naïf. Je sais bien que Homo sapiens sapiens est naturellement teigneux et qu'on ne le changera pas.
Par contre, il est possible de lui apprendre quelques techniques simples de discussion positive. Voici ma recette en deux principes et trois étapes :
Principe n° 1 – Il faut commencer par se mettre bien en tête qu'une discussion n'est pas un combat entre adversaires mais la recherche en commun de la meilleure solution possible à un problème bien identifié.
Principe n° 2 – il ne faut pas perdre de vue ce précepte essentiel : la fin ne justifie JAMAIS les moyens, ce qui veut dire que si la solution retenue, bonne en soi, repose sur des moyens mauvais, ces moyens vont pervertir la solution et, même si un but est atteint, ce sera un but mauvais ayant à plus long terme des conséquences désastreuses.
Et maintenant la technique :
Etape n° 1 – Il faut donc commencer par définir le but à atteindre sans avoir de buts cachés. Par exemple, si je prétends que le but recherché est le développement économique d'une région mais si mon but réel est la satisfaction de mes ambitions politiques, il me sera impossible de parler honnêtement avec quelqu'un qui, lui, cherchera vraiment à développer la région.
Etape n° 2 – Il faut ensuite faire la liste de tous les moyens possibles et imaginables, même les plus stupides, qui permettent d'arriver au but cherché. L'important à ce moment est que les parties en présence ne s'approprient pas une des options de la liste. Si l'une d'elles le fait, elle perd son objectivité et elle cherchera à faire gagner "son" option, même si elle n'est pas la meilleure.
Etape n° 3 – Il faut ensuite chercher les avantages et les inconvénients de chaque option. Il est préférable que cette recherche se fasse en commun entre toutes les parties intéressées car, de cette manière, il devient possible d'envisager chaque option d'un œil objectif. Toutes les personnes participant à la discussion proposent des arguments pour ou contre telle ou telle option en oubliant par qui elle a été proposée à l'origine.
Bien entendu, l'option présentant le plus d'avantages et le moins d'inconvénients est retenue.
Si on applique cette technique bien simple, il est possible d'arriver
à s'entendre, au moins sur certains points. Il se peut qu'au début
l'accord ne soit possible que sur des questions mineures mais ceci a au moins
l'avantage de faire collaborer les anciens adversaires, leur donner le temps
de se connaître, peut-être de mieux se comprendre et, qui sait,
de s'estimer. Il leur sera alors possible d'aborder plus sereinement les
anciens points de désaccord.
La présentation des budgets
Geneviève Delachaume
Il m'a été donné d'assister récemment à deux présentations de budgets, celui de la CCPL à Berthegon, le 21 mars 2002 et celui de la commune de Verrue, le 25 mars 2002
La comparaison était tout à fait intéressante :
L'énorme budget de la CCPL a été passé très
rapidement en revue par M. Belin.
A la fin de la présentation et juste avant le vote, Mme Marchand,
première adjointe au maire de Loudun et représentante de la
ville à la CCPL a regretté que les balances comptables remises
aux divers délégués juste avant la séance n'aient
pas été distribuées plus tôt pour que chacun ait
le temps de les étudier. Comme par hasard, c'est une conseillère
municipale de Loudun qui demande davantage d'information sur le budget de
la CCPL. On sait que les erreurs de gestion précédemment commises
à Loudun ont nécessité une très importante augmentation
des taxes locales. Ce genre de choc est peut-être salutaire mais nous
aimerions bien que d'autres élus manifestent leur désir d'explications...
M. Monory a répondu à l'observation de Mme Marchand : "Ce
sera fait à l'avenir mais là, il faut qu'on avance !". Un autre
des responsables a indiqué "il y a eu beaucoup de travail effectué
en amont", ce qui voulait dire "on a bien travaillé, faites-nous confiance".
Le budget a été voté ; il n'y a eu que 3 abstentions.
M. Monory a annoncé que la prochaine fois la présentation du budget serait encore simplifiée et regroupée : "C'est trop long, tout ça....". Comme cela, ceux qui voudront y comprendre quelque chose ne pourront pas voir le détail même s'ils disposent des balances comptables plusieurs jours à l'avance...
Le budget de Verrue, notablement moins gros comme on s'en doute, a été longuement détaillé par un comptable du trésor clair et pédagogue en présence bien sûr du Maire et du Conseil Municipal.
Même les non professionnels pouvaient suivre facilement (j'ai pu noter pratiquement tous les chiffres) et bien comprendre la mécanique comptable appliquée. Je ne sais pas à quel moment les conseillers municipaux avaient reçu les balances comptables et s'ils avaient eu le temps de les étudier avant la séance, mais ce que je peux dire, c'est que la présentation du budget de la commune était limpide et n'a pas été bâclée !
Fournir une information claire est un moyen pour les élus de montrer
qu'ils n'ont rien à cacher et c'est une preuve de respect de leurs
concitoyens.
La Région Poitou-Charentes et le développement durable
Pour ceux d'entre vous qui ont accès à Internet, je conseille
vivement une visite au site de DSR, Développement Responsable et
Solidaire en Poitou-Charentes :
http://www.parole-publique.com/
"Expérimentation inscrite au contrat de plan Etat-Région pour la période 2000-2006, DRS engage dans le cadre d’un protocole d’accord, aux côtés de l’Etat et de la Région, l’Institut de formation et de recherche en éducation à l’environnement - Observatoire Régional de l'Environnement (Ifrée-ORE), l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), et quatre Pays de la région : le Sud Charente, Marennes-Oléron, le Mellois, et les Six Vallées." (Nous avons parlé ici du projet des Six Vallées : voir l'article de G. Delachaume dans le numéro 3, page 3).
Le site Internet comporte la description de ce qu'est le développement durable, principe accepté par 173 pays, dont la France :
"La clé de voûte du développement durable est la participation de l’ensemble de la population aux décisions concernant l’avenir du territoire. Au-delà de la simple motivation des habitants à s’intéresser à la vie de leur pays, l’enjeu réside dans une réelle participation à la mise en œuvre des projets du territoire."
Un tel projet exige, entre autres ;
"Existence d’instances de dialogue, d’information"
"Volonté des élus de permettre, prendre en compte, soutenir,
la participation des habitants"
Quand il est question de faire participer la population, il ne s'agit pas d'obtenir son accord sur un projet parachuté de manière autoritaire mais "de parvenir à une authentique élaboration participative des différentes actions et du projet global de territoire". Que l'on soit pour ou contre le Naturascope, il est un fait que ce projet est sorti tout armé comme Athéna de la tête de Zeus au cours de l'été 2000 sans qu'il y ait eu la moindre consultation préalable de la population.
On peut donc se demander pourquoi le projet de Naturascope ne respecte pas les principes auxquels adhèrent la Région et l'Etat et pourquoi, dans ce cas, il est pourtant soutenu par un certain nombre de responsables politiques et administratifs du Poitou-Charentes. N'y a-t-il pas là un manque de cohérence pour le moins bizarre ?
Vous allez bientôt voter pour élire votre député
qui aura un grand poids dans la définition des orientations économiques
de notre petite région. Je vous conseille vivement de demander aux
divers candidats s'ils acceptent qu'un projet de développement soit
imposé par le haut ou s'ils souscrivent aux principes du développement
durable.
Verrue Quoi fait de la politique !
Notre association fait-elle de la politique ? C'est une question qu'on nous pose souvent ces temps-ci, une question à laquelle j'ai beaucoup de mal à répondre.
En effet, qu'est ce que ça veut dire, "faire de la politique" ? Pour la grande majorité des gens, cette expression a deux sens bien précis.
Le premier se rapporte aux actions des grands partis politiques, ce qui se passe à Paris en somme. Dans ce sens-là, Verrue Quoi ne fait pas de politique parce qu'on trouve parmi ses membres aussi bien un communiste avec sa carte du parti qu'un gaulliste "historique", des UDF comme des socialistes ou des "écolos" et même des personnes qui, comme moi, s'opposent à l'idée même de parti politique.
Le deuxième sens de l'expression est plus proche de nous et se réfère aux notables locaux, à ces gens qui restent maires de leur village pendant toute leur vie, quand ils ne lèguent pas leur charge à leur fils aîné, ou aux gens qui considèrent qu'être élu conseiller municipal est un titre de gloire qui les remplit d'orgueil alors que ce devrait être une responsabilité qui les terrifie.
Là encore, Verrue Quoi ne fait pas de politique et le but de notre association n'est pas de préparer les prochaines élections municipales. Ceux parmi ses membres qui se sont présentés aux élections de l'année dernière l'ont fait en raison de circonstances exceptionnelles. Aucun de nous n'a manifesté l'intention de se représenter la prochaine fois.
Alors, Verrue Quoi ne ferait pas de politique du tout ? Pas tout à fait, parce qu'il existe un autre sens du mot, le sens originel en fait. Politique vient du grec "polis", la ville, et ce mot se rapporte donc à l'administration de la ville, qu'il s'agisse des principes généraux de cette administration ou de l'application quotidienne de ces principes.
Notre association n'a jamais caché qu'elle avait une certaine conception de la manière dont la ville, en l'occurrence notre commune de Verrue, devait être administrée. C'est le principe de démocratie directe dont il est souvent question dans ces pages. Sur le plan de l'application de ce principe, nous revendiquons le droit de nous intéresser aux affaires du village, d'exprimer nos inquiétudes et nos questions et, le cas échéant, de manifester notre désaccord avec la municipalité.
Cette action est en droite ligne avec notre concept de démocratie directe selon lequel le pouvoir appartient à chaque individu. Nous savons bien que cette idée s'oppose à la tradition établie depuis longtemps dans les communes de la région où le maire, une fois élu, fait ce qu'il veut (ou ce que veut Loudun) sans trop s'occuper de l'opinion de ses administrés.
Tradition n'est pas loi et tout citoyen a le droit, légalement et constitutionnellement, d'assister aux séances du conseil municipal, d'y prendre des notes, de poser des questions au maire oralement ou par écrit, dans un bulletin tel que Verrue Quoi par exemple, et de signifier son opposition éventuelle à telle ou telle décision. Nous entendons continuer d'exercer ce droit.
En revanche, cette participation active à la vie du village n'est
pas une opposition systématique à l'équipe en place.
Nous n'hésitons pas à applaudir ses décisions lorsqu'elles
nous paraissent heureuses et nos questions ont surtout pour but d'attirer
son attention sur de possibles dangers posés par des décisions
qui nous semblent contestables. Loin d'être une opposition systématique,
nous voulons être la voix de tous ceux qui souhaitent faire savoir
à la municipalité comment est vue son action. Nous espérons
que la municipalité est prête à écouter cette
voix dans le même esprit que celui qu'a manifesté M. Raffarin
qui, dans la déclaration faite après les résultats du
scrutin du 16 juin, a déclaré : "l'opposition sera évidemment
et naturellement respectée". Nous n'en demandons pas plus.
L'occupation des niches écologiques
L'homme est un drôle d'animal, vous en conviendrez, mais c'est quand même un animal (mammifère vertébré de la famille des hominidés, genre Homo, espèce sapiens, sous-espèce sapiens). Envisager l'homme, ses prétentions et tous les problèmes qui se posent à lui (ou qu'il se pose à lui-même) sous l'angle de la biologie a le mérite de nous donner un nouveau point de vue qui nous permet de sortir de l'ornière des discussions politicardes habituelles. Voyez la question de l'insécurité par exemple. Comme le dit Jacques Albert dans son article sur les histoires vraies de Scévolles, il est souvent question aujourd'hui de la violence et de l'insécurité. Pour certains, la solution passe par une plus grande sévérité dans la répression.
Sans prendre position ici sur ce point, Verrue Quoi n'étant pas un journal politique au sens habituel du terme, je voudrais proposer une comparaison tirée de l'écologie (1).
Dans un écosystème (2), chaque espèce occupe une "niche écologique" qui dépend du mode de nutrition de l'espèce et de ses relations avec les autres espèces de l'écosystème. Si cette espèce disparaît, sa niche, devenue libre, est automatiquement ré-occupée par une autre espèce ayant un mode de nutrition et des comportements similaires. A condition bien sûr que les conditions de milieu n'aient pas changé : si la disparition de l'espèce est due à la disparition de ses sources alimentaires, c'est sa niche écologique elle-même qui disparaît.
Pour en revenir à la question de la violence et de l'insécurité, si la répression se contente de mettre en prison le délinquant capturé par la police sans supprimer la niche écologique dont il vivait, cette niche sera immédiatement réoccupée par un autre délinquant. Seule la suppression de la niche écologique interdirait une telle réoccupation. En fait, si on supprimait toutes les niches écologiques dont vivent les délinquants, la répression deviendrait inutile puisque les délinquants, privés de niche, disparaîtraient d'eux mêmes !
Sans aller jusqu'à une telle utopie, il est bon d'observer la nature
et de nous demander si nous ne ferions pas mieux de nous occuper des niches
écologiques de la criminalité plutôt que de construire
des prisons ou de remettre à la mode les maisons de redressement d'antan.
(1) Quand je parle d'écologie, je ne parle pas du parti politique qui utilise ce nom à tort mais de la science qui s'occupe "des rapports des êtres vivants entre eux et avec le milieu qu'ils habitent".
(2) : Ecosystème : ensemble structuré, composé d'un
biotope (aire géographique bien délimitée, caractérisée
par des conditions écologiques particulières : sol, climat,
etc.) et d'une biocénose (ensemble des êtres vivants qui occupent
le même biotope).
L'élection du Conseil des Jeunes
Comme il a été annoncé le 13 juin lors du conseil municipal, un Conseil Intercommunal des Jeunes est en train d'être mis en place au niveau du regroupement pédagogique de Monts sur Guesnes. Il se compose de 15 jeunes élus dans les communes de Berthegon, Dercé, Guesnes, Monts sur Guesnes, Princay, Saires et Verrue.
Le conseil a pour mission d'écouter les idées et les avis des jeunes, de faire des propositions pour contribuer au développement local du territoire, de mettre en place, seul ou en partenariat avec des associations, des activités sportives, culturelles et de loisirs destinées à tous les jeunes et de consulter les jeunes sur des projets des municipalités.
Comme on le voit, la mission de ce conseil des jeunes est tout à fait dans la ligne de la démocratie participative (voir l'article sur la gouvernance dans ce numéro), premier pas sur la route de la démocratie directe chère à notre association. Il faut donc féliciter le conseil municipal de Verrue et les autorités cantonales de cette initiative.
L'élection des représentants des jeunes a eu lieu très vite, dès le 23 juin. Un Verrucois, Guillaume Arnould, est parmi les 15 élus (un autre jeune de notre commune, Christophe Maury, a depuis déménagé). J'ai voulu mieux le connaître et savoir quelles étaient ses intentions au sein du Conseil des Jeunes. Malheureusement, Guillaume Arnould et ses parents ont refusé de me recevoir.
Les questions que j'aurais aimé lui poser étaient pourtant bien anodines : qui il est, comment s'est passée cette élection et que pense-t-il du faible taux de participation (40 %), quels sont ses projets, comment voit-il son rôle au sein du conseil et comment compte-t-il faire profiter de son expérience les autres jeunes de la commune. (Une question d'actualité pourrait-être celle de la "rave party" qui vient d'avoir lieu à Verrue : que pense-t-il de ce qui s'est passé, que veulent les jeunes et comment concilier leurs désirs avec le souhait de calme bien compréhensible des Verrucois adultes ?). Les colonnes de ce bulletin lui restent ouvertes si lui-même et ses parents changent d'avis. Sinon, espérons qu'il choisira un autre moyen (la lettre d'information de la mairie par exemple) pour communiquer avec les tous les Verrucois, jeunes et vieux, qui s'intéressent à ce que font et ce que souhaitent les jeunes.
J'explique ailleurs dans ce bulletin ce qu'est la gouvernance. Son principal
aspect consiste à faire participer toutes les parties qui s'intéressent
à une question donnée. Pour ce faire, et maintenant je ne
m'adresse plus au jeune Guillaume mais aux élus qui ont lancé
l'idée du conseil des jeunes, il ne suffit pas de créer un
"Conseil des jeunes", il faut que cet organe de gouvernance applique réellement
les principes de la gouvernance, c'est-à-dire qu'il s'ouvre à
toutes les parties intéressées. Ces parties intéressées
sont les jeunes eux-mêmes, bien sûr, mais aussi leurs parents
et toutes les personnes et associations qui manifestent un intérêt
quelconque pour la question, même si elles ne sont pas dans les petits
papiers de la mairie. J'ai manifesté un intérêt pour
ce Conseil des jeunes, je suis donc une partie intéressée.
Alors, la gouvernance, ça vient ?
Gouvernance, le nouveau mot à la mode
Depuis que M. Raffarin l'a employé, le terme "gouvernance" est sur toutes les lèvres, mais savez-vous vraiment ce que c'est ? Si vous faites une recherche sur Internet, vous trouverez diverses définitions qui, toutes, expliquent que la gouvernance est une nouvelle façon de gouverner qui consiste à faire du citoyen un acteur important du développement de son territoire. Alors que dans la méthode de gouverner traditionnelle, le gouvernement, les décisions viennent du haut et sont subies par les citoyens ordinaires qui n'ont pas voix au chapitre, la gouvernance reconnaît l'importance de la participation de toutes les parties intéressées, que ce soit à l'étape de formulation de la politique ou à celle de sa mise en œuvre.
Par exemple, dans l'agglomération de Lyon, le "conseil de développement
du Grand Lyon" constitué en février 2001 comprend cinq groupes
de travail composés des personnes suivantes (cf. www.millenaire3.com)
:
· 32 membres représentant les principaux acteurs sociaux
· 12 membres désignés comme experts par le président
du Grand Lyon
· 500 membres volontaires qui peuvent être des citoyens ou
les représentants d'organisations
On voit bien par ces chiffres l'importance accordée par la gouvernance à la participation des citoyens. Puisque notre nouveau Premier ministre a mis ce mot à la mode, on peut s'attendre à ce que ces principes soient appliqués partout en France et en particulier par les gens du même bord que M. Raffarin et ce à tous les niveaux, y compris le niveau communal.
C'était d'ailleurs bien ce qui était prévu après
les élections de l'an dernier, puisque le conseil municipal de Verrue
avait annoncé, dès septembre 2001, qu'il préparait
une réunion publique destinée à informer les habitants
de la commune de ses objectifs et "à connaître vos attentes
et vos désirs afin de les étudier attentivement". C'est tout
à fait dans la ligne de la gouvernance prônée par M.
Raffarin et, si ce n'est pas encore la démocratie directe souhaitée
par notre association, c'est en tous cas de la démocratie participative.
En ce sens, Verrue Quoi ne peut que féliciter la mairie de ce pas
dans la bonne direction, à condition que les déclarations d'intention
se traduisent par des actes, ce qui n'est pas toujours le cas pour le moment
(voir notre courrier des lecteurs). Maintenant que M. Raffarin lui-même
fait de la pub pour la gouvernance, espérons que le conseil municipal
ne nous fera plus attendre bien longtemps cette fameuse réunion.
Ce n'est pas parce que c'est écrit
que c'est vrai !
Geneviève Delachaume
De nos jours, on peut compléter en disant "ce n'est pas parce qu'on vous le montre que c'est vrai".
Le 16 octobre 2002, ma fille me téléphone, outrée, me disant à chaud qu'elle venait de voir sur Arte un documentaire prouvant à l'aide d'images d'archives et de témoignages que le soi-disant débarquement des Américains sur la lune le 21 juillet 1969 était un coup monté, fabriqué de toute pièce en studio par Stanley Kubrick.
Il s'agissait en fait d'une émission réalisée par William Karel qui voulait prouver combien il est facile en mêlant le vrai et le faux, de désinformer, de manipuler les esprits et de "prouver" n'importe quoi par l'image et le son. Ma fille avait pris le document en route et éteint le poste pour m'appeler juste après la dernière image ; elle n'avait donc pas vu l'introduction ni la conclusion de l'émission qui rétablissaient la vérité. Elle n'a d'ailleurs pas été la seule à se faire piéger puisque certaines personnes d'Arte, au moment où elles ont vu ce film pour la première fois, ont cru que leur chaîne avait déniché le scoop de l'année !
Si le premier garant de la démocratie est la liberté de la presse, le second est bien notre propre esprit critique. Cultivons-le !
Les différends entre Loudun et la CCPL
Geneviève Delachaume
Sous le titre "Loudun-CCPL : le torchon brûle", la Nouvelle République du 20/12/02 a fait état des revendications présentées à la CCPL par M. Touret, maire de Loudun. Outre des problèmes techniques liés à la collecte et la répartition des taxes et dotations de fonctionnement, M. Touret s'étonne que Loudun, 8111 habitants, ne bénéficie que de trois représentants alors que par le jeu des communes associées, le conseil municipal de La Grimaudière, 412 habitants, compte six représentants et celui de Moncontour, avec 996 habitants, en a huit.
Le maire de Loudun a donc "demandé au conseil (municipal) de se prononcer sur ces points : une représentativité plus juste (de Loudun) au sein de la CCPL, 30 % des voix avec une minorité de blocage sur tous les dossiers intéressant directement Loudun, la prise en charge d'équipements d'intérêt communautaire, un refus de la taxe professionnelle unique dans la situation actuelle, une meilleure information et une transparence financière." Ces propositions ont été acceptées par tout le conseil municipal de Loudun, y compris les élus de la liste de Mme Poisson et ceux de la Gauche plurielle, à l'exception de M. Lantier qui s'est abstenu en évoquant le "soviet suprême de la CCPL" tandis que M. Claude Salmon (élu sur la liste de Mme Poisson) posait à propos du budget la question : "Ne pourrait-on pas saisir la cour des comptes ?"
Il y a très longtemps, pour notre part, que nous vous exprimons nos craintes concernant la gestion de la CCPL et les éventuelles retombées financières à venir pour les habitants de la communauté de communes. Nos craintes s'étaient trouvées renforcées par le rapport de l'ancien sous-préfet Chassagnard, intervenu brièvement comme consultant auprès de la communauté de communes, puis "remercié" par cette dernière. Le fait que maintenant la ville principale de la communauté, par l'intermédiaire de son maire exprime son désaccord et son inquiétude devrait inciter, me semble-t-il, les habitants mais surtout les élus de nos communes à s'intéresser de plus près à des problèmes dont ils devront un jour rendre compte à leurs propres administrés.
Réponse de M. Belin dans la NR du 21/12/02 : "Trois maîtres
mots caractérisent mon action : clarté, maîtrise, rigueur".Nous
aurions préféré une réponse circonstanciée
et précise, point par point, aux critiques formulées par M.
Touret.